La Francophonie doit dès cet automne entamer un virage vers l'économie et les relations d'affaires entre les pays francophones, ont estimé dimanche des représentants d'une trentaine de pays réunis à Québec. Au terme de la Rencontre internationale de la francophonie économique (RIFE), qui s'est déroulée samedi et dimanche dans la capitale Québécoise, les représentants d'organisations diverses vouées au développement économique ont conclu que la langue de la diplomatie pouvait aussi être celle de l'économie. ""La langue française peut et doit nous servir de vecteur économique pour nous permettre de faciliter les échanges commerciaux"", a affirmé Daniel A.Denis, président de la Chambre de commerce de Québec, au nom des promoteurs de la RIFE. Trop longtemps laissés à eux-mêmes, sans véritable réseau, les investisseurs des pays francophones ont pourtant tout à gagner à ""profiter de l'avantage français"" du marché de 800 millions d'habitants qu'est la Francophonie, a de son côté fait valoir le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, Pierre Simon, cité par les médias canadiens. A l'issue de ses travaux, la RIFE a retenu parmi les recommandations à soumettre aux chefs d'Etat et de gouvernement lors du XIIe Sommet de la francophonie qui se tiendra en octobre à Québec, la création, au sein de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), d'""un pôle de développement autonome"" pour mettre en réseau les acteurs francophones de l'économie et stimuler l'investissement. Les participants suggèrent aussi la création d'une ""société francophone d'investissement"", dont le fonds serait constitué des contributions de ""la société civile"" en échange de crédits d'impôt. Parce que les entraves à la libre-circulation des gens d'affaires demeurent un obstacle majeur à l'investissement et au développement de l'espace francophone, la RIFE recommande également l'émission d'un visa d'affaires. ""Il y a des gens qui n'ont pas pu assister à notre réunion parce que leur visa a été refusé, pour des raisons que l'on ne comprend pas. Nous disons aux chefs d'Etat: si vous voulez une francophonie économique dynamique, qui donne des résultats, vous devez regarder vos règlements sur la circulation des gens d'affaires"", a expliqué Lucien Bradet, président du Conseil canadien pour l'Afrique. A cinq mois du Sommet, les participants à la RIFE reconnaissent qu'ils n'ont pas une minute à perdre s'ils veulent gagner les chefs d'Etat à leur cause et imposer leur agenda lors de la rencontre de Québec. A cet égard, le président de la Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et francophones, Lamine Niang, a lancé un appel à la mobilisation. ""Il est important que les chefs d'Etat adoptent ces résolutions mais pour cela, il est important que chacun des participants fasse le travail nécessaire auprès des autorités politiques de son pays pour qu'elles soient préparées avant de venir au Canada (en octobre)"", a-t-il dit.