La dernière sortie du ministre de l'Habitat et de l'urbanisme, concernant le logement social et moyen standing, interpelle en premier lieu le gouvernement. Abdelahad Fassi Fihri met toute la responsabilité sur le dos des professionnels et exhorte Al Omrane à redoubler d'efforts. De facto, le ministre de tutelle se trompe d'attributions, car Al Omrane est surtout un aménageur, une mission sur laquelle il se concentre de plus en plus après des réalisations en tant que promoteur pour des raisons plus politiques qu'économiques, exigées par des circonstances particulières. S'agissant des professionnels du secteur, ils nous ont confirmé, sous couvert d'anonymat, qu'aucune offre sérieuse ne leur a été présentée par le gouvernement, ni pour le segment social à 140.000 DH, ni pour le moyen standing à partir de 450.000 DH. Ainsi, et de l'aveu même du ministre, les habitants des bidonvilles -qui poussent comme des champignons- n'auront pas accès au recasement espéré, ce qui met toute la stratégie nationale des Villes sans bidonvilles en danger. On rappelle que sous les mandats de Hjira et de Benabdallah, ce chantier avançait bien avant que l'on sorte cette idée de logement à 140.000 DH, qui n'a vu le jour que pour un nombre insignifiant d'unités au vu du besoin recensé. Le ministère prône un dialogue national pour surmonter les difficultés et sortir une loi-cadre qui définisse les objectifs à atteindre durant les 25 prochaines années. Pourquoi attendre 2019 pour lancer ce dialogue alors que l'on ressasse cette problématique depuis 2008 ? De plus, qui nous dit qu'après le départ de Fassi Fihri en 2021, on maintiendra ce dispositif qui peine à prendre forme ? La seule issue possible, c'est que ce chantier soit inscrit parmi les priorités du chef de gouvernement car le ministère de tutelle, à lui seul, a montré ses limites et devrait être soutenu par une action d'envergure étatique. Sinon, nous perdrons encore un énième mandat.