La détention de l'ex-leader de Sharia4Belgium ne semble pas être un frein aux actions du mouvement. Ce dernier poursuivrait les recrutements de jeunes musulmans pour les envoyer en Syrie. De plus en plus de jeunes sont en effet portés disparu en Belgique. Les parents, quant à eux, n'ont que leurs larmes pour pleurer. Les autorités appellent à la sensibilisation pour mettre un terme à cette situation. Bien que démantelé en octobre dernier, le groupuscule extrémiste Sharia4Belgium continuerait d'enrôler et d'envoyer les jeunes belges en Syrie, révèle le dernier rapport d'Europol sur la situation du terrorisme en Europe récemment publié. Pourtant à Anvers, lieu de naissance de ce mouvement désormais considéré comme terroriste par les autorités de la ville, la police a récemment mis en place un dispositif de surveillance des jeunes. Même si l'ancien porte-parole de ce mouvement, Fouad Belkacem, est actuellement derrière les barreaux, attendant sa comparution prévue en juin prochain, les enquêteurs sont cependant convaincus que Sharia4Belgium est responsable de l'envoi de trente-trois jeunes en Syrie. «Quand on connait leur discours et les idées qu'ils défendent, c'est facile de tirer les conclusions» A Bruxelles, Abdelwahad sombre dans la désolation et la peine. Ses deux fils, Zacharia et Ismail, âgés respectivement de 23 et 16 ans, sont récemment partis combattre aux côtés des rebelles syriens. Les jeunes garçons avaient pourtant une vie tranquille. L'ainé, étudiant en ingénierie électro-mécanique était un «gamin joyeux et vivant» bien intégré dans la société belge, tandis que le cadet, lycéen, avait une scolarité irréprochable, tels que les décrit leur père. Ce Marocain se dit convaincu que Sharia4Belgium est à l'origine de cette affaire. Il a fait le voyage jusqu'en Turquie où ses fils ont séjournés avant de rejoindre Alep, mais il n'a pas pu mettre la main sur eux. En l'espace de quelques semaines «dans ma commune, nous sommes passés de 9 disparitions à 17 avec suspicion de départ en Syrie», révèle à Yabiladi Ahmed El Khannouss, échevin (adjoint au maire) à Molenbeek Saint Jean. En tant que politique, il préfère rester prudent concernant les recrutements par Sharia4Belgium. Toutefois, «les rapports de la police montrent que certains jeunes en fuite ont eu, à un moment ou un autre, un contact avec les membres de ce groupuscule qui ne sont pas des enfants de cœur», tient-il à préciser avant d'ajouter : «quand on connait leurs discours et les idées qu'ils défendent, c'est facile de tirer les conclusions». Sensibilisation La situation devient de plus en plus inquiétante pour les familles belges, dont certaines ont déjà perdu leurs enfants sur le champ de bataille syrien. «La communauté d'origine marocaine réagit très mal à ce qui se passe. Voir partir des enfants de quinze, seize ans, c'est effrayant !», s'alarme M. Khannouss. D'autant qu'il ne s'agit pas d' «une promenade de tout repos». En effet, bien que plusieurs jeunes belges convertis à l'islam se soient enrôlés, les Marocains d'origine sont les plus nombreux. Alertés par les autorités du pays, plusieurs organisations religieuses musulmanes dont le Conseil européen des oulémas marocains [CEOM] ont appelé les jeunes belges à ne pas aller combattre en Syrie. Pour Ahmed Khannouss, «Il y a un véritable travail de sensibilisation à faire», afin de mettre fin à ce phénomène.