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Fahd Yata : «La société marocaine est et doit rester ouverte, tolérante»
Publié dans Albayane le 30 - 08 - 2010

Le ton alerte et incisif, Fahd Yata ne déroge pas à l'image que se font de lui ses collègues et ses amis à l'université et surtout dans le journalisme. Sans aucune complaisance, il qualifie les choses comme il les sent.
Il jette un regard serein sur les transformations qui se font jour dans la société marocaine. Il regrette, lui, qui a accompagné Ali Yata dans son combat pour l'extension des marges de libertés et d'expression, que les médias qui bénéficient de conditions idoines pour un exercice sain de la profession puissent se lancer dans une logique implacable de recherche de la sensation et la frénésie du chiffre.
Entretien.
*AL Bayane : Que représente pour vous l'ambiance spirituelle et sociologique que procure le mois sacré du Ramadan ?
- Fahd Yata : Le mois de Ramadan est, en principe, une période de jeûne marquée au sceau de l'effort, du sacrifice, de la piété. Mais on constate, non sans tristesse, que la perception de ce mois de jeûne, de retour sur soi, de dévotion, est altérée, dévoyée. D'aucuns en ont fait un mois de «grosse bouffe» et de paresse. Libations nocturnes interminables et somnolence diurne quotidienne, voilà ce qui caractérise, malheureusement, ce mois sacré pour nombre de nos concitoyens !
Comment vous organisez vos journées durant ce mois ? Les soirées Ramadanesques sont propices aux rencontres de tous genres. Avez-vous le souvenir de quelque chose qui vous a marqué durant l'une d'entre elles ?
Mes journées durant ce mois ne diffèrent guère de celles des autres périodes de l'année. Ramadan ne doit pas être un mois exceptionnel en ce sens que l'activité humaine doit y être normale, conforme aux responsabilités et aux devoirs que chacun se doit d'assumer au cours de son existence. Pendant Ramadan, je travaille au rythme qu'exigent mes fonctions et j'évite de veiller trop souvent, ce qui nuirait à mes devoirs et engagements professionnels. Bien évidemment, le week-end est plus «cool»…
Plusieurs souvenirs précieux m'interpellent au sujet de Ramadan, et j'ai notamment en mémoire des « soirées » qu'organisait la Région de Casablanca du PPS, soit en son siège régional, boulevard Lalla Yacout, soit dans des sections locales, au cours desquelles des militants et dirigeants de ce parti tenaient des conférences sur des thèmes d'actualité, sur l'Islam, sur la ligne du PPS. Cela se passait dans les années 70 et 80 du siècle dernier !!!
Ces réunions étaient très «courues» et on y rencontrait des grands militants du Parti, tels Aziz Belal, Abdeslem Bourquia, Abdallah Layachi, Ali Yata, aux côtés d'adhérents de la base, de jeunes, d'habitants des quartiers populaires qui appréciaient fortement de pouvoir discuter et côtoyer ces hommes qui, toute leur vie, ont considéré qu'ils se devaient à leur peuple.
Etes-vous de ceux qui laissent apparaître des sautes d'humeur durant la période du jeûne ? Pourquoi ?
J'ai malheureusement quelque tendance à l'énervement diurne en cette période et je fais le maximum pour éviter les emportements nés du sevrage de la cigarette et du café. Et c'est le plus souvent dans ma voiture, lorsque je suis seul, que je me livre à ces sautes d'humeur qui ne sont, en vérité, pas acceptables même si l'incivisme de nos concitoyens automobilistes atteint souvent son paroxysme durant ce mois. Mais au bureau, à la maison ou en présence de tiers, je sais me contenir…
Quelle appréciation portez-vous sur la programmation TV sur les chaînes nationales ? Etes-vous d'accord avec ceux qui estiment que le niveau esthétique et professionnel des sitcoms pêche par son indigence pour ne pas dire sa médiocrité? A qui incombe la responsabilité de cette situation ?
