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«Casablanca, la ville où les gens font fortune»
Rachid Andaloussi : Regard d'un architecte sur la ville de Casablanca (9)
Publié dans Albayane le 19 - 07 - 2013

Rachid Andaloussi : Regard d'un architecte sur la ville de Casablanca (9)
Dans cette série d'entretiens, l'architecte de renommée internationale Rachid Andaloussi raconte l'histoire de Casablanca à sa manière. Avec son regard perspicace, sa vision des choses exceptionnelle, l'enfant de la métropole nous fait découvrir cette ville mouvementée qui brille par la richesse de son patrimoine architectural et ses édifices hors pair. Et ce n'est pas tout. Ce militant, défenseur acharné de la modernité, nous raconte son combat intense, mené depuis des années, afin de concilier la capitale économique avec son passé glorieux et la remettre sur le bon chemin à l'instar des plus belles cités mondiales. Bourré d'espoir et d'un optimisme inégalé, Andaloussi place haut la barre, espérant qu'un jour Casablanca organise les jeux olympiques. Un rêve tout-à-fait légitime, martèle-t-il, soulignant dans ce sens la nécessaire implication de toutes les bonnes volontés. Les propos.
Al Bayane : Comment Lyautey a trouvé Casablanca lors de son arrivée au Maroc ?
Rachid Andaloussi : Au début du XXe siècle, Casablanca était juste une petite ville repliée sur elle-même, tournant le dos au petit port, qui était encore une darse. En comparaison avec d'autres villes, à l'époque, telles Mazagan, Mogador, Casablanca semble engloutie dans une léthargie interminable. Mais, grâce à la présence des étrangers, Dar el Beida avait un certain goût pour le business. Et pour construire la ville et lui procurer une bouffée d'oxygène, Lyautey avait l'ingénieuse idée de bâtir le port qui se situait à proximité de l'ancienne médina, là où il y avait les vraies activités. En fait, c'était au café central où se font les transactions des achats et des ventes des lots de terrains. Le café central ressemble presque à la bourse de nos jours. On y trouve les promoteurs immobiliers, les commerçants, les courtiers...Il s'agissait d'un espace dédié à toutes sortes de spéculation. Bref, Casablanca était la ville où les gens font fortune. C'était le Far West. Les gens étaient aussi armés. On vient de sortir de l'ère de la Siba, marquée par la violence et le désordre. La ville n'a pas été également épargnée par la mafia. Il s'agit là d'une règle qui s'applique à toutes les métropoles du monde. Puis, la ville à commencé à se construire par le développement de son port, mais pas d'un seul coup. Cette infrastructure s'est construite sur plusieurs phases. Lyautey a veillé, en première lieu, à développer l'activité économique du port, en instaurant les droits douaniers comme la taxe d'amarrage, l'imposition des marchandises...
Quelle superficie a été consacrée à la construction du port ?
Le port a été construit sur une superficie de 140 ha. Il était protégé par deux jetées. La jetée Ouest est d'une longueur de 1920 m. Quant à la jetée Est, elle mesurait 870 m. Ces chiffres datent du 31 décembre 1923. Le plus important, c'est que la surface gagnée sur la mer était de 180.000 m2.
Le port a joué rôle important dans la promotion de la ville. Outre le volet marchandises, le port s'est transformé en une gare pour les voyageurs. Casablanca fut connecté par des lignes régulières à Gibraltar, Bordeaux, Marseille, Alger, Anvers... Et ce n'est pas tout. Le port est devenu également un lieu d'escale pour les pays de l'Afrique de l'Ouest et le Congo en Afrique centrale. Le port a ainsi crée une grande dynamique. Casablanca est devenue donc une terre d'immigration, ou le dream-casablancais pour ceux qui rêvent de faire fortune. Elle a ainsi connu une croissante démographique galopante, s'élevant à 288% entre 1907 et 1921.
Après la construction du port, quelle sera la prochaine étape de de Lyautey ?
Il faut rappeler qu'à l'arrivée de Lyautey, la majorité des terres à Casablanca étaient la propriété de deux familles allemandes. Elles dominaient presque tous les terrains, allant du port jusqu'à Fedala (Mohammedia actuellement). Il s'agit des familles Fick et Mannesmann. Pour réaliser ses projets urbanistiques, Lyautey a dû recourir à une arme efficace, en décidant de mettre sur pied une loi sur l'expropriation (dahir d'août 1914). Et en se basant sur ce texte juridique, le boulevard des 4 Zouaves (actuellement Felix Houphouet Boigny) a été élargi... Lyautey a essayé de créer à Casablanca un climat de stabilité et de confiance. Il s'est également attaqué au chantier de l'industrialisation de la ville : abattoirs, brasseries, minoteries, centrale thermique en 1920 à Roches noires et la création des institutions et établissements étatiques.
Quid des établissements administratifs ?
Lyautey et vu son expérience a compris que la mise en place d'un Etat fort, nécessite des moyens de communication. Son objectif était de faciliter la communication avec l'extérieur, mais aussi faire affluer les capitaux vers Casablanca. Le premier bâtiment qu'il a construit après le consulat de France, c'est la Poste de Casablanca. Il faut souligner que la présence d'un équipement d'Etat dans l'espace urbain est d'une importance primordiale.
En tant qu'architecte, quelle analyse architecturale faites-vous de cette œuvre?
Le mérite de Lyautey comme je l'ai dit avant, c'est qu'il ne fait jamais table rase. Il opère toujours des changements en douceur.
La Poste de Casablanca n'était qu'un début et l'essentiel pour Lyautey était de vulgariser et mettre en valeur l'architecture arabe pour que tout le monde la voit et la contemple. L'architecture auparavant était une question d'élite et ne profitait qu'aux grandes familles nanties, propriétaires de riads de luxe. Le résident général de France s'est appuyé sur le savoir faire des artisans marocains. Cet édifice remarquable et érigé en plein centre-ville contient des décors de zellige vert, des arcades, des frises de tuiles, des bois sculptés.
C'est un ordre architectural qui respecte les normes de la construction. François Béguin, un chercheur français, l'avait décrit comme un style «Arabisances».
A quoi est dû, à votre avis, cet intérêt pour le savoir faire artisanal marocain ?
Je pense que l'architecte français Adrian Laforgue qui a conçu la Poste de Casablanca a été sous l'influence de ce qu'il a réalisé en Algérie et en Tunisie.
D'ailleurs moi, je refuse cette connotation (style arabisances) qui me parait péjorative. Le Maroc est d'ailleurs la création de diverses communautés, arabes, andalouses, berbères, juives...Nous sommes un pays multiculturel.


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