L'Assemblée générale des Nations Unies a tenu, mercredi, un débat de haut niveau co-initié par le Maroc, l'Italie, le Mexique, le Qatar et la Thaïlande, sur l'intégration de la prévention du crime et la justice pénale dans l'agenda de développement de l'après-2015, a-t-on appris auprès de la Mission permanente du Maroc auprès de l'ONU. En tant qu'initiateur de ce débat de haut niveau, l'Ambassadeur, Représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, M. Omar Hilale, a présidé la session du débat consacré à la promotion de la coopération pour la prévention et la lutte contre le crime et les politiques de justice pénale dans le cadre de l'agenda de développement pour l'après-2015. La séance d'ouverture de ce débat de haut niveau a connu la participation du Président de l'Assemblée générale, Sam Kutesa, du Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, du Président du Conseil Economique et Social de l'ONU (ECOSOC), Martin Sajdik, de l'ancien Président de la Slovénie, Danilo Turk, et du Directeur Exécutif de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), ainsi que du ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khalid ben Mohammad Al Attiyah. Dans une intervention liminaire, M. Hilale a fait remarquer que ce débat se tient à un moment doublement opportun, alors que la communauté internationale est en pleine discussion sur l'avenir de l'agenda de développement, et à la veille du 13ème Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, prévu à Doha en avril prochain. Le diplomate marocain a également mis l'accent sur l'impact du crime organisé sur la paix et la sécurité internationales, en raison des alliances qu'il peut établir notamment avec les mouvements terroristes et les trafiquants d'armes. Il a, dans ce cadre, appelé à une coopération étroite entre les Etats, avec la participation de toutes les parties prenantes afin de prévenir et combattre le crime et la violence, ainsi qu'au renforcement des capacités des pays en développement dans le cadre de cette coopération. Il a indiqué que l'approche du Maroc vise à éradiquer le crime à travers le développement humain et durable, le renforcement de la cohérence et de la solidarité sociale, et l'éradication des racines favorisant la croissance du crime et de la délinquance. Cette approche a été illustrée par le positionnement de la dimension sociale en tant que priorité dans les politiques publiques, à laquelle il a été consacré 54 pc du budget de l'Etat en 2012, contre 41 M au début des années 90. Cette priorité s'est concrétisée encore davantage par l'INDH, a-t-il dit, notant que ce "projet sociétal" contribue à l'éradication de la marginalisation ou de l'exclusion, et partant à l'élimination des conditions favorisant le développement de la criminalité. Le Délégué interministériel a également mis en relief les efforts consentis par le Royaume en matière de promotion et de protection des droits de l'enfant, ainsi qu'en termes de consécration de la culture d'assistance post-carcérale. Plus la justice est faible et souffre de manque d'indépendance, plus la criminalité évolue et croît", a-t-il estimé, insistant sur le fait que la criminalité devient un frein au développement humain et un obstacle devant le développement de l'Etat de droit, en contribuant à saper les fondements de la paix, de la sécurité et la quiétude des individus et des communautés. Dans ce cadre, M. El Haiba a rappelé que le Maroc n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme sur le danger que représentent le crime transnational organisé et ses corollaires de trafics de tout genre, de terrorisme et de séparatisme, par rapport à la sécurité et la stabilité, "notamment au Sahel, dans notre continent africain, et dans le monde en général". En tant que membre actif de l'ONU, le Royaume s'emploie à l'échelle internationale, de concert avec la communauté internationale, à apporter les réponses adéquates, conformément au Droit international, pour mettre fin à ces fléaux et permettre aux populations de la région de vivre dans la dignité et le respect de leurs droits, a-t-il dit. Sur le plan national, le Maroc œuvre inlassablement pour honorer ses engagements internationaux découlant de la ratification de la majorité des instruments internationaux relatifs à la lutte contre le crime, notamment à travers l'élaboration de politiques publiques globales, basées sur des éléments juridiques et institutionnels complémentaires et fondées sur la bonne gouvernance, le développement intégré, l'éducation et la formation. Evoquant la stratégie antiterroriste du Maroc, M. El Haiba a affirmé que celle-ci a fait preuve de vigilance et de flexibilité, en fonction de la mutation des menaces, ajoutant qu'elle vise à assécher les terreaux du fanatisme et à éradiquer ses racines qui mettent en péril "non seulement le Maroc, mais aussi toute la région". A cet égard, le Maroc a adopté une stratégie pour la prévention et la lutte contre le terrorisme, basée sur une approche intégrée et cohérente qui repose sur la complémentarité de trois piliers, à savoir le renforcement de la gouvernance sécuritaire, la lutte contre la pauvreté, l'exclusion et les inégalités sociales, et la promotion des valeurs de la tolérance religieuse, a expliqué M. El Haiba. Il a souligné que le Royaume demeure convaincu que l'approche sécuritaire ne peut à elle seule faire face à la montée de l'extrémisme, de la haine et du terrorisme, et doit ainsi être complétée par des mesures d'inclusion économique et sociale, et par une éducation religieuse et civique appropriée. Il a rappelé, dans ce contexte, que SM le Roi a hautement veillé à l'organisation d'un dialogue national d'une grande envergure, lequel a abouti à l'adoption d'une Charte nationale pour la réforme du système judiciaire, avec l'objectif notamment de consolider l'indépendance du pouvoir judiciaire, de moraliser son système et de moderniser l'administration judiciaire. Il a fait savoir qu'afin de moderniser encore davantage le système juridique en matière de justice pénale, trois autres projets de loi ont été élaborés pour la création d'un observatoire de la délinquance, d'une banque des empreintes génétiques et la médecine légale.