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Inflation galopante ou modérée. Quelle issue?
Publié dans Albayane le 10 - 04 - 2023


Par Ghermaoui Mohamed
Avant propos
Il est d'une erreur stratosphérique de considérer en macroéconomie qu'un levier quelconque est en mesure à lui seul de constituer une panacée face à une situation économique chancelante et en déliquescence. C'est autant vrai pour une crise éphémère qu'endémique. Par ailleurs, les crises économiques ne peuvent se cloitrer ni dans le temps ni dans l'espace. Leur chronologie est souvent enrobée dans un processus cumulatif reculé et profond.
L'importance du diagnostic repose sur une approche systémique et profonde et ne devrait en aucun cas se limiter aux symptômes apparents et sous-jacents. Sinon, les supputations et les conjectures étalées et inférées risquent de voler en éclats et induisent à des résultats cataclysmiques.
De quoi s'agit-il ?
Dressons le paysage et le déroulement des faits. En résumé, récemment, il s'est avéré que la situation économique au Maroc est imprégnée essentiellement d'une inflation historique sans précédent. Le prix de certains aliments (essentiellement les denrées alimentaires) ont dépassé largement 50%.
Et après ?
Face à ça, trois institutions publiques ont réagi en mettant sur la table des propositions, des palliatifs distincts et différenciés pour laminer et désagréger cette inflation et de facto infléchir sa tendance. Il s'agit du HCP, de la BM(Banque Centrale/du Maroc) et du MF (LF), Ministère des Finances (Loi de Finances).
Le HCP considère que la crise est structurelle et soutient que l'inflation n'est en aucun cas éphémère. Ce faisant, le HCP propose une refonte catégorique des chaînes de production en vue d'une relance de l'offre et décrit solennellement la thèse de la BM qui prône le levier monétaire pour faire face à cette inflation subite. Dans une autre perspective, la LF soutient une croissance soutenue, basée essentiellement sur la relance l'investissement public.
Questions
Ces propositions sont elles justifiées, rationnelles, conformes, cohérentes, suffisantes, etc.
Essayons de participer à ce débat tout en reconnaissant qu'il n'y a pas de baguette magique ni une recette miraculeuse bien conçue. Néanmoins, il demeure important de préciser que les péripéties théoriques et l'expérience surtout sont à l'œuvre pour nous aiguiller et baliser les itinéraires à emprunter.
Avant d'échafauder une démarche idoine pour permettre un processus en mesure de nous épargner de ces situations catastrophiques à CT (court terme), soulignons quelques réflexions pertinentes.
1. La croissance économique est un concept lié à des variables structurelles/MT (moyen terme) voire même lourdes/LT (long terme). Je m'explique. Nous ne pouvons envisager une démarcation/inflexion par rapport à la tendance actuelle du taux de croissance (plus de 3% par exemple) que par une politique volontariste et déterminée qui fixe des objectifs à LT. Autrement dit, il est impossible de changer la tendance de la croissance à MT. Le CT n'est même pas envisageable.
2. La planification stratégique de développement repose essentiellement sur l'hiérarchisation des objectifs. Il est vain de prétendre aligner tous les objectifs de relance économique et s'atteler à les servir tous au même temps. Il faut nécessairement faire des choix et procéder à la priorisation.
Pour mieux comprendre cette assertion, essayons d'illustrer nos propos par un exemple concret. Si après avoir analysé et scruté toutes les interfaces (les sous systèmes dans le langage de la planification stratégique) de notre système politique et socioéconomique, il s'avère que le plus déterminant levier est celui de l'école (système éducatif), alors il devient prioritaire et il faut mettre le paquet sur ce secteur. Mieux encore, tous les autres secteurs devraient soutenir et accompagner cette décision.
3. Une vision stratégique, sans doute nécessaire et obligatoire, ne peut être efficace et prépondérante que si elle émane d'un diagnostic et une analyse multidimensionnelle juste, audacieuse, authentique et pertinente. La démarche systémique à ce niveau est sans équivoque.
4. En supposant que le bon diagnostic est fait, il est primordial de considérer la temporalité et la typologie des effets des propositions recommandées. Je m'explique. Tel qu'il soit le phénomène posé, d'ailleurs la théorie macroéconomique le préconise, il faut distinguer aussi bien au niveau du diagnostic que lors des conjectures, la dimension chronologique CT, MT, et LT. Autrement dit, il y'a des mesures et des politiques (monétaires, financières, réelles, etc) qui peuvent influencer le cours des évènements à CT mais jamais à MT ou à LT, et vice versa.
5. Pour faire face à une crise économique, les propositions, les mesures, les politiques et les recommandations devraient s'intégrer dans une vision fonctionnelle et cohérente. Dans la pratique, il y'a des configurations (modèles économétriques, comptables, MEG, etc.) qui permettent à assurer cette préoccupation majeure.
6. Il ne faut en aucun cas comprendre qu'il y a une séparation entre les agrégats macroéconomiques et leur temporalité. Au contraire, l'interpénétration entre eux est implacable et chacun détermine et impacte l'autre. Toute proposition faite devrait prendre en considération aussi bien l'impact sur son environnement que sur les objectifs stratégiques choisis dans la vision globale de la nation.
7. Le débat sur la dichotomie est dépassé dans la mesure où l'interaction et l'effet de causalité entre la sphère réelle et financière est confirmée et avérée. Il suffit tout simplement d'identifier et de cerner les interactions et spécifier la nature et l'ampleur de ces interferences.
