Ainsi donc la mutinerie serait-elle un mode vie d'une frange de l'armée ivoirienne ? La question mérite d'être posée après trois jours de contestation menée par une soldatesque incontrôlée des Forces armées de Côte d'Ivoire (FARCI). Pourtant, l'on croyait révolue cette forme de revendication après la crise qu'a connue le pays. Mais comme dit l'adage, l'appétit vient en mangeant. Les mutins ont compris qu'en descendant dans la rue, terroriser la population, empêchant au passage toutes activités économiques, ils pourront toujours encaisser de gros chèques. De gros chèques, c'est de ça qu'il s'agit. Les faits : lors de la première mutinerie en janvier 2017, les 8400 éléments réclamaient 12 millions de CFA chacun, cinq leur ont été payés rubis sur ongle. Puis le payement des 7 autres a été échelonné sur 7 mois, à raison d'une « brique » par mois. Depuis lors, les mutins ne jurent que par cette manne. Mais voilà, non seulement cette satisfaction de la soldatesque était inopportune car elle provoqua un effet boule de neige pour les autres corporations socioprofessionnelles, et même pour les unités spéciales ivoiriennes. Toutefois, c'était sans compter avec l'effondrement du cours du cacao qui a plombé les caisses de l'Etat, donc un manque à gagner énorme. D'où la négociation du gouvernement pour faire un rétropédalage sur le payement des 7 millions suivi de l'annonce d'un porte-parole pour affirmer que les mutins renonçaient à ces primes restant épouser cette stratégie. Ce qui ne fut pas du goût des soldats rebelles... La suite est connue : braquage, tirs dans l'air, parfois dans la foule, intimidation, coupure de routes... Cependant et au-delà des options ou des négociations qui seront menées pour éteindre cet « incendie », on ne peut s'empêcher de s'interroger fondamentalement sur le rôle d'une armée républicaine dans la consolidation de la démocratie dans un Etat de droit ? Car c'est elle le rempart des déviations et spoliations des politiques. Mais si cette grande muette devient le pourfendeur, comme c'est le cas, le risque de déstabilisation du pays est grand, aux conséquences dévastatrices dans une sous région en proie au terrorisme et à l'islamisme radical. En clair, ces actes d'une extrême gravité sont contraires à la mission de protection assignée aux forces armées. En d'autres termes, quand un militaire agit de la sorte, c'est qu'il est perverti, dévoyé, infiltré et sans formation. Il n'a qu'un seul moyen de revendication : son arme. Triste réalité.