M. Hamid Chabat a accordé au quotidien « L'Economiste » un entretien publié dans sa livraison de mardi et que nous reproduisons ci-après : - L'Economiste : Le « changement », c'était le slogan de votre campagne. Maintenant que vous êtes à la tête du PI, quels seront vos rapports avec ceux qui ont soutenu le courant du conservatisme ? - Hamid Chabat : La campagne s'est terminée avec l'élection du nouveau Secrétaire Général. Maintenant, il est le Secrétaire Général pour tous les Istiqlaliens. En fait, il n'y a jamais eu deux courants au sein de notre formation politique. Nous avons surtout des idées que chacun exprime différemment, à sa manière. Aussi, ces élections n'ont pas donné un vaincu et un vainqueur. Notre parti en est sorti grand gagnant en optant pour une réelle démocratie en se référant aux urnes pour le choix du leader. A mon avis, le 23 septembre doit être décrété comme un jour de fête pour l'Istiqlal aux côtés des autres célébrations instaurées par nos anciens et à leur tête le «Zaïm» Allal El Fassi. L'Histoire du parti est pleine d'enseignements, à commencer par le mouvement nationaliste jusqu'à l'indépendance. Aujourd'hui, nous avons libéré le parti de la gouvernance absolue opérée par une seule mouvance. Les militants doivent donc être fiers car ils bénéficieront désormais d'un équilibre social et politique et jouiront d'une véritable liberté d'expression et d'initiative. Je rappelle que l'Istiqlal est le parti de tous les Marocains. Je tiens à les rassurer que nous avons coupé avec l'époque de la rente politique et nos portes sont ouvertes pour les accueillir. Je lance également un appel aux compétences du parti pour qu'elles se manifestent, s'épanouissent et participent au développement de leur pays. - Vous avez certainement des priorités pour la mise à niveau du parti ? Et aussi dans la relation avec le gouvernement... - A partir d'aujourd'hui, notre parti retrouvera son dynamisme et sa force. Ceci, grâce à la mise en œuvre du programme que j'ai proposé. Lequel porte notamment sur la démocratie interne, le respect des règlements intérieurs du parti, la modernisation de sa gestion, la décentralisation partisane, la consolidation des prérogatives des inspecteurs, la communication ainsi que la gouvernance et la transparence financières. En tout, les 19 points du programme ont mis en avant l'importance du renforcement de l'ancrage du parti dans ses idéaux et choix politiques. Je vais tout faire pour la restructuration de l'Istiqlal et la consolidation de ses fondamentaux ainsi que la promotion de l'égalité des chances en faveur de ses membres qui désirent assumer des responsabilités. Pour commencer, les plus créatifs ne resteront plus cantonnés dans les seconds rôles. Ils seront donc mis en avant afin de les pousser vers des postes de responsabilités de plus en plus importants. Dans l'immédiat aussi, nous allons renforcer le travail gouvernemental et la productivité des ministres de l'Istiqlal au sein de ce gouvernement. Ceci passera par une action participative dans laquelle tous les militants auront leur mot à dire. Nos «ministrables» seront de ce fait obligés d'établir des rapports sur l'évolution des différents chantiers lancés par leurs départements respectifs. Nous en exigerons aussi l'application du programme électoral qui nous lie à nos électeurs. Je rappelle à cet égard que les Marocains attendent depuis plus de 10 mois des actions du gouvernement en exercice. Mais, force est de constater que son rendement est encore faible. Alors, pour renforcer son action, il doit sortir le pays de la crise et du marasme social. - Pouvez-vous aller jusqu'à proposer un remaniement ministériel? - Il ne faut pas considérer le remaniement comme un mauvais pas ou quelque chose de négatif. S'il doit y avoir un remodelage de l'équipe gouvernementale, cela se fera surtout pour assurer une certaine égalité vis-à-vis de la femme. Et aussi, pour avoir une représentativité des provinces du Sud au sein de cette équipe. Quant à nos ministres, il faut reconnaître qu'à l'image de tout le gouvernement, leur rendement reste faible. Ceci serait dû à l'absence d'un leadership. Nos ministres doivent désormais être forts et devront rendre comptes aux militants dans les différentes régions du Royaume. Le Conseil national a aussi le droit de leur demander des explications à la fin de chaque mois. Et c'est cette démocratie que nous voulons avec notamment des ministres de plus en plus accessibles, communicatifs et productifs. Donc, pour moi, le remaniement ne peut être que positif. - Les ministres istiqlaliens sont critiqués sur leur manque de productivité? - Tout à fait. Mon objectif est de faire du PI la première force politique du pays, en unifiant ses rangs et ses membres. Nous voulons donc des ministres qui descendent sur le terrain. Au niveau du parti, nous avons déjà lancé le processus de rajeunissement des différentes instances, à commencer par le Comité exécutif qui réserve désormais 4 sièges à la Jeunesse Istiqlalienne, 6 pour la femme et 16 pour le reste des membres. Pour ce qui est des antennes régionales et circonscriptions locales, nos élus et militants auront la tâche de suivre de près les programmes communaux, et écouter les doléances de tous les citoyens. En d'autres termes, notre formation évoluera, enfin, de parti familial à un parti des structures.