L'intelligence artificielle (IA) n'est pas une simple évolution technologique, mais une transformation profonde qui exige une préparation immédiate et stratégique. Tel est le message fort lancé par Mehdi Alaoui, fondateur de LaFactory, lors des récentes Assises nationales de l'intelligence artificielle tenues à Rabat. Pour lui, l'IA est un phénomène dont l'ampleur est encore largement sous-estimée. « Je la compare à un tsunami caché : on ne mesure ses effets qu'après son passage. Il est donc impératif de s'y préparer en amont », a-t-il averti, soulignant l'urgence pour le Maroc et, plus largement, pour le continent africain, d'anticiper ce virage majeur. Trois piliers fondamentaux Saluant l'implication de la ministre de la Transition numérique, dont il qualifie l'expertise technique d'« atout majeur pour le pays », Mehdi Alaoui a insisté sur le rôle crucial d'un leadership éclairé. « Avoir une ministre spécialiste permet d'insuffler une vraie culture de l'IA, aussi bien au sein des administrations que dans le secteur privé », a-t-il expliqué, mettant en lumière l'importance d'une vision gouvernementale pour l'adoption de l'IA. Pour bâtir une IA véritablement souveraine au Maroc et en Afrique, le fondateur de LaFactory a tracé une feuille de route articulée autour de trois piliers essentiels : 1. Le Capital Humain : Le "Pétrole de Demain" « C'est la priorité », a affirmé Mehdi Alaoui. Reconnaissant la richesse du Maroc en « jeunes talents, brillants en mathématiques et en logique », et la vitalité de plusieurs start-up marocaines déjà actives dans le domaine, il a appelé à un renforcement massif de la formation. « Car la matière grise, c'est le pétrole de demain », a-t-il martelé, insistant sur l'impératif d'investir dans les compétences. 2. Les infrastructures : L'IA n'est pas qu'une question d'algorithmes ; elle requiert une base technologique solide. « L'IA nécessite des investissements lourds : data centers, supercalculateurs, plateformes d'entraînement des modèles... », a détaillé Alaoui. Il a concédé que le Maroc en est encore « aux premiers jalons », mais a souligné la nécessité impérative de « se doter de ces capacités s'il veut peser à l'échelle continentale ». 3. La volonté politique : Au-delà de la technologie et des compétences, Mehdi Alaoui a mis en exergue la dimension politique. « Il ne suffit pas d'avoir la technologie ou les compétences. Il faut une conscience politique de l'ampleur de ce virage », a-t-il déclaré. Selon lui, les décideurs doivent « agir vite », car l'IA est sur le point d'envahir tous les aspects de nos vies : « L'IA sera bientôt partout : dans nos foyers, nos écoles, nos entreprises, nos objets connectés ». Anticiper les dérives et encadrer l'éthique Enfin, le fondateur de LaFactory a soulevé une question cruciale : celle de l'éthique. Il a alerté sur la double nature de l'IA, capable d'être utilisée pour le meilleur comme pour le pire. « Comme toute technologie, l'IA peut être utilisée à bon ou mauvais escient. Il faut anticiper ces dérives et encadrer le développement par des règles, afin d'en tirer le meilleur au service du pays », a-t-il conclu, plaidant pour un cadre réglementaire clair et robuste. L'appel de Mehdi Alaoui résonne comme un impératif : pour le Maroc, l'heure n'est plus à l'observation, mais à l'action stratégique et coordonnée pour maîtriser ce "tsunami silencieux" et en faire un puissant levier de développement national et continental.