Bien que la 97e place du Maroc dans le Doing Business ait soulevé les problématiques dont continue à souffrir l'économie marocaine, force est de reconnaître que le même classement consacre également les avancées réalisées par le royaume sur certains volets importants du climat des affaires. D'abord, c'est le cas des conditions du commerce extérieur. C'est incontestablement le volet où le Maroc se distingue le plus, occupant la 47e place du classement et demeurant parmi les premiers de la région Mena. Il faut dire que ce sont principalement les dispositions tarifaires en matière d'exportations qui expliquent la place qu'occupe le Maroc au niveau des conditions du commerce extérieur. Pour pouvoir exporter à partir du royaume, il faut en effet compter en moyenne 577 dollars par conteneur, un niveau qui reste nettement inférieur à celui de tous les voisins de la région. Pour ce qui est des importations, là encore l'argument «coût» vient en premier avec notamment l'effet des différents accords de libre-échange signés par le royaume. Il reste maintenant à réduire le nombre de documents exigés pour les opérations d'import et d'export, ce qui réduirait également les délais d'exécution des opérations, pour voir le Maroc se placer en tête des meilleurs pays en termes de conditions pour le commerce extérieur. Sur un autre registre, il faut également noter que le Doing Business 2013 consacre les efforts du royaume en matière de facilitation de la création d'entreprise. «Le royaume a rendu plus facile la création d'entreprise en éliminant l'obligation de capital minimum versé pour les sociétés à responsabilité limitée», note-t-on auprès de la Banque mondiale. L'abolition des conditions minima de capital pour la création d'une entreprise fait de lui le 57e pays du monde et le troisième de la région Mena. C'est d'ailleurs là l'une des rares mesures retenues pour la première fois par le Doing Business en faveur du Maroc. Néanmoins, force est de relever que les coûts de création restent relativement élevés (15,5% en moyenne). De même, le Maroc peut toujours jouer sur la durée nécessaire pour réaliser la création, qui est évaluée à 12 jours, pour améliorer davantage son score sur ce critère. Après ces efforts, il faudra certainement activer les chantiers liés à la réduction des procédures pour les permis de construire. Ce volet, qui était le talon d'Achille du pays l'année dernière ressort comme l'un des volets où il est certes mieux placé (79e), mais cela n'empêche qu'il continue à être un frein à l'investissement. Rappelons à ce titre que le ministre de l'Economie et des finances s'était engagé à réformer ce délai en réduisant au maximum le nombre de signatures nécessaires pour l'obtention d'un permis de construire. Cela devrait donc faire partie des principales orientations pour la prochaine année en matière d'amélioration du climat des affaires. «S'activer pour le prochain classement» Saloua Karkri Belkeziz, Membre du Comité national pour l'environnement des affaires. Les Èchos quotidien : Quelle lecture faites-vous du nouveau classement du Maroc dans le Doing Business ? Saloua Karkri Belkeziz : La baisse dans le classement était attendue et nous aurions même pu perdre plus. Il ne faut pas oublier que pour le dernier rapport, la Banque mondiale n'avait pas tenu compte de certaines réformes qui ont été faites après le 30 juin 2011, à l'exemple de la promulgation de la nouvelle loi sur les SARL. Cela nous permet aujourd'hui d'éviter une baisse plus importante dans le classement car depuis la dernière publication, il n'y a pas eu trop de choses concrètes qui ont été faites. Est-ce que le contexte politique de fin 2011 pourrait expliquer justement le retard accusé à ce niveau ? C'est clairement une explication. Nous avons connu un contexte assez particulier qui a empêché les choses d'avancer comme nous le souhaitons. Maintenant, nous disposons de près de neuf mois avant que le travail de la Banque mondiale pour le prochain rapport ne s'achève et il faudra activer le chantier des réformes avant cette date pour espérer un meilleur classement dans le prochain Doing Business. Pour l'heure, nous attendons encore la note du chef de gouvernement qui doit activer les choses au niveau des différents ministères et instances impliqués dans l'amélioration du climat des affaires. Il faudrait aussi que le volet législatif soit priorisé parce qu'aujourd'hui nous avons un certain nombre de textes qui sont dans les circuits, mais qui tardent à être adoptés. En attendant, pensez-vous que ce dernier classement puisse impacter l'image du Maroc auprès des investisseurs ? Il y a effectivement un risque. Un investisseur recherche en général deux choses : la stabilité politique et le climat des affaires. Certes, nous avons l'atout de la stabilité politique dont l'effet a été renforcé par les problèmes des pays voisins. Cependant, cela ne suffit pas. Il faut donc clairement se mobiliser et améliorer le climat des affaires pour renforcer l'attrait des investisseurs.