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Les Arabes face aux priorités de Bush
Publié dans La Gazette du Maroc le 07 - 02 - 2005


Discours de George W. Bush
Dans son 4ème discours annuel sur la double situation, interne et externe, George Bush a été moins agressif que d'habitude. S'il n'a utilisé le mot "ennemi" qu'une seule fois pour désigner Al-Qaïda, il a, par contre, adressé des messages assez clairs aux régimes arabes.. Alors que les uns, tels que l'Egypte et l'Arabie Saoudite, les ont considérés comme étant des signes d'encouragement, les autres comme la Syrie les ont perçus comme une menace. En tout état de cause, cette allocution fixe les objectifs de son 2ème mandat.
Au Caire, les opposants du président Hosni Moubarak aussi bien les traditionnels que ceux de la société civile comme le nouveau mouvement "Kifaya" (ça suffit), s'accordent à dire que le président américain a implicitement critiqué le régime égyptien. Ce, même si l'entourage du chef de l'Etat lui fait croire que la revendication du patron de la Maison Blanche concernant les réformes démocratiques est faite pour la consommation locale. Ces opposants estiment que Washington est déterminée à ouvrir tous les dossiers des régimes non démocratiques du Moyen-Orient; plus particulièrement, après avoir avancé sur le volet du conflit israélo-palestinien. Dans une discussion entre le ministre jordanien des Affaires étrangères, Hani Al-Molki et le nouveau secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, à la veille de sa tournée dans la région, le premier a indiqué à la Gazette du Maroc que l'administration Bush II n'a pas l'intention de donner beaucoup de temps aux pays amis pour appliquer les réformes souhaitées. Pis, il a laissé entendre que Washington n'hésitera pas à bousculer le cours des choses. En d'autres termes, encourager les réformistes et les ONG de la société civile à se mobiliser pour contraindre les régimes en place à céder sur l'ouverture démocratique. Pour ce qui est du cas syrien , Al-Molki a souligné que malgré les réactions négatives des médias locaux envers les critiques de Bush, Damas a d'ores et déjà commencé le virage demandé. Les élections prévues en mai prochain au Liban, et l'application des termes de l'accord de Taëf impliquant le retrait de ses troupes du pays du Cèdre, seront sans doute le test attendu.
A Riyad, le pouvoir tente de consolider le partenariat dans la guerre contre le terrorisme pour prouver aux Américains qu'il répond à un de leurs besoins les plus importants. C'est dans ce cadre qu'il a inauguré, samedi dernier, le Congrès international sous ce thème. Le pouvoir en place a déjà anticipé en annonçant plusieurs mesures qui pourraient déboucher dans le moyen terme sur des réformes politiques. Ces dernières seront mises en place au fur et à mesure tout en prenant en considération les caractéristiques du pays et de la société, a déclaré, Turki al-Fayçal, actuel ambassadeur d'Arabie Saoudite à Londres. Néanmoins, certains opposants politiques modérés estiment que George Bush n'ira pas jusqu'à coïncer le régime en exerçant sur lui de véritables pressions risquant de le déstabiliser. Ce qui ne fait pas partie des objectifs de l'administration américaine, même si quelques uns des néo-conservateurs incitent le président Bush à aller jusqu'au bout ; notamment après la "victoire" réalisée lors des élections irakiennes.
Les dés sont jetés
Si George Bush a tenu à préciser dans son discours que les Etats-Unis n'ont ni le souhait ni l'intention d'imposer leur modèle démocratique aux autres Etats, il a cependant bien agi dans ce sens. Pour faire comprendre aux responsables arabes qu'ils doivent s'adapter à cette donne , Bush a pris comme exemple concret, le choix des Palestiniens à élire leur chef. Nous assistons à d'importants évènements dans l'histoire de la liberté, dit-il ; et de cibler: "nous allons rajouter beaucoup plus de cette liberté dans les années à venir". Ce que l'intellectuel égyptien pro-américain, Saâdeddine Ibrahim, a défini comme une mise en garde camouflée, certes pour le moment, aux régimes arabes qui comptent résister aux changements qui se profilent à l'horizon.
Par ailleurs, le satisfecit accordé au Maroc, à la Jordanie et au Bahrein, a suscité des interrogations chez les autres pays arabes amis des Etats-Unis. En fait, le président américain a exclu ceux du Golfe qui ont fortement participé à la guerre contre l'Irak et servi de bases arrières aux armées de la coalition. Au Qatar comme au Koweït, la stupéfaction a été de mise. Pourtant, Doha a fait ces deux dernières années des pas considérables en matière de réformes politiques et des droits de la femme.
