Amnesty International est en colère contre les autorités marocaines. L'ONG déplore dans un communiqué, publié le 2 septembre, la décision des autorités d'interdire la tenue du 16ème Camp de jeunesse d'Amnesty International. Celle-ci estime que cette décision constitue «un pas en arrière pour les libertés d'association et de réunion, alors même que les autorités proclament leur attachement aux droits humains et à l'état de droit». Prévu du 1er au 7 septembre au Complexe Moulay Rachid de la jeunesse et de l'enfance à Bouznika, cet événement devait rassembler une quarantaine de militants venus d'Europe et de la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord pour débattre des moyens d'enrayer la torture et les mauvais traitements ainsi que les restrictions à la liberté d'expression et la capacité des défenseurs des droits humains à entreprendre leurs activités pacifiques et légitimes. Les autorités locales ont fait savoir que cette manifestation avait été interdite, en raison de l'absence de démarches administratives adéquates. Selon les services de la province de Benslimane, les responsables de l'ONG n'ont pas procédé à une déclaration réglementaire de cette activité auprès des autorités concernées. Ce que réfute Amnesty International en précisant avoir procédé à toutes les démarches nécessaires. Dans son communiqué, celle-ci cite d'ailleurs l'article 3 du décret royal relatif aux rassemblements publics qui prévoit que toute réunion publique soit notifiée aux autorités locales, et non une autorisation préalable. L'ONG assure avoir envoyé un fax au ministre de la jeunesse et des sports le 3 juillet 2014 informant les autorités du camp et de la nationalité des 40 participants, et demandant l'autorisation de l'usage du complexe. Puis, le 28 août 2014, un fax a été envoyé aux autorités locales de Bouznika les notifiant du déroulement du camp. L'organisation affirme être en possession de récépissés confirmant l'envoi de ces deux documents. Amnesty International juge que cette décision est contraire à la législation marocaine ainsi qu'à ses engagements internationaux en matière de droits humains. L'ONG rappelle que la Constitution marocaine garantit notamment la liberté de réunion (article 29) tandis que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques garantit les libertés d'association et de rassemblement pacifique (articles 21 et 22). Face à la censure, les jeunes participants ont lancé le «camp de jeunesse virtuel ouvert» pour coordonner la mobilisation face aux défis de violations des droits de l'Homme dans la région et dans le monde. Pour rappel, depuis 1998, Amnesty International organise des camps de jeunesse pendant lesquels de jeunes activistes échangent et partagent leurs expériences de lutte contre les violations de droits humains.