Sans attendre les résultats du recensement général de la population en cours de réalisation et comme tout un chacun peut le constater par lui-même; on peut affirmer, sans risque d'être démenti, que le Maroc évolue et que les Marocaines et les Marocains changent. Cette mutation nécessite obligatoirement la mise en place d'un certains nombre de dispositions et de mesures, tant au niveau législatif qu'au niveau réglementaire, pour que la gestion des affaires s'améliore, accompagne ce changement et ses incidences sur la vie quotidienne des gens. Sans cela, un déficit de gouvernance se crée et s'ajoute aux dysfonctionnements issus de la non-conformité des lois et des règlements aux besoins nouveaux de la société et au respect des engagements et des garanties reconnues précédemment par l'Etat. L'immobilisme et le maintien du statu quo n'ont jamais répondu aux attentes de la population et à ses besoins dans la réalisation d'une société plus juste dans la répartition de ses biens et dans la garantie des droits fondamentaux des personnes. Les crises, ainsi établies, trouvent en temps opportun des résolutions adéquates par la réforme ou, dans le cas contraire, altèrent la stabilité politique et nuisent au développement de la nation dans son ensemble. L'antagonisme des intérêts, voire celui «des projets de société» peut conduire à la confrontation sociale en lieu et place du dialogue raisonnable et constructif si les politiques et les parties prenantes n'arrivent pas à mettre en œuvre leur «art du possible» au service du plus grand nombre et en assurant la protection des faibles et des démunis. Certes, il y a des cas où il faut donner du temps au temps pour réussir la réforme. Encore que la réussite de la réforme engagée n'est nullement garantie par cela. Exemple: la mise en œuvre de la Charte nationale de l'éducation et de la formation pendant plus d'une décennie a abouti à la mise en place d'un plan d'urgence dont la réalisation elle-même est sujette à controverses; et sans pour cela, que notre système éducatif ne soit en adéquation avec les besoins de notre société. L'espoir est que la Charte de la Réforme du système judicaire ne connaisse pas le même destin. La réforme n'est pas facile à réussir. La transparence aide la réforme à se faire alors que l'opacité la tue. La négociation politique pour faire aboutir la réforme est aussi délicate que celle d'un virage dans une autoroute de montagne : sans précipitation mais en y allant résolument. Elle ne peut souffrir des hésitations ou des dérives qui la discréditent. En vrac et à différents niveaux, des faits qui relèvent les difficultés de réformer et de bien le faire. La mise à niveau libérale du secteur de la santé ne peut faire comprendre la mort récente d'une jeune fille à Agadir suite à une amygdalectomie dans une clinique privée. La gestion des abattoirs de Casablanca ne peut se faire sans cadres compétents même si elle est accordée à une «société de développement local» après l'abandon du délégataire turc. Le régime des retraites ne peut être assuré dans l'avenir proche sans amender sa configuration paramétrique mais aussi une refonte systémique; encore heureux si l'abattement fiscal n'érode pas la pension attribuée. L'informatisation et l'adoption d'une carte d'identité nationale biométrique devrait normalement préserver la quiétude d'un homonyme et non le soumettre à un stress judiciaire en lieu et place d'un malfaiteur qui échappe aux autorités. Pavé dans la mare ! La réforme urgente de la Caisse de compensation doit-elle prendre en considération l'indexation des salaires sur les prix de consommation ? Tout cela pour conclure qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire comme le veut l'adage, même si les déséquilibres sont ressentis beaucoup plus en temps de crise économique que pendant les périodes de croissance. Ce que demande le peuple, c'est de bénéficier véritablement de la réforme et non d'admirer béatement son vernis afin que les institutions nationales soient consolidées et la justice sociale réalisée. Des réformes justes et équitables qui accompagnent le changement et qui permettront aux sujets de Sa Majesté de profiter de leurs droits de citoyens.