On se souviendra, comme si cela datait d'hier, des émeutes qui ont marqué la zone des Ait Bâamrane. En effet, Sidi Ifni, nouvellement érigée en province, il y a deux ans, ne parvient toujours pas à se frayer le bon chemin du développement multidimensionnel escompté. Plusieurs mouvements ont, depuis des lustres, émaillé cette localité abandonnée à son sort. Dans ce sens, on se rappellera la première résurrection, il y a à peine cinq ans, dans toute la ville en flammes et en sang. Ces soulèvements virulents ont occasionné des arrestations parmi les jeunes manifestants et, par la suite, des entités de défense pour la libération des détenus et l'expansion de la zone marginalisée se sont constituées, au côté d'une instance appelée à l'époque le «secrétariat » qui mobilisait les populations endolories. Au fil du temps, cette structure devenait un interlocuteur crédible au sein des masses et se payait même le luxe d'accéder, pour une bonne partie, à la municipalité, lors des communales de 2009. Cependant, en dépit de tous ces indicateurs plutôt positifs, les améliorations tous azimuts semblent trouver beaucoup de peine à s'accomplir, pour le malheur d'une démographie urbaine de la ville d'un peu moins de 20 000 habitants. Aujourd'hui, les chômeurs, affiliés dans pas moins de 13 associations spécifiques, montent au créneau et menacent d'appeler à une quatrième résurrection. Cependant, on retiendra que les diplômés-chômeurs dont les adhérents sont exclusivement détenteurs des licences, ne sont pas aussi « turbulents » que leurs homologues aux niveaux d'instruction beaucoup plus bas. On reconnaitra aussi qu'un effort non négligeable a été déployé pour réduire le taux de ce phénomène exacerbant, puisque plus de 50 d'entre eux ont été directement recrutés dans la fonction publique. Dans la foulée, plus de 70 sollicitent encore un travail décent. Récemment, environ cinq associations ont signé une missive adressée au chef de gouvernement, selon laquelle les chômeurs se préparent à une nouvelle manifestation et endossent la responsabilité de tout débordement au gouverneur et à l'Etat. Les signataires estiment, en effet, que leurs doléances sont restées lettres mortes, que la politique de l'exclusion a affecté leur situation de plus en plus critique, que les autorités locales procèdent par discrimination concernant les embauches, car, selon eux, celles-ci s'adressent arbitrairement aux jeunes qui viennent d'autres villes. Enfin, la lettre exhorte l'ouverture d'une enquête centrale responsable et sérieuse pour éviter tout dérapage, d'autant plus que les chômeurs observent, depuis un mois, un sit-in continu auquel les citoyens expriment un soutien total et annoncent leur contribution à ce mouvement solidaire . Néanmoins, il faut bien dire que nombre de projets structurants sont en passe de voir le jour. On notera les travaux de la mise en œuvre de la maison des pécheurs dont le coût d'exécution s'élève à environ 34 millions de dhs, ce qui insufflera une dynamique propulsive dans l'enceinte du port en chantier permanent. Par ailleurs, on constatera non sans réjouissance, la réalisation imminente de la salle couverte et de la maison des jeunes, la mise en place des espaces verts, le nettoyage des voiries et des quartiers, la mise en marche des maisons d'hôtes agréées, outre les hôtels haute de gamme en vue d'asseoir la capacité litière pour un tourisme de plus en plus avenant. Nonobstant, en dépit de toutes ces prouesses, il va sans dire que les besoins en infrastructures de base sont loin de satisfaire la population d'une cité, longtemps ignorée. Son enclavement au niveau du littoral est problématique. D'aucun souhaiteraient, effectivement, qu'un accès routier, de moins de trois cents kilomètres, soit confectionné dans le pourtour côtier, reliant Agadir à Tan Tan, via Sidi Ifni. Cette dernière serait, en conséquence, une charnière dans ce trafic de plus en plus important et serait, sans doute, un moyen sine qua non, de redynamiser une ceinture balnéaire liant les stations touristiques d'Agadir et, plus tard, celles de Taghazout, Sidi Ifni et la plage blanche à Tan Tan qui renferme, à elle seule, une côte linéaire de plus de 60 kilomètres, à perte de vue. Dans le même ordre d'idées, Sidi Ifni profitera pareillement de l'apport fructueux du port qui, il est vrai accuse un retard déconcertant, mais il est incontestablement voué à un essor économique des plus certains. Sa proximité avec une ville culturelle émergeante tel que Tiznit et la ville de Guelmim en plein dynamisme, notamment en trafic commercial, aurait des retombées bienfaitrices sur son rayonnement. Il est donc insensé de tenter d'hypothéquer tout son potentiel par des mouvements destructeurs. Il serait, à coup sûr, plus sage de raisonner autrement, en faisant appel à un débat serein et responsable pour assurer la stabilité.