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La machine est grippée
Publié dans Les ECO le 05 - 07 - 2012

L'économie marocaine a un modèle économique qui ne dit pas son nom. Alors que depuis plus d'une décennie, les stratégies sectorielles lancées et reconduites par les différents gouvernements, qui se sont succédés à l'Exécutif, se sont employées à imprimer l'effort d'investissement sur le territoire national, la consommation, premier pilier de l'économie marocaine, reste le terreau et la variable d'ajustement de notre modèle économique. La publication, récemment, des statistiques monétaires de Bank Al Maghrib, au titre du mois de mai, donne l'occasion d'apprécier l'évolution, depuis un an, de cinq agrégats économiques d'importance, les crédits à la consommation, les crédits d'équipement, les crédits immobiliers, et les comptes débiteurs et comptes de trésorerie. À l'insu de leur évolution hétérogène, le soutien institutionnel à l'économie demeure favorable à la consommation, alors même que banques, politiques et gouvernements ne cessent de clamer l'importance de maintenir à la hausse le rythme des investissements, publics comme privés. Cela se comprend, la politique monétaire a et reste toujours une variable d'ajustement, là où les autres pays émergents en font un instrument politique, du moins une arme économique.
Les entreprises en mal de trésorerie
«Les dépôts bancaires ont reculé de 20%. Le besoin de liquidité, à fin avril toujours, est de 55 MMDH, ce qui a poussé la BAM à injecter 42 MMDH. L'évolution de ces deux indicateurs montre que le manque de confiance s'est bien ancré, au moment où les dépenses d'investissement public ont baissé de 19% à fin mai». Ce constat adressé par Ahmed Bennis, conseiller RNI à la deuxième Chambre, au chef de gouvernement Abdelilah Benkirane, en dit long et sur le climat politique concernant les questions économiques actuelles en général, et sur ces dernières en particulier. Et pourtant, la Banque centrale n'économise pas ses efforts pour soutenir l'activité économique, au travers de ses injections monétaires en faveur des banques nationales. Ces dernières ont même battu des records, en valeur, jamais atteints depuis 2006. Du jamais vu. Et pourtant, ces avances accordées par Bank Al Maghrib, destinées par essence, pour ne pas dire par habitude, à soutenir à court terme les trésoreries des entreprises, semblent avoir été quelque peu détournées, de leur objet initial. Comme le montre le graphe, l'évolution «des comptes débiteurs et crédits de trésorerie», relevant des crédits bancaires recensés par BAM, est presque en zigzag. Certes, de mai 2011 à mai 2012, les crédits de trésorerie ont progressé de 9,1%, mais toujours est-il que l'objectif de BAM n'est guère atteint, puisqu'elle n'arrive pas à stabiliser leur évolution. En outre, depuis le mois de mars, où ils avaient atteint leur pic à près de 170 MMDH, les crédits de trésorerie ont entamé une baisse, qui les a amenés à 164 MMDH en avril, pour terminer, à fin mai, autour de 163,83 MMDH. Si la gestion prudentielle des trésoreries des banques elles même intéresse davantage ces dernières que celles des entreprises clientes, dans un contexte où toutes les agences de notation internationales, de Fitch à Moody's, en passant par Standard & Poor's appellent les banques nationales à mieux appréhender le risque inhérent à leurs activités de crédit, il en va en fait, d'un point de vue microéconomique, de l'exploitation des entreprises nationales, de leurs fonds de roulement et de leurs capacités finalement à maintenir le cap de leurs activités. Là aussi, c'est BAM qui vient à la rescousse des entreprises, en mettant en place un dispositif de soutien financier aux PME, au travers des avances à 3 mois, dont 25% - le taux peut être amené à être revalorisé à la hausse - leur revient. Au mois de juin, le gouverneur de BAM, Jouahri, affirmait que ce mécanisme commençait à porter ses fruits, sans pour autant donner de détails exhaustifs sur la question. Rendus publics, ces derniers auraient le mérite de confirmer, ou non, l'évolution contradictoire des crédits de trésorerie. Aider les banques en difficulté, c'est bien, aider les PME, c'est nettement mieux, parce que finalement, entre les dépôts et les crédits, ce sont bel et bien les entreprises qui créent de la richesse. Jouahri, lors de sa dernière sortie médiatique, affirmait clairement que les banques nationales ne sont que «des courroies de transmission», entre la Banque centrale et le tissu économique national. Il serait dès lors intéressant de savoir dans quelle mesure les avances accordées par BAM en faveur des banques nationales servent ou à renforcer le matelas financier de ces dernières, ou à financer réellement l'économie marocaine. Il va sans dire qu'autant l'un que l'autre restent des objectifs louables.