8. Lorsqu'il s'agit d'explorer et décortiquer une interface macroéconomique, il faut nécessairement comprendre et préciser sa temporalité car de cela que se dégagent l'approche, les instruments d'analyse et d'évaluation et les recommandations adaptées qui devraient être soumises et mises en exergue.
9. L'inflation est généralement déclenchée et ravivée par trois phénomènes. L'inflation par les coûts, l'inflation par la demande/l'offre et l'inflation par la monnaie. Du coup, les prix augmentent (inflation) si les coûts du système productif augmentent ou la demande des produits et services sur le marché augmente (ou l'offre diminue) ou la circulation de la monnaie dans les rouages économiques est trop forte par rapport à l'activité économique.
En se limitant à ces petites remarques que les macro-économistes et les économètres ne peuvent remettre en cause, il est à proposer les pistes de réflexions suivantes :
1. Face à l'inflation actuelle au Maroc, qu'elle soit conjoncturelle ou structurelle, il faut nécessairement prendre des décisions à effet CT tel que proposées à juste titre par la BM. Cette proposition reste inerte si elle n'est pas accompagnée et relayer par d'autres mesures telles que la lutte contre la spéculation et l'intermédiation abusive, la limitation de l'exportation des denrées alimentaires basiques, le contrôle des prix, le soutien des couches sociales précaires, la réforme de la politique salariale, etc.
L'Armageddon monétaire est nécessaire mais pas du tout suffisant.
Le débat porté par le HCP à travers son Haut Commissaire dans un récent interview se planche surtout sur l'aspect structurel de la problématique et condamne à tort la démarche et les mesures proposées par la BM, qui destinées plutôt à apporter des réponses à CT.
Certes le débat se pose sur le choix entre les politiques d'offre ou de demande ou les deux au même temps pour conduire et opérer une stratégie adoptée. Mais la question ne se pose pas à cet égard. La question idoine, est que faut-il faire maintenant pour diminuer de l'acuité de l'actuelle inflation. Généralement les leviers monétaires, entre autres, apportent des éléments de réponse adéquats à cette question. Nous sommes dans le CT, pas dans le MT ni le LT.
Comme c'était précisé ci-dessus, les diagnostics, les approches, les méthodologies, les instruments diffèrent selon la problématique posée en fonction de ses attributs subsidiaires et ses caractéristiques inhérentes.
2. Sur un autre registre, prétendre que l'actuelle inflation est dûe essentiellement à des facteurs domestiques et ne peut être expliquée par des effets exogènes/extérieurs me semble crédule et ingénu. Si on prend on considération toutes les réflexions précédentes (ci-dessus), on peut en déduire que l'inflation actuelle au Maroc agrège plusieurs raisons.
a- Elle n'est limitée ni dans le temps ni dans l'espace. Elle ne date pas d'aujourd'hui et elle ne concerne pas seulement notre pays. Elle s'est certainement amplifiée cette année. La guerre en Ukraine explique largement la montée en flèche des prix des énergies (gaz, pétrole, …), ce qui nous laisse aucun doute sur l'augmentation des prix de tous les produits. Constatons à ce titre que certains produits ont triplé de prix (les vitres par exemple). Il n'est pas anodin que toutes les guerres engagées après 1945 (la deuxième GM) pivotaient autour du pétrole. D'autres phénomènes extérieurs s'ajoutent pour raviver cette inflation telle que les crises financières et la hantise de l'escalade des guerres partout dans le monde. Partout les plaques tectoniques bougent. Du coup, on déduit qu'il serait vain de ne pas prendre en considération ces constats.
b- D'autres raisons sont à chercher dans nos choix stratégiques (LT) d'abord, mais aussi dans nos politiques monétaires, financières et réelles (MT). L'intérêt de comprendre et de cerner les enjeux et les causes sert énormément le choix des palliatifs pour contenir cette inflation.
A cet effet, il paraît judicieux de procéder à une segmentation du marché des produits en fonction d'un certain nombre de paramètres pour mieux comprendre les enjeux de chaque bloc. Parmi ces paramètres de stratification du marché on peut d'ores et déjà penser à des variables sociologiques, des variables cognitives, des variables anthropologiques, des variables politiques, etc.
3. Les propositions à CT recommandées pour faire face à certaines crises économiques devraient s'inspirer de la vision globale, stratégique prononcée au préalable. Je m'explique. Les crises ou les chocs ou les incidents économiques sont probables et attendus. Il sont même souvent prévus. De surcroît, les visions stratégiques préétablies anticipent ces incidents et proposent des solutions concrètes et adaptées à leur spécificité et leur nature. Du coup, ces derniers ne devraient en aucun cas sortir de l'esprit de la stratégie réfléchie et adoptée au préalable.
4. Il est indéniable et prudent d'identifier et d'endogéniser d'emblée, pour tout les partenaires politiques et économiques, les grandes lignes tracées par la vision stratégique de la nation. Un débat des forces nationales sur un projet de société est déterminant dans ce sens.
La démarche pour le choix d'un projet de société est un processus bien ficelé et sans ambages. C'est un processus volontaire et anti déterministe qui rejette radicalement toute prophétie et fatalité. C'est un processus qui devrait intégrer toutes les forces politiques et sociales de la nation pour aboutir à un consensus national autour d'un ensemble de choix stratégiques. La réussite de ce processus repose essentiellement sur une exploration/analyse minutieuse et méthodique pour cerner et replacer aussi bien les inerties, les dysfonctionnements, les ratages et les faiblesses à tous les nouveaux que les points forts et les avantages.


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