«Impair» et «maladresse». C'est par ces mots que l'agence Sputnik a qualifié la réunion d'El Othmani avec le chef de la diplomatie du Kosovo à New York. Message d'une partie de l'establishment russe au Maroc ? Presque une semaine après la réunion controversée de Saâd-Eddine El Othmani avec le ministre des Affaires étrangères du Kosovo à New York, l'agence Sputnik remue un peu le couteau dans la plaie. Sous le titre «Impair kosovar du PM marocain : 'Un Premier ministre ne devrait pas faire ça'», le média russe estime que par cette rencontre le «Maroc a froissé ses partenaires serbes et indirectement russes». Et de rappeler que, deux semaines auparavant, la Serbie et le royaume se sont mis d'accord à l'occasion d'une visite de Nasser Bourita à Belgrade, sur «leur engagement à ne pas remuer les plaies sécessionnistes. La République du Kosovo, dans un cas, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dans l'autre», écrit Sputnik. L'agence russe rappelle les faits, cite les explications d'El Othmani concernant sa rencontre avec le Kosovar Behgjet Pacolli mais au fil des lignes elle s'écarte du sujet pour se focaliser sur la position de la Russie au sujet du dossier du Sahara occidental. Message de la Russie au Maroc ? Sputnik croit que le Maroc a besoin en ces temps de la «neutralité positive de la Russie (…) pour deux séries de raisons (…) La nomination, en mars dernier, du néoconservateur John Bolton au poste de conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche n'est pas pour rassurer Rabat sur le soutien indéfectible, jusque-là, des Américains». Décidé à ne pas lâcher le chef du gouvernement, le média russe affirme que la «maladresse» d'El Othmani «n'a d'ailleurs pas manqué d'être épinglée dans les médias et les réseaux sociaux». Et de rappeler la question orale adressée par le député du PAM, Abdellatif Ouahbi, au ministre marocain des Affaires étrangères sur les conséquences de la réunion d'El Othmani avec le chef de la diplomatie du Kosovo sur les relations internationales du royaume. D'habitude chez Sputnik, média très proche du Kremlin, la publication des articles de ce genre répond à des considérations bien particulières. Par cet article, l'establishment russe semble ainsi adresser un message au Maroc. Le contexte particuliers des relations de Rabat avec l'administration Trump est également à signaler : après des mois de froid, l'annonce de ses ambitions gazières au royaume pourrait les réchauffer. En ce mois d'octobre, le Conseil de sécurité devrait proroger le mandat de la Minurso pour six mois supplémentaires. La réunion entre El Othmani et Behgjet Pacolli n'a pas pour autant empêcher Nasser Bourita de rencontrer son homologue russe Serguei Lavrov à New York en marge de la 73e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Une rencontre marquée par la présence du chef de la DGED, Yassine Mansouri.