En bref, les messages de George Bush ont laissé perplexes plus d'un chef d'Etat de la région du Moyen-Orient. Chacun d'entre eux a commencé à réfléchir sérieusement sur la voie à entreprendre pour répondre positivement aux souhaits du président américain. Ils savent parfaitement que les dés sont désormais jetés. Et que les réformes et l'ouverture ne seront plus jamais reportées. D'autant que la tactique basée sur le gain du temps et la mise sur les échéances- comme cela a été le cas l'année dernière avec les élections américaines- ne pourra plus fonctionner. Dans ce contexte, le président Moubarak n'a pas tardé à réagir. Il a accéléré ses contacts visant à tenir, mardi 8 février, à Charm al-Cheikh, un sommet regroupant Palestiniens, Israéliens et Jordaniens. En effet, l'Egypte a reçu un soutien de la part de l'administration américaine à travers un appel téléphonique de Rice au ministre des Affaires étrangères, Ahmed Abou al-Ghaïth. Cette dernière a fait savoir à son interlocuteur que son adjoint, William Burns, arrivera au Caire dans les prochaines heures pour la coordination. De plus, Washington attendra le ministre égyptien et le directeur des Moukhabarates militaires, le général, Omar Soleiman, du 14 au 19 février courant. On apprend de source proche d'Oussama al-Baz, conseiller politique du raïs égyptien, que ces deux personnalités vont discuter dans la capitale américaine des modalités des réformes politiques que le Caire devra entreprendre d'ici la date des prochaines élections prévues au mois d'octobre 2005. Si les Américains ne se sont pas jusqu'ici prononcés sur la candidature du président égyptien sortant, leurs diplomates en place dans la région font comprendre à leurs interlocuteurs qu'il serait préférable de changer la Constitution. C'est à dire, qu'il serait plus sage que Moubarak choisit de se retirer et sortir par la grande porte d'en haut. Ces doutes poussent ce dernier, à l'heure actuelle, à prouver qu'il est incontournable lorsqu ‘il s'agit de relancer le processus de paix dans la région ; et de réunir autour de la même table, Palestiniens et Israéliens. Pis, le raïs veut également montrer qu'il est le seul capable d'organiser un round de dialogue entre les différentes composantes palestiniennes. A cet égard, le président du bureau politique du mouvement Hamas, Khaled Machaâl, a indiqué à La Gazette du Maroc, samedi dernier, que le Caire abritera à la fin de ce mois un sommet palestinien qui devra définir un programme politique commun. Une victoire pour Moubarak qui l'investira sans doute auprès de l'administration Bush.
Craintes masquées
Cette fois, les régimes arabes, toutes tendances confondues, ont trouvé de grandes difficultés pour décrypter les messages de George Bush à leur égard. Son discours diplomatique et souple n'a pas dissipé les craintes d'une offensive politique accompagnée de pressions sans précédent, au cas où les concernés ou les visés ne s‘exécutent pas aux ordres. Interrogé sur les perspectives, l'ancien premier ministre libanais, Salim al-Hoss, a estimé que tout dépendra des issues des négociations israélo-palestiniennes. S'il y aura un développement positif dans ce sens, le président américain aura les mains libres pour imposer ses lois sur le reste de la région. Mais tout dépendra aussi de la résistance irakienne et de celles de l'Iran et de la Syrie. Toutes les deux sont déjà dans la ligne de mire, même si Condoleezza Rice affirme qu'elle préfère toujours recourir à la diplomatie interposée. Les responsables arabes n'arrivent plus à cacher leurs doutes quant à d'éventuels changements de comportement de la part de Washington à l'égard de leurs régimes. Ils s'abstiennent à toute aventure d'ouverture politique mal dosée qui finira par créer l'instabilité voire l'anarchie qui imposera alors une ingérence extérieure. Ces responsables voient de mauvais œil le rôle joué par les Etats-Unis et les Européens en Ukraine et en Géorgie. Ils ont même la quasi certitude que les accords d'amitié ou de défense signés avec certains pays européens ne fonctionneront pas comme prévu au cas où des émeutes provenant de la société civile se déclencheraient.
De leur côté, les Syriens font comme s'ils étaient confrontés demain à un bras de fer avec Washington et ses alliés européens, la France en tête. Ils coordonnent en profondeur leurs positions avec Téhéran. Ils ne prennent pas au sérieux la renonciation de George Bush à l'utilisation du terme de l'"axe du mal", englobant l'Iran, la Corée du Nord et l'ex-régime irakien. Damas s'est longtemps attardée sur la phrase qui a été consacrée par le chef de la Maison Blanche. Ce dernier a appelé le gouvernement syrien à "ouvrir la porte de la liberté et arrêter de soutenir le terrorisme à travers les organisations basées au Liban".
Jusqu'ici, aucun régime arabe ne peut être sûr des intentions de l'administration Bush II. Les amis républicains aussi bien au Congrès qu'au Parlement ne sont pas capables,comme au bon vieux temps, de leur communiquer les informations ni leur donner les tendances. L'équipe aux commandes suit le style des "sectes", disait la semaine dernière un sénateur républicain ami des Saoudiens à l'ambassadeur Bandar ben Sultan. Ce dernier affirme que malgré les soi-disant pressions sur le royaume pour appliquer sans tarder les réformes politiques, les Etats-Unis sont conscients que ce processus ne pourra se concrétiser que par étapes; et dans une conjoncture régionale assez stable. Bandar pense que l'Iran et l'éventuelle influence des religieux chiites en Irak après les dernières élections restent les priorités de l'administration américaine. Et que toutes autres spéculations de la part des "réformistes à la mode" demeurent loin des préoccupations américaines à l'heure actuelle.
Quoi qu'il en soit, Washington veut transformer les prochaines élections au Liban en une deuxième victoire après celle de l'Irak. En dépit des apparences, Bush ne coupe pas avec le régime syrien. Il veut garder avec elle le "cheveu de Mouaâouia". Il veut montrer au monde entier, et plus particulièrement aux Européens que ses pressions sur Damas ont abouti. Et que cette dernière a accepté de jouer le jeu en facilitant l'organisation d'élections démocratiques et transparentes. En attendant, les Etats-Unis rappelleront à chaque occasion leurs souhaits pour l'introduction des réformes démocratiques. Ils inciteront quelques Etats, notamment ceux considérés comme ayant réalisé des avancées en la matière, d'organiser des forums et des colloques.


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