Je suis affligé par le niveau consternant de la programmation télévisuelle nationale durant le mois sacré de Ramadan. C'est un véritable scandale qui empire d'année en année. Ce qui me désole le plus, c'est que les chaînes TV, en voulant donner la préférence à la programmation nationale, ce qui part d'une intention louable, ont plombé le niveau général de façon dramatique. Populisme, sexisme, trivialité, misérabilisme, médiocrité, démagogie et mauvais goût sont les principales déterminantes des «émissions» prétendument de divertissement et d'humour qui sont infligées à nos concitoyens. Je crois que les directions des chaînes ont une responsabilité première dans cette dérive, mais elles ne sont pas les seules. Que fait le ministère de la Communication, la tutelle ? Où est la HACA qui agit pourtant en redresseur de torts » au moindre dérapage des radios ? Quel est le rôle du ministère de la Culture dans ce marécage télévisuel où la nullité prime ? Le Marocain et la Marocaine méritent plus et mieux que ces émissions « au ras des pâquerettes» et l'on comprend pourquoi le zapping satellitaire est si pratiqué chez nous !
Quelles sont vos lectures préférées durant ce mois sacré ?
Je consacre une partie de mes soirées à la lecture de la presse, nationale et étrangère, partant du constat que durant le Ramadan, les quotidiens du matin se lisent le plus souvent le soir ! Je lis souvent des livres qui présentent une version « romancée » de l'actualité internationale ou régionale. Je viens de terminer, par exemple, «Katiba» du romancier et diplomate français Jean-Christophe Ruffin. C'est un livre qui apporte des éléments intéressants et proches de la réalité sur ce qui se passe en ce moment au Sahel avec les bandes scélérates d'AQMI. Enfin, pour le repos spirituel et la méditation, je prends le temps de lire, chaque soir, des réflexions et textes de la pensée soufie qui permet, me semble-t-il, d'avoir une perception saine, sage et profonde sur notre religion, notre environnement, la nature humaine, etc.
Quel regard portez-vous sur le paysage médiatique marocain : presse écrite et audiovisuelle ?
Je porte un regard à la fois désabusé et fort critique sur notre paysage médiatique, soit-il presse écrite, audiovisuelle ou radiophonique. En effet, alors que les conditions d'exercice de la profession de journaliste, le régime des libertés publiques, collectives et individuelles, l'atmosphère générale dans le pays, permettent de garantir une presse libre et responsable, nombre d'entreprises de presse et de confrères se complaisent dans le sensationnel, l'approximatif, le graveleux ou la recherche du scoop à tout prix, au mépris, trop souvent de la déontologie, de l'éthique, voire de la bienséance. Les atteintes à la vie privée ne se comptent plus, tandis que d'aucuns se spécialisent dans la sous-information, donnant en pâture à leurs lecteurs des «stories» fabriquées de toutes pièces ou des «évocations historiques» très approximatives….
Et si la presse écrite est minée par le mercantilisme, les chaînes de télévision nationales pêchent par leur médiocrité et leur manque de créativité.
Qu'est-ce qui a changé dans la société marocaine ? Les mécanismes de sociabilité qui ont permis de perpétuer les fondamentaux de la personnalité marocaine fonctionnent-ils toujours ?
Répondre à cette problématique en quelques phrases n'est guère aisé. Les mécanismes de sociabilité ont certes évolué avec les impératifs et les conditions de la vie moderne. Notre société, globalement, a profondément changé au cours de la dernière décennie. On ne saurait nier, en effet, les avancées que le pays a connues dans de nombreux domaines, notamment économiques et infrastructurels, mais aussi sociétaux, politiques, institutionnels. La société marocaine est entrée, en quelque sorte, dans l'ère du consumérisme, et les mutations concernent essentiellement la population urbaine au sein de laquelle les classes moyennes se sont incontestablement développées. Mais ces évolutions n'ont pas toujours été accompagnées de façon correcte par l'Etat et ses institutions, par les partis politiques, par l'intelligentsia, par les ONG qui peuplent la société civile. Voilà pourquoi certaines constantes de la personnalité marocaine sont aujourd'hui sinon menacées, du moins altérées par des tentations, pratiques, valeurs et comportements « déviants », inspirés soit de perceptions obscurantistes et conservatrices, soit de concepts de la civilisation occidentale passablement attentatoires à notre identité. La société marocaine est, et doit rester, ouverte, tolérante, mais en totale adéquation avec les valeurs, traditions et coutumes qui ont bâti et conforté l'Etat-Nation qu'est le Royaume du Maroc depuis plus de douze siècles.


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