Le fait qu'un magistrat déboute le ministère de l'Intérieur -représenté par le wali de Rabat Abdelouafi Laftite- dans un contexte politique particulier pourrait être interprété comme un signe positif par tous ceux qui appellent de leurs vœux une justice indépendante. Cela est effet constitutif du socle de tout régime démocratique, dans lequel le citoyen jouit de ses droits dans l'égalité et l'équité. Cependant, cette illustration ne pourrait être généralisée ou considérée comme l'expression de l'indépendance et de la neutralité de la justice au Maroc. Le chemin qu'il reste à parcourir avant d'aboutir à un système verrouillé, infranchissable et constituant la garantie, pour l'Etat et le citoyen, des droits des institutions et des individus est certes long; cependant, force est de constater que sous le mandat de l'actuel gouvernement, le gardien des sceaux, Mustapha Ramid, a bien voulu donner un coup de pied dans la fourmilière. L'homme a couru «le risque» de se mettre pratiquement tous les intervenants, dans le système judiciaire, à dos pourvu qu'un brin de réforme voit le jour. Il faut rappeler que ses prédécesseurs, dont les socialistes Mohamed Bouzoubaa et Abdelouahed Radi, n'ont jamais daigné évoquer une piste de réforme ou ne serait-ce que tenter de secouer le cocotier. L'on sait que les clivages sont tellement importants que les ministres se succédant à ce poste évitaient de heurter les «sensibilités» en échange de la paix sociale! Le seul qui avait essayé de faire bouger les choses était Omar Azziman, actuel conseiller du roi, avant de battre en retraite suite à une levée de bouclier contre sa personne, fruit des intervenants du secteur. Aujourd'hui, le Maroc a franchi une étape importante dans l'édifice de réforme grâce à une volonté politique de fer du ministre de tutelle, Ramid, jouissant d'un solide soutien royal. Un chantier à poursuivre quelle que soit l'issue du scrutin.