La consommation, le pilier de l'économie
En glissement annuel, les crédits bancaires présentent, de mai 2011 à fin mai 2012, une évolution plutôt stable, si l'on met de côté leur variation à la hausse, et puis à la baisse, entre novembre 2011 et février dernier, ce qui in fine pourrait accorder du crédit à l'efficacité des mécanismes d'intervention de BAM. Toujours est-il que cette stabilité prend une toute autre signification, dès lors que les crédits bancaires sont ventilés par objet économique d'abord, et par secteur institutionnel ensuite. Par objet économique et hormis les comptes débiteurs et crédits de trésorerie, l'évolution des crédits à l'équipement et immobiliers d'une part, et des crédits à la consommation d'autre part, soulève plus d'une question. La note publiée par BAM pour le mois de mai avance que «le taux de progression des crédits à l'équipement est passé de 11,7% à 1,5%», en glissement annuel s'entend. Il faut cependant distinguer là deux périodes, celle qui va de mai 2011 à novembre 2011, où la baisse a été aussi vertigineuse que continue et celle qui va de novembre à mai dernier, où leur niveau varie, d'un mois à l'autre, entre hausse et baisse successive. Le niveau se maintient alors à la baisse, sans qu'aucune tendance réelle ne puisse être dégagée. Il en va de même des crédits immobiliers, qui ont entamé depuis septembre dernier, une baisse en pente douce. Il est vrai que de 207,3 MMDH en janvier dernier, les crédits immobiliers se sont arrêtés à près de 213,3 MMDH à fin mai. Mais en glissement annuel, ces crédits se maintiennent à la baisse. Là aussi, il faut dire que depuis son avènement, le nouveau gouvernement n'a eu de cesse de donner des signes positifs en faveur de l'habitat et du logement. On en vient à considérer qu'aussi bien pour l'équipement que pour l'immobilier, la confiance et des banques et des entreprises du secteur vis-à-vis de l'évolution de la conjoncture et de l'action publique est mise à mal. Seulement, la crise a ses bienfaits, qui se traduisent par une accélération du rythme d'évolution des crédits à la consommation, que vient renforcer les crédits accordés aux ménages (+8% en glissement annuel). La première explosion s'est produite en août 2011, la seconde, plus récente a eu lieu entre avril et mai dernier. De janvier à mai dernier, ces crédits ont évolué de près de 8%, mais en glissement annuel, la progression est à deux chiffres, soit 18%. Equipement et immobilier à la baisse, consommation à la hausse, le Maroc n'est pas prêt d'investir pour relancer sa croissance, n'en déplaise à Benkirane, qui soutient le contraire. Il est vrai que cela confirme que la demande intérieure a son importance, mais comme le prouve d'année en année le modèle américain, la consommation, même quand on fabrique soi-même ses propres produits consommés, ne fait pas un modèle économique viable à elle seule. Soutenir ainsi la croissance, par la consommation aux dépens de l'investissement, fait correspondre finalement la vision stratégique nationale à une succession de mesures court-termistes, qui avorteront à coup sûr, tant que des choix audacieux n'auront pas été faits. En valeur, les crédits à la consommation ne représentent, en outre, pour le mois de mai, que seulement 28 % des crédits à l'équipement ou 18% des crédits immobiliers. La politique monétaire fait partie de ces choix à prendre, et c'est peut-être le premier chantier qui doit être abordé pour relancer, non pas la croissance, mais le développement national. Entre temps, la confiance n'est pas non plus près de revenir.
Effet d'éviction ou pas ?
Par secteur économique, les crédits bancaires démontrent une évolution positive des crédits accordés au secteur public et une stagnation pour le secteur privé. En glissement annuel, les crédits accordés au secteur public sont de 41,3%, soi +10,4 % pour les administrations locales et 56,5% pour les sociétés non financières publiques. De leur côté, les crédits accordés au secteur privé ont connu une baisse depuis le mois de janvier (559,7 MMDH), pour revenir à ce même niveau à fin mai (559,4 MMDH). Cependant, l'évolution des crédits accordés aux sociétés privés non financières (+3,7%) semble moins soutenue que celle des crédits à l'adresse des ménages (+ 8,5%). Si cette dernière renvoie à l'idée de soutien à la consommation, la progression effrénée des crédits au public en contraste de ceux pour le privé fait ressurgir l'idée d'effet d'éviction. Dans un contexte de sous-liquidité avéré, cette dernière refait surface en effet à chaque fois que l'Etat lève des fonds sur le marché national. En favorisant la consommation d'une part, et en finançant davantage le public aux dépens du privé, il est dès lors légitime de se demander dans quelle mesure les autorités publiques et les banques nationales comptent soutenir le financement de l'économie nationale, dans ce qu'elle a de plus concret, les PME, et les entreprises privées de manière générale.


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