Paris Match publie mercredi les extraits d'une interview exclusive du président syrien Bachar al-Assad. Le chef d'Etat syrien, aux prises avec une contestation populaire depuis 2011 qui a dégénéré en une guerre civile sanglante -l'Observatoire syrien des droits de l'homme avance le chiffre de 200 000 morts et 20 000 disparus - apparaît droit dans ses bottes, sûr de son fait. Ainsi lorsque l'hebdomadaire lui demande s'il craint de mourir de la même façon que Saddam Hussein ou Kadhafi, le leader syrien répond que «le capitaine ne pense pas à la mort, ni à la vie, il pense à sauver son navire. S'il fait naufrage tout le monde mourra. Il faut donc mieux tout faire pour sauver son pays». Un rôle de sauveur qui permet à Bachar al-Assad de se défendre de toute dérive autocratique. «Mon but n'est pas de rester président, ni avant, ni pendant, ni après la crise. Mais quoiqu'il arrive, nous autres Syriens, n'accepterons jamais que notre pays devienne un jouet entre les mains de l'Occident. C'est un principe fondamental pour nous», affirme-t-il. Interrogé sur les frappes menées par la coalition contre les jihadistes de Daech, le leader syrien estime qu'«on ne peut pas mettre fin au terrorisme par des frappes aériennes» et défend les combats au sol. «Des forces terrestres qui connaissent la géographie et agissent en même temps sont indispensables», juge al-Assad qui y voit «la raison pour laquelle il n'y a pas eu de résultats réels après deux mois des campagnes menées par la coalition». «Je ne suis pas l'ennemi personnel de Hollande» Le président de la République arabe syrienne, réélu en juin 2014 avec 88,7% des voix au cours d'une élection contestée, nie que les frappes aériennes puisse lui être d'aucune aide. «Ce n'est pas vrai [qu'elles] nous aident. Elles nous auraient certainement aidés si elles étaient sérieuses et efficaces», souligne Bachar al-Assad, mais «c'est nous qui menons les combats terrestres contre Daech, et nous n'avons constaté aucun changement, surtout que la Turquie apporte toujours un soutien direct dans ces régions». Sur ses relations avec la France, qui soutient les rebelles syriens, Bachar al-Assad se dit prêt à traiter «avec tout responsable ou gouvernement français dans l'intérêt commun», mais regrette que «l'administration actuelle œuvre à l'encontre des intérêts de notre peuple et de ceux du peuple français». Et ce n'est pas une «question de relations personnelles», selon le leader syrien qui dit ne «même pas connaître» François Hollande. «Je ne suis ni l'ennemi personnel ni le rival de Hollande» insiste al-Assad. «Je pense que c'est plutôt Daech qui est son rival, puisque leurs cotes de popularité sont très proches», conclut-il.