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Une saison pas comme les autres
Publié dans Les ECO le 13 - 08 - 2010

Ça s'active dans les ateliers d'artistes. Dans les faubourgs des grandes villes du Royaume ou au détour des ruelles étroites d'une des cités impériales, les toiles s'étendent, les couleurs se mêlent et les pinceaux se défrisent. L'été est déjà derrière nous et la nouvelle saison artistique pointe le bout de son nez. Quelques dates sont déjà fixées. Rendez-vous à la mi-septembre pour une nouvelle saison riche en couleurs, d'huiles ou d'aquarelles. En attendant, les galeristes profiteront du calme de ce mois sacré pour retaper les murs sur lesquels trôneront les plus belles fresques de nos artistes modernes, contemporains ou traditionnels, défunts ou encore parmi nous.
Qui a parlé de crise ?
Près d'un mois s'est écoulé depuis les dernières ventes, et les professionnels marocains peuvent se targuer d'avoir fini l'année sur une bonne note. «Nous avons vendu 35% de notre dernier catalogue», lance fièrement Chokri Bentaouit, associé-gérant de la maison de ventes aux enchères Tanger-Auction. Si le pétrole se noie dans les eaux océaniques, l'or perd de son brillant; l'art, quant à lui, prend de la valeur en même temps qu'il prend de l'âge. Une équation que les Marocains semblent avoir intégré à leur calculs d'investissement, puisque selon Bentaouit, «globalement, le nombre d'acheteurs a augmenté cette année». Pas de quoi sauter au plafond, certes, mais il s'agit tout de même d'une hausse de 3 à 4% des acheteurs par rapport à 2009, tous portefeuilles confondus. Des «portefeuilles», qui se distinguent d'ailleurs selon deux principales catégories: les collectionneurs avertis, d'abord, qui constituent le plus gros du marché de l'art. En véritables connaisseurs, ce sont des passionnés qui n'hésitent pas à mettre sur la table toute leur fortune pour acquérir les plus beaux chef-d'œuvres. Ils sont généralement à la base des «tendances» ; autrement dit des cotes des artistes (Voir ci-contre «Toiles de maîtres»). En effet, entre les Gherbaoui, Glaoui, Cherkaoui, Rbati ou depuis peu Melihi, ce sont ces férus de la création plastique qui, souvent, mettent en avant (ou pas) des artistes de la nouvelle génération lors des ventes publiques. Il faut le reconnaître, les grands noms ont pris le monopole des enchères. Mis à part quelques nouvelles signatures qui se sont illustrées à l'étranger avant de revenir au Maroc, telles que Mounir Fatmi ou Mimouni, le marché national se concentre essentiellement sur une brochette de cinq grands maîtres. En clair, les cinq premiers à se lancer dans la création plastique sur chevalet. Ainsi, crise financière ou pas, pour ces collectionneurs «presque professionnels», l'art est un placement garanti. Bon plan pour les galeristes et maisons de ventes aux enchères qui, du coup, ont pu maintenir le cap malgré les difficultés du marché international. «Nous avons plutôt réalisé une bonne année puisque 90% de nos ventes comptaient de grosses pièces. Ce sont justement celles qui se vendent le mieux», éclaire Bentaouit. Même constat du côté de la plus ancienne maison de vente aux enchères: «le marché de haut de gamme n'a pas été touché par la crise», affirme Farid Ghazaoui, directeur de la Compagnie marocaine des œuvres et objets d'art (CMOOA). Il ajoute que «c'est plutôt le marché de milieu de gamme qui a véritablement souffert des effets de la crise». Le «milieu de gamme» représente le deuxième portefeuille du marché de l'art marocain. Ceux-là sont prêts à investir mais restent prudents. «Pas plus de 30.000 à 70.000 DH», atteste le co-fondateur de Tanger-Auction. Selon lui, ces acheteurs modérés représentent, cette année, entre 10 et 15% des ventes réalisées. Ces derniers ont un objectif de spéculation. Le tout est d'investir sur des signatures montantes ou prometteuses, et d'attendre que celles-ci prennent de la valeur. Ici, les habitués ont leurs astuces : miser sur les orientalistes. En effet, qu'ils aient été marocains ou étrangers installés au Royaume, les peintres orientalistes restent une valeur sure dans le domaine. Pour Bentaouit, «ce mouvement représente 50% des ventes». Finalement, à écouter les professionnels, il apparaît que le marché de l'art au Maroc, bien que très jeune, ne soit pas un «shopping» réservé uniquement aux initiés. En effet, les petites bourses peuvent également miser sur les fresques de jeunes artistes pour 5.000 voire 10.000 DH. Une toile qui ravira les amateurs d'art en attendant de tomber sur «la bonne affaire». De bonnes affaires qui se font d'ailleurs de plus en plus fréquentes à condition, bien sûr, d'en être informé. Citons par exemple, l'expovente «L'art de donner», organisée en mai dernier, de 6.000 œuvres (traditionnelles, modernes, contemporaines) mises en vente à 3.000 DH chacune. Pas d'enchère, pas de cote, pas d'adjudication, juste de l'art, avec un grand «A» s'il vous plaît !
