A la commune rurale Aït Youssef Ou Ali, à une dizaine de kilomètres à l'est d'Al Hoceima, se trouve la cité séculaire d'Al Mazamma, un joyau archéologique chargé d'histoire et de patrimoine. S'étendant sur une superficie d'environ 9 hectares, face à l'île Nekor, la ville d'Al Mazamma jouit d'une position géographique distinguée sur la plage de Sfiha surplombant la mer Méditerranée. Elle donne sur la plaine alluviale formée du bassin versant d'Oued Ghiss et Oued Nekkor, offrant aux visiteurs une vue panoramique époustouflante sur la nature et la mer. Dans une déclaration à la MAP, le directeur provincial de la Culture à Al Hoceima, Ahmed Acharki, a souligné que la construction de la ville remonte au IXe ou Xe siècle, selon des études récentes sur le site, puisque son existence coïncidait avec l'émirat de Nekor, où elle était l'une de ses façades maritimes importantes sur la Méditerranée. M. Acharki a précisé que la cité d'Al Mazamma revêtait une grande importance politique et culturelle à l'époque almohade, précisément sous le règne du calife Al-Nasir, qui oeuvrait à fortifier la ville, à construire ses murs et à l'équiper d'un certain nombre d'installations nécessaires, notant que le développement de la ville s'est poursuivi jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Pour sa part, Rafik El Ghazi, chercheur en histoire et civilisation, a indiqué que cette cité était mentionnée dans les sources géographiques et historiques médiévales comme étant un port maritime relevant de Nekor dans son premier temps, ou un village, tandis que d'autres documents historiques indiquent qu'elle était une ville animée. Relevant l'absence de données sur le contexte et l'histoire de création de ce site, M. El Ghazi a estimé que la cité d'Al Mazamma était présente dans la vie économique à l'époque de l'Emirat de Nekor, eu égard à sa proximité géographique, soulignant qu'elle aurait peut être joué un rôle politique et militaire. Le chercheur a fait savoir que l'histoire de la cité est fondée sur des hypothèses jusqu'à ce qu'elle soit soumise à des recherches archéologiques approfondies, estimant que « les fouilles archéologiques dont le site a fait l'objet n'ont pas été suffisantes, malgré leur grande importance ». Il a relevé que la côte de la région du Rif, avec tous ses sites historiques, a aujourd'hui plus que jamais besoin de recherches archéologiques, et d'actions de conservation, de protection et de mise en valeur. Le site archéologique d'Al Mazamma a fait l'objet d'une vaste opération de restauration dans le cadre du programme de développement spatial « Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit », qui a inclus les murs, les portes, les tours et le rempart Saâdi, en plus de la mise en place d'une clôture pour protéger le site et d'une porte principale pour en réguler l'accès, ainsi que l'aménagement des espaces intérieurs et le raccordement du site au réseau d'électricité et d'eau potable.
