Johan Cruyff s'est éteint ce jeudi à Barcelone à l'âge de 68 ans, des suites d'un cancer du poumon. Il était considéré comme l'une des icônes du football mondial en général, néerlandais en particulier. Cruyff avait érigé le football en art d'abord, en philosophie ensuite et peu de gens comme lui auront marqué et influencé le foot. Il était le meneur de jeu qui avait révolutionné ce poste, en clubs (Ajax Amsterdam et Barcelone, entre autres) et en sélection avec les Pays-Bas. Les moins de vingt ans ne peuvent pas l'avoir connu, et les plus informés, pétris de Messi, Ronaldo et Zlatan, n'en auront au mieux qu'entendu parler… et pourtant. Cruyff restera en effet dans les mémoires comme l'incarnation du « football total » pratiqué par l'Ajax d'Amsterdam, meilleur club d'Europe au début des années 1970. Son jeu était aussi élégant que beau, et terriblement efficace. Avec lui, les amoureux du ballon rond découvriront cette autre façon de jouer qui élève la passe au rang céleste, faite de mouvement et d'interchangeabilité des joueurs, à l'opposé du jeu rigide des Italiens et des Allemands. Il ne remportera pourtant pas de Mondial, mais fera qualifier son pays (pour la 1ère fois depuis 1938), aux Coupes du monde 1974 et 1978. Les Oranje seront deux fois finalistes et, depuis, passeront pour des Grands du football mondial. Autoritaire, narcissique, à la limite de la mégalomanie, il fera deux passages marquants au FC Barcelone. Le premier, en tant que joueur, en 1973, où il aidera son nouveau club à remporter son premier titre de champion depuis 1960, tout en devenant le premier joueur à être élu trois fois Ballon d'Or (1971, 1973 et 1974), le premier à avoir aligné autant de consécrations. Puis il reviendra, de 1988 à 1996, en pays catalan, qu'il marquera de manière inoubliable et indélébile. Il a, entre autres, repéré Guardiola… Il avait le verbe acéré et le sens de la formule, Cruyff, comme peuvent en témoigner ces quelques exemples : « Les footballeurs qui jouent dans la rue sont plus importants que les entraîneurs diplômés », ou encore « jouer au football est simple, mais jouer simplement au football est la chose la plus difficile qui soit » ou enfin « je ne fais presque jamais d'erreurs parce que j'ai beaucoup de mal à me tromper ».
