Dans le désert de l'oubli : le double visage de la politique algérienne en matière de migration    France 24 dévoile les atrocités commises par le régime algérien contre des milliers de migrants expulsés vers la frontière nigérienne sans eau ni nourriture    Entretiens maroco-ghanéens sur le transport et la logistique à Rabat    S.M. le Roi priera l'Aïd Al-Adha à la mosquée Hassan II de Tétouan    Coopération militaire : Une délégation marocaine en visite en Mauritanie    Sahara marocain : Chine et Russie, il est temps de choisir le camp de la légitimité    Interpol : la Marocaine Leïla Zouine élue vice-présidente du Groupe d'experts mondial sur la cybercriminalité    Un nouveau jalon pour Carglass à Tanger    Piratage de la plateforme des notaires Tawtik : la DGSSI confirme l'origine de la fuite    Benguérir accueillera les 5e Assises nationales de l'économie sociale et solidaire    OCP obtient la certification internationale EDGE Move pour son leadership en équité de genre    HCP : la croissance a atteint 3,8 % en 2024 grâce aux secteurs non agricoles    Industrie: la situation en avril et les projections pour les 3 prochains mois    Paris, Montréal et New York accueillent les célébrations de la Journée de la Nation Kabyle : appel ouvert du gouvernement en exil pour raviver la mémoire et réaffirmer le choix de l'indépendance    Aïd Al Adha : Grâce Royale au profit de 1.526 personnes    Aïd al-Adha en Indonésie : une célébration spirituelle dans le plus grand pays musulman au monde    Le Roi accomplit la prière de l'Aïd Al-Adha à Tétouan    Aïd Al Adha : Grâce Royale au profit de 1.526 personnes    Hajj 1446 H : Plus de 1,6 million de pèlerins recensés    Maroc/Tunisie : La sélection marocaine dispose d'un banc de touche décisif (Regragui)    Liga 24-25 : Raphinha , Yamal et Flick, les ''Meilleurs'' !    Le Barça jouera le mois prochain à Casablanca !?    Ligue des Nations UEFA : L'Espagne finaliste au bout d'un match d'anthologie face à la France !    Les prévisions du samedi 7 juin    Coopération sécuritaire : Les dessous de la traque implacable des "grands malfrats" français au Maroc    Températures prévues pour le dimanche 08 juin 2025    CasaNola Jazz Festival : Le Jazz de La Nouvelle-Orléans s'invite à Casablanca    Tchad. Un nouveau plan de développement    La DGSSI attribue l'exfiltration de données à des failles sur la plate-forme notariale tawtik.ma    Les arts et la culture célébrés à Dakar    La chaîne italienne Canale 5 célèbre l'œuvre de Rajae Bezzaz retracée dans un documentaire marocain produit par Monafrique Prodcom    Marrakech : le Meydene rend un vibrant hommage à l'icône Abdel Halim Hafez    Tanger Fashion Week 2025 : Née à Tanger, pensée pour le monde    Serie A : Ismail Saibari attire l'attention de l'AC Milan    Ligue des Nations : Dembélé et Barcola forfaits contre l'Allemagne    Energie : Le Maroc et la France renforcent leur partenariat à Paris    Quand Le Figaro consacre un grand reportage à la métamorphose de la « Ville des lumières » marocaine    Hisham AIdi : "Malcom X mentionnait l'Andalousie comme un exemple de réussite africaine et musulmane"    Espagne : le gouvernement divisé sur la reconnaissance des documents du polisario pour la nationalité    Maroc-Tunisie: 1,5 millions de connexions sur la plateforme Webook    Fès : le grand stade fin prêt pour son baptême du feu face à la Tunisie    Refoulements massifs de migrants subsahariens : l'Algérie bat tous les records de brutalité    Maroc Telecom scelle un accord social majeur avec le Syndicat national des télécommunications    Les prévisions du vendredi 6 juin    Maroc–Espagne : 10 100 sièges cet été entre Malaga, Tanger et Casablanca grâce à Air Nostrum    Ericsson et Orange Maroc concluent un accord stratégique pour étendre le cœur de réseau en vue de la 5G autonome    Festival Printemps du théâtre : Taroudant célèbre la diversité scénique marocaine    Voyage du thé avec trois Marocaines en Chine : à la recherche d'une saveur enracinée entre deux cultures    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Sahara : Etats-Unis, France; deux voies, un seul but
Publié dans Barlamane le 23 - 04 - 2025

Les Etats-Unis et la France se sont engagés aux côtés du Maroc dans la question du Sahara. Y a-t-il des divergences entre les deux pays ? Voyons leurs positions respectives sur la souveraineté, le plan d'autonomie, la solution envisagée et les moyens pour y parvenir.
