La nouvelle carte de France des départements confirme la percée de la droite, qui était arrivée en tête du premier tour. Un Français sur deux est allé voter dimanche, une participation en légère baisse par rapport au premier tour. L'UMP et les centristes de l'UDI ont remporté, dimanche 29 mars, une victoire écrasante sur le PS et ses alliés au second tour des départementales, privant la gauche de sa suprématie territoriale avec la conquête d'au moins deux tiers des départements. Selon les estimations, l'UMP et ses alliés de l'UDI remporteraient deux tiers des départements. Le vote-sanction redouté par la gauche au pouvoir est advenu : Nicolas Sarkozy, qui peut se prévaloir d'un succès politique et tactique sur la route de "l'alternance" pour 2017, a voulu prendre acte d'"un désaveu (...) sans appel" envers le "socialisme le plus archaïque d'Europe". "Jamais sous la Ve République, notre famille politique n'avait gagné autant de départements", s'est réjoui Nicolas Sarkozy. "C'est le mensonge et le déni, c'est l'impuissance qui ont été sanctionnés", a-t-il ajouté, ouvrant sans ambiguïté la pré-campagne pour la primaire de 2016 à droite. "La victoire de ce soir revient à tous ceux qui ont fait le choix du collectif", a-t-il lancé, à l'attention notamment de ses principaux rivaux (Alain Juppé, François Fillon...) que tenterait un cavalier seul. L'ancien chef de l'État a annoncé que l'UMP, dont le congrès refondateur aura lieu le 30 mai à Paris, hâterait la rédaction de son projet d'alternance. "Une nouvelle étape s'ouvre, l'espoir renaît pour la France", a-t-il dit. Soucieux de ne pas se laisser distancer, François Fillon a réagi peu après sa déclaration en insistant sur la nécessité d'un projet d'alternance "radical, de rupture" en ligne avec ses propositions économiques "thatchériennes" qu'il oppose notamment au réformisme "prudent" d'Alain Juppé. Le maire de Bordeaux a lui aussi pris date en saluant tout à la fois "la victoire de l'unité", mais aussi de "la stratégie d'alliance de l'UMP, de l'UDI et du Modem" qu'il revendique en dépit de l'animosité de Nicolas Sarkozy envers François Bayrou. La gauche sévèrement sanctionnée Une perte symbolique : la Corrèze, département que dirigea François Hollande de 2008 à 2012, bascule à droite. Manuel Valls, qui a concédé une défaite "incontestable" de la gauche, a assuré avoir entendu les "attentes", "exigences", la "colère" et la "fatigue" des Français "face à une vie quotidienne trop difficile". "J'ai entendu ce message, leur exigence de résultats, mon gouvernement continuera d'y répondre sans relâche", a affirmé le Premier ministre en annonçant pour "les prochains jours" de nouvelles mesures en faveur de l'investissement privé et public. Le Premier ministre Manuel Valls a reconnu dimanche la victoire de la droite républicaine et l'échec de la gauche aux élections départementales, promettant aux Français la poursuite des réformes pour favoriser l'emploi. "La gauche trop dispersée, trop divisée au premier tour, connaît un net recul malgré un bon bilan des exécutifs départementaux", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une déclaration à Matignon. "Les scores très élevés, beaucoup trop élevés, de l'extrême droite, restent un défi pour tous les républicains", a-t-il ajouté. "C'est la marque d'un bouleversement durable de notre paysage politique dont chacun devra tirer les leçons." Manuel Valls a dit avoir entendu "l'attente" voire la "colère" des Français, à qui il a promis de redoubler "d'énergie avec toujours comme priorité l'emploi, l'emploi, l'emploi." Il a annoncé à cet égard pour les "prochains jours" de "nouvelles mesures en faveur de l'investissement privé et public", ainsi que des mesures pour favoriser la création d'emplois dans les petites et moyennes entreprises. Scores très élevés de l'extrême droite François Hollande et Manuel Valls, qui espéraient limiter l'hémorragie, sont désormais sous la pression des "frondeurs" qui ont publié sans attendre dimanche soir un communiqué commun en faveur d'"un contrat de rassemblement". "Sans changements sincères dans les politiques, sans renouvellement de la pratique du pouvoir, la dispersion de la gauche sera irréversible", écrivent-ils. Martine Aubry, dont le département, le Nord, est perdu, devrait sortir également de son silence. Une réunion de ses partisans est prévue mardi pour réclamer une réorientation de la politique économique du gouvernement, jugée trop libérale. Le chef de l'État avait prévenu dès avant le 22 mars qu'il n'infléchirait pas la ligne politique, quel que soit le résultat, et qu'il maintiendrait Manuel Valls, bête noire de "la gauche de la gauche", à Matignon. Le Front national, qui ambitionne d'approfondir son maillage territorial dans la perspective de la présidentielle de 2017, n'a pas réussi à transformer l'essai de son succès en nombre de voix du premier tour (25%). L'institut CSA lui attribue entre 44 et 54 élus départementaux, soit environ 1% du total. Marine Le Pen s'est félicitée d'un "niveau électoral exceptionnel", d'"une étape cruciale sur le chemin du pouvoir". Marine Le Pen a estimé dimanche que le bon score de son camp aux élections départementales était "crucial" sur le chemin menant vers l'arrivée au pouvoir du Front national. "Ce niveau électoral exceptionnel est le socle des grandes victoires de demain", a-t-elle déclaré, saluant une "étape cruciale pour le mouvement patriote sur le chemin du pouvoir." Marine Le Pen a dit compter sur la "multitude de relais locaux" désormais présents "partout en France" pour préparer les échéances électorales, à commencer par les élections régionales de la fin de l'année.