Les banques sont au centre des discussions de salons et dans l'espace public. Pourquoi gagnent-elles autant d'argent ? Et comment doivent-elles sauver les PME ? Recadrons ce débat. La vocation des banques, notamment privées, est de faire du business et de satisfaire les investisseurs, les actionnaires. Il n'a jamais été dit qu'elles devaient jouer le rôle de mécène. En revanche, elles sont tenues d'accomplir leur rôle d'entreprises citoyennes : payer leurs impôts, en réinvestir ne serait-ce qu'une part et proposer une tarification en cohérence avec le marché. Sur ce plan, on peut débattre sans populisme ni complaisance. Certes, les banques payent l'impôt le plus élevé au Maroc (39%) mais elles dopent en revanche leur produit net bancaire par le biais de services chèrement payés comparativement aux pays qui nous ressemblent. Et en plus, elles jouent sur les dates de valeur. Une aberration que seul le CIH a pu faire sauter à juste titre. S'agissant du financement de l'économie, force est de constater que les banques jouent, malgré elles, le rôle de trésorier des PME afin de garder ces dernières en vie. En effet, dans un pays où les délais de paiement dépassent six mois -et dans certains cas un an- les PME sont vouées à la disparition si ce n'était une certaine souplesse des banques. Et justement, en ce qui concerne les PME puisque l'on parle beaucoup d'elles ces jours-ci, il ne faut pas croire que les banques ne font rien et que ce n'est que maintenant qu'elles vont s'activer. Il n'y a qu'à voir le catalogue des lignes de financement proposées et les budgets alloués pour se rendre compte que le soutien existe bel et bien. Sur ce registre, il faut demander à la Banque centrale d'alléger les ratios de risque et de solvabilité afin de permettre aux banques de «tendre davantage leurs mains». Jouahri doit prendre ses responsabilités et s'inscrire dans la volonté politique qui prône l'encouragement de l'initiative privée et la création d'emplois. Ce n'est qu'ensemble qu'on pourra relever ce défi.