Dans son discours d'ouverture des travaux de la 6ème édition de la conférence internationale sur les zones industrielles durables, la ministre de l'Environnement a invité le Collectif national des zones industrielles à aller vers les coalitions mondiales pour lever des fonds. Décryptage... Après Mexico, c'était au tour de Rabat d'accueillir la 6ème édition de la Conférence internationale sur les zones industrielles durables. Mardi dernier, les travaux ont été lancés en grande pompe par Hakima El Haité, ministre déléguée auprès du ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement chargée de l'Environnement, en présence des partenaires de ce département (le ministère de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, l'Agence de coopération technique allemande (GIZ), le Collectif des Zones industrielles pour l'environnement (COZINE) et l'Agence MCA-Morocco), en plus de représentants de départements ministériels, d'organismes publics, du secteur privé, d'organisations internationales, de bailleurs de fonds, et d'experts de plus de 15 pays en provenance des cinq continents. Des chiffres éloquents: la ministre a déclaré qu' «au moment où les rejets industriels causent 4.000 pertes de vies humaines chaque jour en Chine, nous avons aujourd'hui au Maroc plusieurs exemples d'unités industrielles qui ont brillamment atteint l'objectif de 0 émission et 0 rejet». Networking Les participants étrangers à la conférence ont eu l'occasion la veille, c'est-à-dire lundi 13 mars, de visiter la zone industrielle d'Oulad Saleh à Casablanca qui en témoigne. Selon la ministre, «il faut aller au-delà de cet objectif, notamment en fonctionnant suivant la logique d'intégration harmonieuse de la Zone industrielle dans son environnement. Dans ce cadre, le transport, la technologie numérique, le social... rien ne doit être laissé au hasard». En souhaitant que les réflexions menées par les experts intègrent cette dimension, El Haité a également invité le COZINE (le Collectif national des zones industrielles), qui compte actuellement 40 zones industrielles membres sur près de 600 répertoriées sur tout le territoire national, à oeuvrer pour rejoindre les coalitions mondiales. «Je vous invite à rejoindre les coalitions mondiales pour vous donner les moyens de relever vos défis liés aux impératifs du développement durable», a-t-elle indiqué. Et d'ajouter que «l'industrie représente 50% des émissions de gaz à effet de serre, et dans le cadre des initiatives lancées par la communauté internationale pour aider le secteur privé à réussir sa transition vers l'économie verte, elle ne peut pas être ignorée». Sur plus d'un front... Dans les rangs des décideurs des zones industrielles, justement, l'on semble être bien conscients de ces enjeux. Depuis son accession à la présidence du COZINE, Mounir Benyahya multiplie les actions pour dynamiser sa coalition. En 2016, le Collectif a participé, à Mexico, à la 5ème Conférence internationale sur les zones industrielles durables. Et lors de la COP22, il a signé une convention de partenariat stratégique avec le ministère de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique par laquelle il s'engage à limiter ses émissions de gaz à effet de serre et ses rejets. La grand messe du climat lui a offert l'occasion de présenter certaines de ses expériences pilotes, qu'il a réalisées avec ses partenaires que sont la GIZ (Coopération Technique Allemande ) et le MCA-Morocco (Millénium Challenge Account), et qu'il n'avait eu aucun mal à labelliser COP22. En effet, dans le cadre de son Compact 2, le MCA Morocco accorde une importante place à la durabilité en général et à la lutte contre les rejets et les émissions de gaz à effets de serre dans l'industrie, en particulier. D'ailleurs, pour mener à bien sa mission à ce propos, l'Agence a créé un fonds dédié, en l'occurrence le Fonds des Zones Industrielles durables, grâce auquel elle a financé trois zones industrielles pilotes. Quant à la coopération entre le COZINE et le GIZ, elle est très vieille puisqu'elle remonte à l'année de naissance de la Coalition en 2011. Depuis, que de chemin parcouru ensemble, que de défis relevés également ensemble jusqu'à la création des zones industrielles de Bouskoura et d'Oulad Saleh qui font aujourd'hui la fierté de tous en matière de construction de zones industrielles respectueuses des principes du développement durable. D'ailleurs, lors de la conférence de mardi dernier, le COZINE et la GIZ ont présenté un guide élaboré conjointement par les entités. Il s'agit du guide méthodologique pour l'adaptation au changement climatique des zones industrielles. Créé à l'usage des structures de gestion et acteurs des zones industrielles, ce guide vise à renforcer la résilience du secteur privé et des Petites et moyennes entreprises (PME) face aux risques climatiques. Il s'agit d'un instrument d'appui destiné aux principaux acteurs intervenant au niveau de la gestion d'une zone industrielle, notamment les structures de gestion des zones industrielles, les autorités publiques et locales, les associations d'industriels, les aménageurs et développeurs publics et privés et la société civile. Le guide vise en premier lieu les acteurs des zones industrielles établies, qui ont un rôle clé à jouer pour sensibiliser et accompagner les PME sur la gestion des risques et opportunités climatiques. Il a pour principal objectif d'appuyer une meilleure intégration du risque climatique dans la gestion des zones industrielles. A cet effet, il s'est fixé comme objectifs de fournir une introduction sur l'Adaptation au changement climatique (ACC) dans le contexte des ZI, mais aussi une approche et des outils d'évaluation sur la gestion du risque et des opportunités climatiques pour une ZI ainsi que des recommandations sur les principales étapes pour entamer un processus d'ACC pour une ZI existante. Il expose les enjeux de l'adaptation pour les zones industrielles ainsi que les différentes étapes d'évolution qu'une zone industrielle doit suivre dans ce cadre. Il intègre aussi une analyse SWIFT, sans oublier deux importants volets consacrés à la mise en œuvre de l'adaptation et à des recommandations. Toute une feuille de route ! Comme recommandations, le guide élaboré par le COZINE et la GIZ suggère, par exemple, de promouvoir l'adaptation des PME à travers une approche axée sur les zones industrielles. Pour une adaptation durable du secteur privé, les zones industrielles représentent un espace idéal pour organiser l'accompagnement des entreprises dans ce processus. Il s'agit de renforcer à la fois la résilience des espaces industriels, des services et infrastructures communes ainsi que celle des entreprises en interne. Pour assurer leur survie sur le long terme et rester compétitives, les entreprises doivent désormais intégrer le risque climat dans leur stratégie et leur management et mettre en place des mesures pour réduire ces risques. Toutefois, elles ne peuvent pas agir seules. Elles ont besoin d'un environnement et d'infrastructures externes sûres et résistantes aux fortes pluies, chaleurs etc. Dans cette perspective, il est nécessaire que les zones industrielles engagent des actions d'adaptation au même titre que les entreprises. Par ailleurs, de par leur effet multiplicateur auprès des entreprises et des synergies inter-entreprises qu'elles offrent, elles peuvent jouer un rôle central pour accompagner les entreprises dans le développement de stratégies d'adaptation. Autant dire donc que le Maroc n'accueille pas cette 6ème édition de la conférence internationale sur les zones industrielles durables pour rien. Ses professionnels ont eu d'intéressantes expériences à partager avec les participants venus des quatre coins du monde, notamment lors des quatre panels autour des zones industrielles face aux changements climatiques et des réunions des quatre groupes de travail pour l'approfondissement des débats autour de certains aspects spécifiques à la thématique de cette 6e conférence.