La coupe du monde au Qatar a démarré et avec elle une multitude de polémiques. Tous les sujets sont bons à aborder sauf un : le football. Il serait tout de même bienvenu de recentrer le débat autour du sport et de cette passion à l'origine de l'événement. Après les débuts médiocres des Sénégalais, incapables de se procurer des occasions franches contre des Néerlandais pourtant timorés, place auxTunisiens qui affrontent le Danemark du vieillissant Christian Eriksen. Quelques minutes à peine suffisent pour se rendre compte que ce ne sera guère meilleur que la prestation du Sénégal, ce sera même pire. Un complexe d'infériorité criant des Tunisiens qui se congratulent de repousser les timides offensives danoises, qui haranguent le public pour les soutenir dans ce qui sera finalement un spectacle désolant, fait de gain de temps, de fautes à répétition et de dégagements lointains. La Tunisie n'a-t-elle pas l'effectif pour offrir une vraie opposition au Danemark ? N'a-t-elle pas des joueurs évoluant en France, en Allemagne ou en Italie ? Affligeant. Aussi affligeant que les gros titres des journaux : ''une Tunisie déterminée, obtient le nul face au Danemark, ''la Tunisie réussit l'exploit'', ''le Danemark butte sur une Tunisie courageuse''. Courage, détermination, nous en sommes donc réduits à cela, un nul (0-0) contre le Danemark est devenu un exploit pour un pays africain, notre dignité nous a quittés, égarée sans doute dans cette étrange obscurité dans laquelle le football africain a sombré,coupe du monde après coupe du monde. Ce n'est nullement ainsi que l'on brille en coupe du monde. Les gloires et les épopées se font avec des équipes qui veulent marquer, qui veulent dominer, qui font l'éloge du jeu offensif, du football vertical et de la prise de risques. Mais l'espoir demeure, le Maroc est là pour représenter au mieux le continent africain, une équipe de stars, un gardien brillant en la personne de Bounou, une charnière centrale très solide avec Saïss et Aguerd, des ailiers Ziyech – Boufal extrêmement techniques, capables de déstabiliser n'importe quelle défense et pour finir, sans doute la meilleure paire de latéraux au monde avec Hakimi – Mazraoui. Les ingrédients sont là, qu'en est-il de la prestation ? N'ayant pas peur des mots, nous étions médiocres. Des pertes de balles scandaleuses dans les 30 derniers mètres, des contrôles ratés, de mauvaises transmissions, de la précipitation et un sentiment étouffant de stress et de panique à bord. Sauvez les héros marocains, ils sont au bord du précipice ! Sans un gardien vaillant, la Croatie aurait mené à la mi-temps en ayant donné l'impression de jouer en trottinant. La deuxième mi-temps est encore plus pathétique, le onze national cherche à arracher le match nul comme pour revendiquer son infériorité. Mais pourquoi les sélections africaines plus fournies que jamais en stars évoluant dans les plus grands championnats du monde, présents aux plus hauts rangs des classements de ballons d'or, pourquoi ont-elles un tel complexe vis-à-vis des équipes européennes aussi moyennes soient-elles ? La réponse réside dans le système de qualification à la compétition, un système archaïque, dépassé et qui exhorte le nivellement par le bas. Lorsque vous jouez systématiquement le Centrafrique, les Seychelles ou le Zimbabwé, comment voulez-vous progresser ? Lorsque vous jouez, en qualification de la coupe du monde, la Guinée Equatoriale, la Zambie et la Mauritanie (pour la Tunisie), ou la Guinée Bissau, la Guinée Conakry et le Soudan (pour le Maroc), c'est le nivellement par le bas et c'est ainsi que le Danemark ou la Croatiedeviennent des géants redoutables et redoutés. ! Comment voudrait-on que nos équipes africaines soient confiantes en coupe du monde et jouent sans complexes, lorsque 80% des matchs en Afrique ont lieu contre des équipes au-delà du 60e rang au classement FIFA ? Les Européens ont créé la ligue des nations en 4 divisions, les plus forts étant en division A, les moins forts en division D. Les Sud-Américains ont un championnat unique avec 10 équipes qui fait que des équipes comme la Colombie ou l'Uruguay ont réalisé d'incroyables résultats en coupe du monde, à force de confrontations contre le Brésil et l'Argentine. Il est aujourd'hui urgent de repenser le système de qualification africain pour un nivellement par le haut. Un système de barrages conduisant à un championnat de 10 équipes, les plus fortes du continent, s'affrontant à chaque date FIFA pour 5 places qualificatives en coupe du monde, voilà un nivellement par le haut ! Affronter successivement le Cameroun de Zambon-Anguissa, l'Algérie de Mahrez, l'Egypte de Salah, le Sénégal de Mané, le Nigéria d'Osimhen et la Côte d'Ivoire d'Haller, en voilà des matchs qui créent de l'adversité, qui forgent le caractère et qui vous font progresser. Supporter passionné, amoureux de mon continent africain et passager du temps qui passe, je n'ai d'avantages à critiquer les équipes africaines. Je ne crois ni à l'impossible, ni au désespoir, mais je soutiens qu'il y a un véritable problème auquel il est urgent, sans relâche, de remédier : celui de repenser le système de qualification africain.