La lutte contre le sida est toujours «dans l'urgence» et cherche tous azimuts les moyens d'assurer les financements du Fonds mondial pour le sida pour les années à venir, a assuré vendredi son directeur Michel Kazatchkine.Le Fonds doit lever entre 13 et 20 milliards de dollars cette année pour la période 2011-2013 auprès de donateurs publics et privés. Au premier chef, le directeur du Fonds mondial continue à sillonner la planète pour convaincre les Etats d'augmenter leur aide financière pour une maladie qui coûte davantage chaque année. Ils devraient annoncer le 5 octobre à New York les montants qu'ils décident d'y consacrer. En parallèle, le Fonds se tourne vers les «nouvelles économies». «Dans un monde qui se globalise, dans un monde où des pays comme la Chine entrent et veulent entrer dans la gouvernance mondiale, au moment où le G8 tourne au G20, il est bon que ces pays partagent une partie du fardeau», explique-t-il. Il a également plaidé auprès de la Chine «pour qu'ils changent leur statut de récipiendiaire en statut de donateur» précisant toutefois que les autorités du pays ont promis d'y réfléchir. Le Pr Kazatchkine regarde aussi vers les «financements innovants» : «il n'est pas impossible que dans un contexte européen on puisse avoir une taxe sur les transactions de l'euro, puisque c'est faisable par zone de devise». Mais, dit-il, «j'entends aussi que certains ministres des Finances souhaitent que cette taxe serve de taxe-tampon aux futures crises bancaires plutôt qu'elle ne serve à l'aide au développement». Et pourtant, «on est encore dans l'urgence», dit-il. «Les nouvelles directives de l'OMS disent qu'il faut traiter à 350 CD4/mm3 de sang», quand le niveau de l'immunité n'est pas descendu trop bas, rappelle-t-il. «Mais en pratique les malades arrivent en moyenne à 120 CD4». Et il faudra toujours «mettre en priorité ceux qui doivent être traités les premiers». Campagne touts azimuts auprès des pays donateurs Le risque, a t-il prévenu, «c'est que si on n'a pas assez de fonds pour continuer à inclure de nouveaux malades, ceux qui arriveront dans les cliniques, on va leur dire : désolés, inscrivez votre nom sur la liste et on vous appellera le jour où on aura des médicaments, et le jour où on les appellera, ils seront morts». Le Pr Kazatchkine a d'ailleurs prévu de se rendre cette semaine à Kampala au sommet de l'Union africaine, puis en Inde, «pour parler avec les Indiens comme je le fais avec les Chinois». Le FMI annule la dette restante de Haïti Le Fonds monétaire international a annoncé au cours de la semaine dernière, avoir annulé l'intégralité des sommes qu'Haïti lui doit et avoir accordé à ce pays une nouvelle facilité de caisse pour soutenir sa croissance et l'aider à se reconstruire. Le conseil d'administration du FMI a accordé une annulation de dette totale à Haïti, ce qui correspond à une remise de dette de 268 millions de dollars, indique l'organisation multinationale dans un communiqué. Dans le même temps, l'instance de décision du Fonds a accordé une nouvelle facilité de crédit au pays, frappé en janvier par un terrible séisme. Cette facilité étendue de crédit (FEC), aide accordée à des pays connaissant des difficultés prolongées de balance des paiements, doit permettre à Haïti de bénéficier d'une facilité de caisse d'une durée de trois ans. L'argent, qui sera débloqué par tranches successives, permettra à Port-au-Prince de tirer à terme jusqu'à 60 millions de dollars auprès du Fonds, indique le FMI. Le directeur général du Fonds, Dominique Strauss-Kahn, a appelé les nations ayant promis d'aider Haïti de «à tenir promesse rapidement afin que la reconstruction puisse s'accélérer, et que la qualité de vie des Haïtiens s'améliore en même temps que s'apaiseront les tensions sociales». Strauss-Kahn faisait-là référence à l'aide promise lors d'une conférence organisée en mars pour aider Haïti à se reconstruire et au cours de laquelle ont été promis 9,9 milliards de dollars, dont 5,3 doivent être déboursés au cours des dix-huit mois à venir. L'organisation de Washington a précisé que sa nouvelle aide à Haïti avait été financée grâce au Fonds fiduciaire du FMI pour l'allégement de la dette après une catastrophe (ADAC), lancé en juin.Dans un communiqué distinct, le Fonds précise les modalités de fonctionnement de ce nouveau mécanisme et indique que celui-ci est destiné à «dégager des ressources supplémentaires pour satisfaire aux besoins exceptionnels de balance des paiements créés par la catastrophe puis par la reconstruction», en complément du financement des donateurs.