Sidi Ifni et les émeutes L'agitation s'est encore manifestée, ces derniers temps. En dépit de l'accalmie qui a émaillé les rues de cette contrée, très mouvementée, depuis déjà des lustres. La province de Sidi Ifni, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est constamment sur un plat brûlant. Depuis un certain temps, les accrochages musclés entre les forces de l'ordre et les manifestants faisaient rage. Le déclic de cette empoignade n'est autre que la situation sociale, en particulier le chômage parmi les jeunes. Il va sans dire que cette situation crispée risque de dégénérer à tout moment. Tout le monde est en état d'alerte pour éviter tout débordement. Les autorités semblent concilier le souci sécuritaire et l'application des dispositions qui s'imposent, sans pour autant s'impliquer directement dans ces démêlés. Cependant, il faut bien dire que la vie active mène son train-train quotidien dans une quasi-sérénité. Ceci dit, il va donc falloir chercher les véritables causes d'une telle résurrection qui, a priori, est une connotation qui intervient en solidarité avec un jeune détenu, mais qui aurait sans nul doute d'autres causes plus profondes, inhérentes à la situation générale, en termes d'attentes des populations. On rappellera que la province de Sidi Ifni avait connu, il y a quelques années des dérapages déplorables, à cause, justement, de son statut de zone exclue et constamment marginalisée. Il est vrai que certaines revendications sont entachées de surenchères politiciennes extrémistes. Néanmoins, nombre de déficits au niveau des exigences de vie les plus élémentaires sont saillants, au point de provoquer des sentiments de frustration et de révolte chez les habitants en perpétuelle déconsidération. Raison pour laquelle, on s'est hâté d'ériger la localité en province afin de crever l'abcès. Après un peu plus de deux ans, il paraît bien que les améliorations attendues ne parviennent pas à colmater toutes ces brèches. Le taux de chômage très élevé excède les jeunes, d'autant plus que, excepté les emplois qu'offre le port local, les autres unités qui ont investi dans cette région ont un encore un impact très limité face à l'effectif toujours grandissant des chômeurs, surtout ceux en possession de diplômes. D'autre part, en dépit de certaines réalisations, les infrastructures de base semblent traîner, à la grande déception des populations mises à mal par ces carences criardes. Devant ces insuffisances qui sont, en réalité, des cumuls de dizaines d'années d'exclusion totale, certains énergumènes inciviques poussent le clou au fond afin de créer un climat de tension et de malaise. Toutefois, il est plus loisible de regarder les réalités en face et y trouver les solutions idoines en vue de couper court à toute entreprise malintentionnée.