Salon du cheval d'El Jadida L'art de la « Tabourida », autrement dit « Fantasia », est resté au fil des ans intimement lié à l'habit traditionnel marocain, les deux entretenant une convenance séculaire qui incarne toute la splendeur du riche patrimoine national. Sans jellab, selham, tmag ou balgha, la Tbourida perdrait d'éclat, d'essence et ne pourrait prétendre à un rôle de vecteur transgénérationnel de la culture et de l'artisanat marocains. C'est en effet cet habit traditionnel, dont l'histoire se confond avec celle de l'art de la Tbourida, qui dégage tout le charme d'un spectacle majestueux qui captive à chaque fois le public, qu'il soit marocain ou d'ailleurs. Ce patrimoine, qui s'est mû en une image de marque des moussems et festivals équestres, dure et perdure et l'artisan marocain, notamment à Fès et à Marrakech, y est pour beaucoup de chose. Abderrahim Amrani est l'un de ces artisans qui ont hérité le métier de couture traditionnelle de père en fils et en ont fait un gagne-pain. Dans une déclaration à la MAP à l'occasion du Salon du cheval d'El Jadida, il explique qu'il a appris cet art dans son atelier et qu'au fil des années il a pu le maîtriser, au point d'en devenir un ambassadeur grâce aux expositions et festivals auxquels il a participé à travers 24 pays du monde. Abderrahim confectionne surtout ces chaussures connus chez le commun des mortels de « lbout » et de « Tmag » chez les cavaliers (Bardias). Au-delà de sa valeur ornementale, le « Tmag » est d'une grande importance pour protéger les jambes du cavalier en cas de chute et pour adoucir le contact des pieds avec les « étriers en cuivre ciselés ou en métal damasquiné, appelés « rkab » en darija. Pour avoir des Tmag de haute qualité, cet artisan dit privilégier les meilleurs cuirs produits à partir de peau de vaches, de chèvres et de moutons. Concernant la durée et la méthode de fabrication du « Tmag », M. Amrani souligne que la fabrication d'une unité de ce produit prend jusqu'à une semaine, notant qu'elle nécessite des connaissances, des compétences et une certaine doigté dans le maniement des différents composants, comme le cuir, « le fil de « Skalli » et l'usage de « lychfa », un outil à la poignée en bois avec une pointe aiguisée qui sert à perforer le cuir, en plus d'aiguilles spéciales pour joindre les extrémités du « tmag ». Selon cet artisan, le prix du Tmag oscille entre 700 et 1.000 dirhams, un prix qui, dit-il, reste raisonnable vu la qualité supérieure du produit. D'autres types en plastique et en cuir de moindre qualité sont fabriqués à raison de 8 à 10 unités par jour pour un prix d'environ 100 dirhams et sont destinés notamment aux entrainements. Abderrahim fabrique également la « balgha » (babouche) qui ne peut être dissocier du « tmag ». La demande sur ce produit explose lors des fêtes religieuses et des moussems et festivals équestres comme celui du Salon du cheval d'El Jadida. Les plus célèbres variétés de la « Balgha » sont la Marrakchia, la Chaouia et la Salaouia, mais surtout la Fassia, celle fabriquée à Fes, et qui demeure la plus prisée par les Marocains, toutes classes de la société confondues. Son prix, elle, varie entre 500 et 1200 dirhams. C'est ainsi que l'artisanat marocain redore sans cesse son blason, grâce à l'effort de promotion déployé par le ministère du Tourisme, de l'artisanat et de l'économie sociale et solidaire, à travers notamment l'organisation d'expositions, ce qui a contribué à préserver intact l'intérêt pour l'habit traditionnel marocain.