L'ONU devait procéder, hier après-midi, à l'adoption d'une résolution pour la création d'un tribunal spécial en vue de juger les assassins de Rafic Hariri. L'ONU devait, hier après-midi, procéder à l'adoption d'une résolution à l'issue de laquelle sera créé un tribunal international devant juger les responsables de l'assassinat de Rafic Hariri. «J'appelle tous les partisans du Courant futur (le parti de Hariri) et de Rafic Hariri et de ceux qui veulent célébrer la création du tribunal international à rester calmes, à lever les drapeaux sur les balcons et à allumer des cierges en mémoire des martyrs», déclare le chef de la majorité parlementaire libanais, Saad Hariri, au journal libanais «An-Nahar». Si M. Hariri tient à faire cet appel, c'est par volonté de réunir les Libanais autour de la nécessité de ce tribunal contesté par la Syrie. «Nous savons que le régime syrien prépare une cinquième colonne pour tirer des coups de feu en l'air et essayer de provoquer les gens afin de montrer au monde que la création du tribunal international entraînera de graves problèmes au Liban», a-t-il prévenu. D'après plusieurs diplomates, le texte de la résolution a été émis dans sa version finale, mardi soir, pour le vote qui devait avoir lieu le lendemain dans l'après-midi. Selon l'un des diplomates, les co-auteurs, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne, auxquels se sont jointes la Belgique, l'Italie et la Slovaquie, se montraient d'ores et déjà confiants de pouvoir recueillir au moins dix voix sur quinze au Conseil, sans veto de la Chine ou de la Russie, malgré les réserves de ces deux pays sur le texte. La résolution doit être approuvée par au moins neuf membres sur quinze, sans susciter le veto d'un des cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), en vue de son adoption. Pour la création de ce tribunal spécial, une convention qui a été signée entre l'ONU et le Liban entrera en vigueur automatiquement le 10 juin. Une date qui pourrait être avancée, si les parties libanaises s'accordent à le faire. Pour le Liban, seule la création de cette instance internationale pouvait le sortir de la crise politique. Depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, dans un attentat à la camionnette piégée, en février 2005 à Beyrouth, alors sous contrôle syrien, la violence a repris dans le pays. Pour les enquêteurs de l'ONU, la Syrie serait impliquée dans cette affaire. Or, ce pays accusé nie en bloc toute implication dans l'affaire. Saad Hariri a tenu, tout de même, à préciser que le tribunal n'a aucunement pour objectif «de venger une personne, mais de protéger le Liban de la campagne terroriste qui le frappe depuis des décennies». Le président libanais, Emile Lahoud, voulant parvenir à un accord interlibanais sur le tribunal, a proposé, mardi, la création d'un cabinet de «salut national» de six ministres. Son rôle : faciliter la ratification de la convention et le règlement de la crise politique. La proposition de M. Lahoud a été qualifiée de «suspecte» par Saad Hariri et d' «irrecevable et suicidaire» par de nombreux députés antisyriens. • Leïla Hallaoui (Avec agences)