Renouveau de la classe politique et action, sont les deux grands axes majeurs du discours du Trône. Prévisible. Le discours du Trône a consacré une place importante à la phase qui suit l'adoption de la Constitution. D'emblée, le souverain dresse le cap : « accéder à une nouvelle ère démocratique» ; un objectif qui ne peut résulter que de « la mise en place d'institutions efficientes et crédibles, en vue de la consolidation de l'Etat de droit et des droits de l'Homme, de la bonne gouvernance et du développement». C'est l'enjeu principal de toute cette seconde phase afin que cette nouvelle loi fondamentale « devienne une réalité concrète, et une pratique quotidienne qui reflète la démocratisation de l'Etat et de la société, à la fois, tout en ouvrant de vastes perspectives prometteuses d'une vie libre et digne, surtout pour nos jeunes et pour les catégories populaires les plus démunies», déclare le roi Mohammed VI. La validation des résultats du référendum amorce le processus de réflexion sur la mise en œuvre des réformes politiques requises. « Celles-ci, explique le souverain, devraient, en effet, favoriser l'émergence d'un paysage politique et institutionnel nouveau et sain, qui soit digne de notre Constitution avancée, et de nature à prévenir la reproduction des travers et des dysfonctionnements affectant le paysage politique actuel». Un appel, encore un, du roi à la classe politique afin qu'elle entame sa mue. Dès les premières années de son intronisation, le monarque avait lancé, à l'occasion du discours duTrône ou lors de l'ouverture du Parlement que « la démocratie a besoin de démocrates ». Cette fois, le souverain s'est voulu plus explicite, lançant un message très clair aux directions séniles des partis de céder le témoin à une nouvelle génération d'hommes et de femmes politiques à même de concrétiser les objectifs de la nouvelle Constitution. « A chaque époque, ses hommes et ses femmes, et, à chaque nouvelle ère, ses institutions et ses instances. Cette maxime s'applique parfaitement à la Constitution de 2011. Ainsi, et dans la mesure où c'est une Constitution avancée, relevant d'une nouvelle génération de Constitutions, elle requiert aussi une nouvelle génération d'élites qualifiées, imprégnées de culture et d'éthique politiques nouvelles. Ces élites se doivent de faire preuve de patriotisme, de citoyenneté responsable et d'un sens élevé des responsabilités et de l'intérêt général». La balle est dans le camp des formations politiques. Cette volonté royale de voir de nouveaux visages lors de l'ouverture du prochain parlement a été, en effet, transmise par le conseiller Mohamed Moâtassime aux chefs des partis lors de la réunion du 17 mai. Le discours du Trône a, encore une fois, insisté là-dessus. La concrétisation de cette volonté passe inéluctablement par la tenue de législatives anticipées. « A court terme, la priorité devrait être donnée à l'adoption des nouvelles lois relatives aux institutions législatives, exécutives et judiciaires », a dit le souverain. Le discours du Trône a consacré la place stratégique que revêt, pour l'Etat marocain, la construction de l'Union maghrébine. Le souverain l'a qualifiée de « choix stratégique et projet intégrateur incontournable». Et d'ajouter : « Nous prenons acte de l'évolution positive que connaissent les rencontres ministérielles et sectorielles en cours, convenues avec l'Algérie». Le souverain a émis le souhait que ces visites puissent être «l'amorce d'une nouvelle dynamique ouverte dans le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres». Comme pour accompagner, une fois n'est pas coutume, la volonté royale d'accélérer la normalisation des relations avec Alger, le président Abdelaziz Bouteflika, dans un message, n'a pas tari d'éloges sur « la renaissance que connaît le Maroc frère, sous Votre règne, et des réalisations et acquis l'ayant accompagnée et dont les bienfaits bénéficient à votre noble peuple». Le locataire du palais de la Mouradia a enregistré avec satisfaction l'élan que connaissent, ces derniers temps, les relations maroco-algériennes, à la faveur des visites réciproques, au niveau ministériel, soulignant son entière disposition à joindre ses efforts à ceux du roi «pour jeter les ponts de fraternité, de coopération et de bon voisinage, afin de bâtir des relations bilatérales exemplaires de nature à servir l'intérêt commun des deux pays et peuples frères, unis par les liens de l'Histoire et concernés par les défis de l'avenir».