Toiles de maîtres Une valeur sûre
C'est sans nul doute le compartiment qui a affiché le plus de dynamisme de tout le business de l'art pour la saison écoulée. Le marché des tableaux de maîtres a beau pécher par son manque de transparence et son développement ne favorisant pas encore une grande liquidité, il n'en demeure pas moins prometteur et se démarque aujourd'hui par des plus-values alléchantes. Plusieurs catégories d'œuvres sont à distinguer. D'abord, les signatures historiques. Celles-ci incluent en première ligne les artistes orientalistes dont les œuvres s'échangent à des millions de dirhams. Pour ne citer qu'une valeur sure de la catégorie, l'huile sur toile, «Le Sultan du Maroc et son escorte» de Pierre Emilien Rousseau a décroché le prix de 4,4 millions de dirhams lors d'une vente-aux-enchères réalisée fin 2009. C'est bien au-delà des estimations des experts qui l'évaluaient à 3,5 millions de dirhams. Ces signatures historiques comptent également des noms marocains. En effet, les pères-fondateurs de la peinture marocaine, notamment ceux de la période d'avant 1970, ont vu leur cote grimper sur la saison écoulée. La période a même enregistré un record puisque des toiles de Hassan Glaoui ont dépassé la barre du million de dirhams. Une première pour un artiste marocain. Il s'agit notamment de deux panneaux du peintre : «Fantasia devant les remparts de Marrakech» et «La sortie du sultan» qui ont respectivement trouvé acquéreur à 1,38 million de dirhams et 1,02 million de dirhams. Ceci alors que les œuvres comparables de l'artiste s'échangeaient à tout au plus 700.000 dirhams, il y a deux ans. L'autre peintre historique, dont les œuvres attirent, est Jilali Gharbaoui. Une de ses toiles à l'huile datée de 1959, a été adjugée récemment à 930.000 dirhams. La cote de l'artiste semble bien installée à ces niveaux de prix puisque tout juste en mai dernier, l'une de ses œuvres partait à 98.000 euros. On est bien loin des 140.000 dirhams que proposait le marché en 2004 pour des œuvres comparables de l'artiste. Ben Ali Rbati, Chaïbia, Ahmed Cherkaoui, Farid Belkahia, etc, bien d'autres signatures encore connaissent un succès similaire. Néanmoins, et de l'avis de la majorité des experts, les peintres historiques ont globalement déjà concrétisé une grande partie de leur potentiel de croissance. Le renchérissement de leur valeur s'opèrera donc de manière relativement lente dans les années à venir, aussi, est-il préconisé de les considérer en termes de placement comme des valeurs de fond de portefeuille. Les œuvres des peintres de seconde génération, en revanche, recèlent un potentiel de croissance plus prononcé. Il s'agit de signatures ayant émergé de 1970 à 2000. Problème pour cette catégorie: les signatures dont la qualité fait l'unanimité sur le marché, restent rares. Miloud Labied et Mohamed Kacimi sont les plus prisés. La cote du premier aura profité d'un effet de mimétisme entre les institutions nationales qui jouent des coudes pour se procurer les œuvres de l'artiste. Actuellement, une œuvre sur toile signée de la main de Labied et datant de 1979 est estimée à environ 140.000 dirhams, alors qu'une œuvre comparable était estimée à 60.000 dirhams il y a moins d'un an. Quant aux œuvres de Kacimi, leur rareté de plus en plus prononcée en dope la valeur. Une œuvre sur panneau des débuts de l'artiste atteignait 110.000 dirhams sur la saison écoulée, contre 40.000 dirhams un an auparavant. Viennent, enfin, des artistes contemporains, ayant émergé au-delà de l'année 2000. D'avis d'expert, «ce mouvement a encore besoin de se décanter». Il n'empêche que certains noms sont avancés comme étant à suivre de près. Il s'agit notamment de Mahi Binebine, Mohammed El Baz, Amina Benbouchta et Faouzy Laatiriss.
