Cest un génie qui claque la porte. Un fou furieux à fleur de peau. Un sentimental aux allures ténébreuses. Alexander McQueen utilisait la mode pour lui dire sans cesse le mal quil pensait delle. Une sphère à profit, loin de toute poésie. Chez lui, cette dernière sexprimait sans tabous, utilisant les formes matérielles et cérébrales les plus folles, les plus excentriques. Déjà lorsquil officiait chez Givenchy entre 1996 et 2001, sa patte était unique. Avec un certain John Galliano, la mode respirait au-delà de la seule connotation de griffe. Depuis quil a choisi de donner un nouveau sens à sa vie de créateur en lançant sa propre marque, en mariant haute couture et prêt-à-porter haut de gamme, McQueen devient le mauvais garçon du «milieu», bousculant les normes mais soutenu par le groupe PPR, son écurie. Léternel précoce poussait sans cesse les murs qui cloisonnent un métier ayant pourtant connu avant lui dautres piqués du bocal, un Gaultier entre autres. La vie de ce torturé frénétiquement créatif a fini par létouffer. Il répétait se sentir enfermé, faisant des cauchemars, se retrouvant seul. Le récent décès de sa mère qui devait être enterrée le lendemain de son suicide, na pas arrangé son état dépressif. La fraîche séparation avec son compagnon George Forsyth, après dix ans dunion civile, est également à pointer comme élément majeur de détresse. Alexander McQueen adorait la femme quil habillait avec beaucoup damour. Ses mannequins devennaient des muses. La mise en scène réalisée pour Kate Moss en 2006 lors dun mémorable défilé en est lune des preuves magistrales. Quatre fois lauréat du prix du British designer, le styliste est fait commandeur de lEmpire britannique en 2003. Son étoile brillera pour longtemps encore.