La CGEM jette un pavé dans la mare de la fiscalité marocaine. Son étude de perception confirme ce que nous écrivions ici-même, il y a quelques semaines sur la problématique de l'équité fiscale et le sentiment d'injustice. Les conclusions dudit rapport confirment l'iniquité et pointent du doigt les grands exploitants agricoles et les grandes entreprises qui bénéficient des avantages fiscaux, quand la PME est pleinement taxée. Ce rapport, qui s'est focalisé sur l'entreprise, pourrait être étayé par d'autres cas d'évasion fiscale dans des secteurs «de niche» mais très porteurs. Ainsi, l'art et le sport sont exonérés de fait, au Maroc. Toute la presse évoque les sommes faramineuses de transferts de joueurs sans que cela suscite le moindre intérêt auprès du fisc. Aujourd'hui, vous avez des contrats de joueurs à plus de trois millions de dirhams par an, qui sont signés, légalisés et déposés auprès de la Fédération royale marocaine de football. Aucune déclaration fiscale n'est faite, ce n'est un secret pour personne. Dans le monde artistique, des chanteurs gagnent des millions auprès des GAFA sans qu'ils déboursent le moindre dirham en contribution fiscale ! Il y a quelques jours, une chanteuse marocaine, connue, postait fièrement sur son compte Instagram son cachet qui atteint des pics de 700.000 dirhams l'heure. Une déclaration qui a toute la force juridique pour actionner l'appareil fiscal, par ailleurs habilité à intervenir juste par l'effet des signes extérieurs de richesse. Quid, alors, d'une déclaration en bonne et due forme ? Comment voulez-vous que des personnes touchant à peine 50.000 dirhams ou même 100.000 dirhams se voient taxées à la source, alors que des millionnaires entassent leur fortune sans en être inquiétés ? L'équité fiscale commence par cela : démonter l'évasion fiscale quasi-déclarée avant de s'attaquer aux fausses déclarations et autres formes de fraudes fiscales.