La relation entre le Maroc et son voisin espagnol est digne des rebondissements d'une telenovela où cohabitent l'amour, le désamour, l'incompréhension... en somme, tous les ingrédients d'une relation tumultueuse qui n'a jamais été au beau fixe. «La revendication de Sebta et Melilia, le dossier de la pêche, l'immigration, le conflit du Sahara, le trafic de drogue, le terrorisme... la relation avec le Maroc dispose de tous les éléments pour former l'orage parfait», indique José Ignacio Torreblanca, professeur de relations européennes et chroniqueur à El Pais. Pour surmonter la versatilité de la relation, «l'Espagne a tissé un réseau d'intérêts pour amortir les susceptibles points de tension dans les relations bilatérales. L'appartenance de l'Espagne à l'Europe l'a aidée à sortir du cadre bilatéral à celui, plus large, de communautaire», ajoute ce chercheur. Cette situation arrange l'Espagne, qui veut éviter toute confrontation avec le voisin, un peu rebelle à son goût. Les intérêts se sont «européanisés» avec le Maroc. À présent, c'est la théorie des intérêts qui prime, la seule option pour maximiser les opportunités et éviter risques et conflits. Mais malgré toutes les critiques vociférées à l'encontre de ce tumultueux voisin qu'est le Maroc, les éditorialistes du pays s'accordent à dire que de l'autre rive de la Méditerranée, l'on vit, depuis une décennie, des avancées, en comparaison avec les voisins de la région. Les journalistes et les économistes de la péninsule ibérique ont loué les chiffres réalisés par le Maroc en 2009 : 5% de croissance en pleine crise et seulement 1% d'inflation, grâce à une bonne année agricole, aux investissements publics et à la consommation intérieure, peut-on lire par-ci par-là. Le président du gouvernement espagnol a confirmé ce trend haussier lors du sommet euro-marocain à Grenade. Zapatero vante sur le Maroc José Luis Rodriguez Zapatero n'a pas tari d'éloges sur le Maroc lors de la rencontre d'affaires en marge du sommet de Grenade. Encensant les relations avec le Royaume, il a appelé ses concitoyens du milieu des affaires à aller tenter leur chance dans un pays «en pleine expansion». Cela a été l'occasion aussi pour vanter «la stabilité économique du royaume qui dispose d'un énorme potentiel d'investissement étranger», a-t-il renchéri. L'Espagne est convaincue que les relations euro-marocaines ont été propulsées par le gouvernement espagnol. «En 2005, le ministre des Affaires extérieures Miguel Angel Moratinos a proposé un statut d'intégration du Maroc à l'UE, quasi-identique à celui de la Turquie», souligne le journal El Mundo. Aujourd'hui, le sentiment de la classe économique est que les pays, perçus comme des sources de problèmes tels le Maroc ou la Turquie, se convertissent à des niches où les opportunités d'affaires fleurissent. En témoignent les 500 entreprises espagnoles implantées sous nos latitudes. Le Maroc est pour l'Espagne le deuxième débouché des exportations en dehors de l'UE, après les Etats-Unis, avec un volume qui dépasse les 3.000 millions d'euros annuellement. Un chiffre qui frôlait à peine 1.370 millions d'euros en 2000. Et les importations du Maroc tournent autour 2.400 millions d'euros annuellement. Les relations restent à parfaire au prix de la réforme marocaine Sur le volet niches et opportunités d'affaires, la privatisation et les appels d'offres publics sont des domaines de grand intérêt pour les Espagnols. Au-delà des secteurs traditionnels, l'Espagne est intéressée par les énergies renouvelables et les télécommunications. À ce propos, le voisin du nord dispose d'une poignée de champions nationaux dont la renommée n'est plus à faire à l'international. Des mastodontes auprès desquels le Maroc pourrait faire le joli cœur, afin de les séduire. Reste qu'aux yeux des investisseurs, il reste du chemin à parcourir dans le domaine de la justice et de l'assainissement du monde des affaires. L'UE a destiné le budget prévu pour la réforme de la justice, à l'agriculture parce que la réforme de la justice n'existe pas. Malgré ces embûches, le Maroc reste un bon placement. Et l'octroi du statut avancé au Maroc est profitable à l'Espagne plus qu'aux autres pays de l'Union. Les experts de l'UE ont insisté sur les avantages que peut tirer l'Espagne de ce rapprochement. «Pour la première fois, le Maroc a montré sa volonté, durant les négociations sur le statut avancé, de négocier un accord de réadmission des immigrés illégaux. Nouvelle très bien reçue en Espagne», a souligné la chercheuse Kristina Kausch sur les colonnes d'El Mundo. Sauf qu'en Espagne, il y a toujours des rabat-joie pour envenimer cette lune de miel entre les résidents des deux rives et chauffer à blanc les foules, pour des fins électorales. L'image du président du Parti Populaire brandissant un plant de tomates pour diaboliser l'accord d'association avec le Maroc rappelle qu'il existera toujours des poches de résistance à cette bonne entente.«code de la mutualité», proposé en 189 articles par le ministère de tutelle.