Estampes et Porte-folios À portée de main ?
Les estampes ou œuvres multiples (lithographies, sérigraphies ou encore gravures) suscitent de plus en plus d'engouement et cela se comprend. Le principe est certes simple : reproduire en série limitée (100 à 300 copies) un tableau fait main; mais en tant qu'investissement, elles demeurent accessibles et très rémunératrices. Des exemples pour s'en convaincre. Une œuvre multiple acquise dans les années 80 à 250 dirhams trouverait facilement acquéreur à 5.000 dirhams actuellement. Le tout est de miser sur les bons noms : Miloud Labied, Belcadi, Bellamine, Glaoui... En effet, une œuvre multiple évolue, au même titre qu'une toile de maître, selon la cote de son auteur. Cette cote fluctue elle-même, selon l'intérêt manifesté par le marché. La rareté des œuvres intervient également pour faire varier les cotes. Autre produit d'art accessible et tout aussi rémunérateur, les porte-folios. Ces derniers consistent en des recueils couplant les estampes à des textes d'auteurs ou de poètes. Les collectionneurs aguerris n'y voient que des initiatives purement commerciales, reste que ces œuvres présentent des possibilités de plus-value très alléchantes, comme en témoigne l'évolution des prix de certaines références. À titre d'exemple, l'œuvre de Ahmed Benyessef qui opère un jumelage entre la Koutoubia de Marrakech et la Giralda de Séville a vu sa valeur quintupler en quatre ans. Sur le même intervalle, Merieme Mezian, a vu son «Fès à travers les etampes du rêve» être propulsé de 12.000 à 100.000 dirhams.
Sculptures Un marché juteux
Lentement mais sûrement, la sculpture gagne en envergure sur le marché de l'art marocain. Les initiatives récentes dans le privé accélèrent le mouvement. Dans le courant de l'année, sur invitation d'une galerie privée à Rabat, plusieurs artistes marocains de renom ont été invités à réaliser des œuvres sculpturales : Mahi Binebine, Mohamed Melehi, Karim Bennani, Hassan Echair, Ikram Kabbaj, Ima Mansour, Abdelkrim Ouazzani, Hassan Slaoui, Aïssa Ikken, Abderrahmane Meliani et Fatiha Zemmouri. «Reconnaissance de talents émergents, attraction visible du public et des acheteurs... Les conditions sont réunies pour la possible naissance de tout un mouvement», avancent les conseillers patrimoniaux de la banque privée d'Attijarwafa Bank. Les signaux précurseurs sont en tout cas bien là : la première œuvre artistique marocaine à avoir pulvérisé la barre du million de dirhams est une sculpture. C'était lors d'une vente-aux-enchères tenue l'été dernier. Il s'agit de l'épreuve en patine brune, baptisée Les Masques, figurant comme le premier travail de sculpture de l'artiste peintre Mahi Binebine et vendue au prix de 1,5 million de dirhams.


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