C'est la cinquième fois qu'il comparaît, durant ses quarante-deux ans, devant le même tribunal et pour la même accusation. Une personne aimable, un beau parleur et quelqu'un qui veut du bien à autrui. Ces qualités louables, on les retrouvait chez Ahmed, c'est du moins ce qu'il montrait aux autres. Ce sont justement ces trois caractéristiques qui lui permettaient de gagner la confiance de ses victimes et les mettaient facilement dans son panier. Bref, c'est un escroc professionnel. A quatre reprises, il a été traduit devant le tribunal de première instance de Casablanca pour être condamné, selon les dispositions de l'article 540 du code pénal, à des peines d'emprisonnement allant de huit mois à deux ans de prison ferme. Cela ne l'a nullement dissuadé de poursuivre son activité favorite, à savoir arnaquer les gens. «A chaque fois que je quitte la prison je ne trouve quoi faire pour gagner ma vie», a-t-il essayé de se justifier devant le magistrat de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca lors de son interrogatoire. C'est la cinquième fois qu'il comparaît, durant ses quarante-deux ans, devant le même tribunal et pour la même accusation. Il distribuait des promesses qu'il ne tenait jamais pour empocher de l'argent facile. Ses victimes croyaient aveuglément à ses paroles. A chacune d'elle il assurait qu'il pouvait réaliser son rêve. Il promettait à l'une de la recruter dans un établissement public, à l'autre de l'aider à aller à l'Eldorado, ou de faciliter la tâche de bénéficier d'un logement économique dans le cadre du recasement des bidonvilles… et chacune lui versait des sommes allant de 20 à 50 mille dirhams. Célibataire, il n'a jamais pensé à se marier. Car, selon ses déclarations, il n'a rien d'autre à faire pour gagner sa vie que l'escroquerie. Et cette fois le tribunal l'a condamné à trois ans de prison ferme.