Le Polisario évoque, depuis la Mauritanie, l'usage d'essaims de drones à des fins militaires contre le Maroc, allié majeur non-membre de l'OTAN depuis 2004. Sauf que l'utilisation de la technologie des engins semi-autonomes et programmables par le Polisario est quasi-impossible. Explications. Omar Mansour, membre du bureau politique du Front Polisario et ancien représentant des séparatistes en France, a été reçu cette semaine par le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani à Nouakchott. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'opération militaire de l'armée marocaine dans la zone tampon de Guerguerat, près de la Mauritanie, en novembre 2020, a constitué un point marquant. Lors d'une allocution au ton présomptueux, Omar Mansour a affirmé que les séparatistes utiliseront dans l'avenir des équipements militaires inédits, à savoir des «drones chargés d'explosifs», promettant une prochaine «escalade» qui sera menée «à l'intérieur et au cœur des zones tampons». La propagande du Polisario alimentée par l'Algérie revendique quotidiennement des attaques «visant les positions des forces marocaines le long du mur de sable», ainsi que des pertes humaines et matérielles, des informations dont l'authenticité est zéro. L'annonce d'Omar Mansour est fantaisiste pour plusieurs raisons. Une telle décision nécessite le feu vert du tuteur algérien, dont les alliances embarrassantes avec la Russie et l'Iran provoquent l'ire des Etats-Unis. Ces derniers ont appliqué, début septembre, une série de sanctions à l'encontre de plusieurs entreprises iraniennes, impliquées dans la livraison de drones de combat à destination de la Russie en vue d'être utilisés dans le conflit ukrainien. Selon des sources bien informées, «le Polisario ne pourrait, dans le meilleurs des cas, obtenir que les drones iraniens mais cela appuiera les affirmations du Maroc, qui a accusé Téhéran en 2018 d'avoir facilité une livraison d'armes au Front Polisario, via son allié du Hezbollah libanais.» Les sanctions américaines, d'ailleurs, visent en premier lieu les Gardiens de la révolution, déjà ciblés par une série de sanctions notamment en lien avec le dossier du nucléaire iranien, et inscrits sur la liste noire américaine des organisations terroristes. Plusieurs sociétés, engagées dans la recherche, le développement et la production des drones ainsi que l'entreprise iranienne en charge de leur acheminement jusqu'à la Russie ont été également directement concernées. Alors que Moscou a réalisé plusieurs achats d'armements ces dernières semaines, en provenance d'Iran mais également de Corée du Nord, Washington commence à démontrer des signes d'agacement à l'égard des relations militaires algéro-russes. Plusieurs députés américains de poids ont réclamé des sanctions contre Alger, lequel, continue de se fournir militairement auprès de la Russie tout en injectant des milliards de dollars dans la machine guerrière russe. «La politique des drones est très stricte. La violation de la souveraineté des Etats par des attaques ciblées est une affaire très sérieuse et l'Algérie le sait. Livrer une technologie guerrière d'attaques télécommandées à distance à un groupe accusé de terrorisme est plus qu'une aventure inconséquente, un suicide politique et militaire», dit à Barlamane.com une source proche du dossier. Le Maroc a annoncé, en 2020, une opération militaire dans la région de Guerguerat, en dénonçant «les provocations du Polisario» au Sahara. Le but de l'opération historique était de «mettre un terme à la situation de blocage» et «restaurer la libre circulation civile et commerciale» sur la route qui conduit vers la Mauritanie. La route, que le Maroc considère comme essentielle pour ses échanges avec l'Afrique subsaharienne, a été définitivement libérée au grand dam de l'Algérie et du Polisario.