Les autorités libyennes ont emprisonné pour 18 mois l'auteur d'un blog sur Internet qui critiquait le gouvernement, a annoncé vendredi l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch. Abdel Raziq al-Mansouri, 52 ans, a été condamné le 19 octobre pour possession illégale d'arme à feu par un tribunal de Tripoli. Une accusation qui est une "ruse", selon Sarah Leah Whitson, directrice pour le Proche Orient de Human Rights Watch: "Les autorités s'en sont prises à lui parce qu'elles n'aimaient pas ce qu'il écrivait". Al-Mansouri a été arrêté chez lui à Tobrouk en janvier, après avoir publié une cinquantaine d'articles critiques sur la société et le gouvernement libyens, dénonçant les violations des droits de l'homme et réclamant la liberté d'expression sur un site dissident basé en Grande Bretagne. Human Rights Watch, qui a rendu visite au cyberdissident dans la prison d'Abou Selim à Tripoli en mai, ajoute que sa famille a rendu la sentence publique dans une lettre adressée fin octobre au gouvernement, à la presse et aux organisations de défense des droits de l'homme. Dans cette missive, les proches d'Al-Mansouri, dénonçant sa condamnation, expliquent que les autorités leur ont en outre demandé de dénoncer le cyberdissident comme étant mentalement dérangé. "Une telle critique ouverte est rare en Libye", ajoute Human Rights Watch, qui précise qu'après l'avoir arrêté, les membres de la sécurité libyenne ont fouillé le domicile d'Al-Mansouri et ont "trouvé un vieux pistolet qui appartenait à son père". L'Agence pour la sécurité intérieure a démenti qu'Al-Mansouri ait été arrêté pour ses prises de position sur Internet, ajoute le groupe. Vendredi, le site Web en question publiait de nombreux messages de soutien à Al-Mansouri, provenant de Libyens en exil et d'organisations de défense des droits de l'homme. "Avec son courage et ses paroles de vérité, Abdel Raziq a réussi à briser la barrière de la peur. Il a déménagé de la grande prison -la Libye- vers une plus petite", écrit l'un de ces exilés.