La pandémie du nouveau coronavirus a fait près de 5 789 de morts au Maroc depuis début mars, selon un bilan établi ce lundi par la rédaction de Barlamane.com/fr à partir de sources officielles. Plus de 353 803 cas d'infection ont été officiellement recensés. D'après plusieurs médecins, la campagne marocaine de vaccination anti-Covid démarrera le 4 décembre prochain. Elle touchera 80% des Marocains de plus de 18 ans, selon le ministre de la Santé. Elle ciblera, tout d'abord, les personnes à risque, pour s'étendre par la suite au reste de la population. Par ailleurs, le coût du vaccin sera supporté dans sa majorité par l'Etat et sera gratuit pour les personnes démunies et à risque, et remboursable pour le reste des citoyens par les organismes gestionnaires. « Si l'on arrive à atteindre ce seuil (de 80%), même s'il y a des cas de contamination, le virus disparaîtra automatiquement de manière spontanée. Ainsi, on va pouvoir se libérer de cette crise qui impacte fortement l'économie et tous les autres secteurs qui sont en souffrance actuellement« , a assuré le ministre de la Santé. Il s'agit d'un vaccin inactivé. « Il s'agit d'une technique traditionnelle, c'est-à-dire testée et approuvée à plusieurs reprises (...) l'innocuité du vaccin est documentée depuis des décennies et un grand nombre de vaccins sont produits de cette manière (...) les résultats annoncés à ce jour confirment un degré très élevé de sécurité et d'efficacité : peu et de simples effets secondaires, et plus de 90 % d'efficacité pour certains vaccins. Même les chercheurs les plus optimistes ne s'y attendaient pas », a souligné Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé (FNS). Des signes encourageants se multiplient Pr Tarik Sqalli Houssaini, vice-doyen de la faculté de médecine de Fès et professeur au CHU Hassan II, observe une baisse de 9,1% du nombre de nouveaux cas, la semaine achevée, qui succède à une autre baisse hebdomadaire de -12,7%. Le nombre de cas actifs baisse ainsi à 45 700 personnes (-7,05%). « Cela ne s'explique pas seulement par la baisse du nombre de tests (-5,4% sous la barre des 150 000 tests par semaine) puisque le taux de positivité a également légèrement baissé. Autre indicateur majeur : le nombre de nouveaux cas en réanimation se stabilise à 875 cas hebdomadaires après plusieurs semaines de hausses successives et le total des patients en réanimation plafonne à 1 041 dont 579 sous ventilation », explique-t-il. Il note également que le nombre de décès imputables à la Covid-19 a baissé de 11,9% (-64 décès) par rapport au record de 537 morts durant la semaine du 15 au 22 novembre. La létalité reste parfaitement stable à 1,64%. « Ne nous réjouissons pas trop vite. Il y a encore un long chemin à parcourir. N'oublions pas que nous avons dépassé ce week-end pour la première fois la barre symbolique des 2 000 décès mensuels (2 094 décès depuis le 1er novembre soit 72,2/j) », alerte l'expert. L'épidémie grippe l'économie nationale Lors de son passage à la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Mahgrib, a dressé un bilan pessimiste de l'état de l'économie nationale. Il a souligné que les développements récents de la pandémie que ce soit sur le plan interne qu'externe accentuent les incertitudes quant à l'évolution future de cette situation économique et sociale. Il a également rappelé que la dernière contraction de l'économie nationale de cette ampleur remonte à 1995 où le taux de croissance a été de –5,4%. « A court terme, les impacts économiques et sociaux de la crise sont d'une ampleur exceptionnelle et la reprise serait lente globalement et s'étendrait sur plusieurs années pour certains secteurs. Celle-ci reste tributaire de l'évolution de la pandémie et des délais nécessaires pour la disponibilité à grande échelle d'une solution médicale. A plus long terme, ses implications restent incertaines et porteuses de mutations et de changements de paradigmes dont certains étaient déjà en œuvre avant la crise (révolution digitale, montée du protectionnisme, remise en cause du multilatéralisme, creusement des inégalités sociales et territoriales, changement climatique...) », a-t-il souligné. « Nous sommes appelés à tirer tous les enseignements de cette crise pour apporter une réponse aux vulnérabilités qu'elle a mises en exergue (déficit du système sanitaire, vulnérabilité économique d'une large frange de la population, poids de l'informel, fragilité du tissu industriel, prépondérance de l'utilisation du cash...), mais également pour faire face à ses implications de long terme (...) Dans tous les cas, il y a besoin d'accélérer les nombreux chantiers en cours et de lancer les réformes structurelles nécessaires pour renforcer la résilience économique et sociale de notre pays afin de confronter les défis et aux chocs futurs », a-t-il poursuivi.