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Les couleurs d'une humanité nécessaire
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 16 - 03 - 2010

Le siège des Nations unies ressemble à la cause que cette organisation défend. La moitié fonctionne, l'autre est en rénovation. Ce désir de changement crée un désordre impossible.
C'est une sorte de pluie humide qui ne tombe pas, qui s'étale. On dirait une espèce de colle, de glu, mélangée dans les cieux, et qui est déversée lentement pour voir si les humains finiront-ils par se rapprocher un jour. Il est 8h00 du matin, une foule bigarrée se hâte vers le building adossé à la rivière de l'Est et dressé fièrement face aux tours à l'autorité indiscutable. Ce mercredi 3 mars 2010, le ciel déverse une purée de pois sur New York et le siège des Nations unies ressemble à une Mecque incertaine où convergent des populations colorées pour fêter la femme. Très peu d'hommes parmi ces croyantes. Et pour cause. Moi je dois ma présence à Nouzha Skalli, une ministre atypique mais qui connaît son sujet jusqu'au bout des ongles. La femme, l'égalité, la parité, etc. Dans ce lieu-ci, et ce jour-là, elle est en phase avec tous ses vieux démons, avec son histoire et tout ce qui fonde sa militance. Le droit des femmes est un territoire qui lui est familier. C'est son Egypte à elle, comme Moïse, mais nul n'est prophète en son pays. Le siège des Nations unies ressemble à la cause que cette organisation défend. La moitié fonctionne, l'autre est en rénovation. Ce désir de changement crée un désordre impossible. Pour une session plénière d'une conférence on veut faire tenir un litre et demi dans une bouteille qui ne peut contenir que l'unité. La diversité regorge du lieu. Les agents chargés de gérer les flux sont inondés. Les digues ont sauté. «Toute personne qui n'est pas identifiée doit aller décliner son identité dans le bâtiment d'en face. Mais pour être identifié munissez-vous de la lettre qui prouve votre identité et surtout que vous êtes identifié.» Je souris. Je pense à James Baker et ses tribulations au Sahara. Il voulait identifier des gens qui ne voudront jamais s'identifier entre eux. Une fois au building des identifications, je décline la mienne. Le temps passe ; et la matinée file. Après une heure et demie d'attente, sans avoir l'air d'y toucher, je dis à un jeune homme sympathique un peu perdu dans ses procédures et ses ordinateurs impuissants : «Je comprends mieux pourquoi on a tant de mal à construire la paix dans le monde. La bureaucratie chargée de celle-ci est en panne.» Il a compris mon anglais rudimentaire qui est manifestement meilleur que le sien mais il a fait semblant d'être impénétrable à ce type d'humour arabe. Les femmes de l'humanité entière sont là. On les distingue à la peine inscrite dans leurs démarches. A la soif dans leurs yeux. Accessoirement à leurs costumes. Mais elles font semblant, la cause est moins agréable que les accoutrements. Les femmes du Sud ont cette détermination, celle de ne pas mélanger le choix des couleurs avec la diversité des douleurs. Une Chinoise, Amy Tang, qui a créé une association qui s'appelle : «Because I am a girl» (Parce que suis une fille), dit simplement qu'elle veut devenir une femme à part entière. Le panel qui lui donne la parole est dirigé par une femme de radio, une Latino, Maria Hinorosa, aussi à l'aide avec le verbe qu'avec sa féminité. Elle rayonne, et la Chinoise séduit. Une complicité entre femmes qui rend ma présence dans cet antre incongrue. Je suis gêné. Très peu d'hommes et surtout très peu sensible à ce genre de rencontre que je découvre. Une Internationale de l'espoir étouffé. Une tricontinentale de cinq continents. Un gynécée condamné à la stérilité par des pouvoirs masculins ivres de leur impuissance. «Est-ce qu'une femme indigène peut avoir du temps pour s'occuper d'elle ? C'est impossible. Elle n'a pas le temps : trop de tâches l'asservissent». Cette affirmation d'une simplicité redoutable de Tarcila Zea du Foro intercontinental de mujeres indigenas (Forum intercontinental des femmes indigènes) remet les choses dans leur cadre spatial et temporel. Il y a 15 ans à Pékin, les Nations unies ont mis en avant une plate-forme ambitieuse qui voulait faire de la parité entre les genres une règle de droit dans les pays qui se veulent civilisés. Cette quasi utopie a presque marché. L'idée a fait son chemin, et la moitié de celui-ci est parcourue. L'idée n'est plus ridicule ou risible même dans les sociétés les plus fermées à cette égalité. La femme a depuis fait valoir ses droits et défendu sa cause avec plus de courage que prévu. En Chine même, en Somalie, en Arabie Saoudite, au Maroc et même en France. Un des documents de travail de cette conférence «Pékin + 15» est une contribution de l'ONG française: «Ni putes Ni soumises». Un autre document sur la mutilation sexuelle versé aux débats est signé «Mother's Union», une organisation internationale chrétienne forte de 3,6 millions de membres. Ça tombe de tous les côtés et ça fait un procès intraitable à cette humanité qui a choisi de réduire sa moitié à l'esclavage sous toutes ses formes. La pluie continue à tomber. Doucement. Le ciel est encore plus bas. La glu n'a pas pris. Pas de sitôt en tout cas. Les hommes ne se rapprocheront pas tant qu'ils continueront à se priver de la moitié de leur vie.

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