Sur un plan général, chacun à sa manière, les deux pays ont pris un engagement :
Les Etats-Unis comptent faciliter les progrès vers une solution.
La France, elle, estime qu'«il est temps d'avancer» et «appelle l'ensemble des parties à se réunir», la solution étant «désormais à portée de main.» Elle entend agir en cohérence avec sa position à titre national et au niveau international. Elle considère la poursuite du développement économique et social des provinces du sud comme un impératif et assure que la France «accompagnera (le Maroc) dans cette démarche au bénéfice des populations locales.»
Souveraineté marocaine
Les deux pays reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cependant, la déclaration américaine est explicite et sans ambiguïté :
«Les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur l'ensemble du territoire du Sahara occidental.»
«...l'ensemble du territoire du Sahara occidental fait partie du Royaume du Maroc.»
Nous sommes en présence d'un acte unilatéral non équivoque de reconnaissance de souveraineté pleine et entière, sans condition. En son temps, la proclamation avait marqué une rupture avec la tradition diplomatique américaine sur le dossier. Elle se situe au niveau le plus élevé dans la hiérarchie des soutiens au Maroc, dépassée seulement par les Etats du Golfe qui, outre le soutien du plan d'autonomie et la reconnaissance de la souveraineté marocaine, plaident pour la préservation «de la sécurité et de la stabilité du Maroc et de son intégrité territoriale.»
En ce qui concerne la France, le président Emmanuel Macron dans sa lettre au roi Mohammed VI, datée du 31 juillet 2024, a écrit :
«Le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.»
Admirons au passage l'habileté de la formule, une prouesse de style diplomatique. Tout est dit — et pourtant tout reste à dire. Il y a dans cette phrase une élégance rare : la synthèse parfaite du flou artistique maîtrisé et de l'intention affirmée.
La formulation française est tout en nuances : elle n'utilise pas le terme juridique fort de «reconnaissance», mais suggère une reconnaissance implicite, de facto. Il s'agit plutôt d'une affirmation politique, compatible avec les résolutions de l'ONU.
L'autonomie, la seule solution
Les Etats-Unis, comme la France, soutiennent le plan d'autonomie marocain et le proclament comme «la seule solution» ou «seule base de solution.»
Pour les Etats-Unis, l'autonomie est l'unique option viable, à l'exclusion de toute autre option :
« ... soutien à la proposition d'autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc comme seule base d'une solution juste et durable au différend ».
« Une véritable autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution possible ».
Pour la France, le «soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant.»
«L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue.»
«Le plan d'autonomie constitue désormais la seule base pour une solution.»
Entre les Etats-Unis et la France, il n'y a pas de divergences sur la finalité, bien que la forme diffère. Les deux pays considèrent que l'issue du dialogue (discussions pour les Etats-Unis, négociations pour la France) doit être l'intégration du Sahara occidental au Maroc dans le cadre d'une autonomie. Sur ce point, les Etats-Unis sont clairs : l'indépendance est exclue – «Un Etat sahraoui indépendant n'est pas une option réaliste.»
La France, là encore, est dans l'implicite : le plan marocain est «la seule base» possible, donc tout autre scénario est écarté en pratique.
Il n'y a donc pas de divergence entre les deux pays sur l'issue souhaitée, mais des différences de doctrine apparaissent au niveau des moyens de parvenir au but ultime.
Chemins différents
La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara par proclamation présidentielle a créé une base de légitimité propre. Washington a fixé d'autorité les règles du jeu dans un sens favorable au Maroc et pris une position tranchée et exclusive.
Les Etats-Unis exhortent les parties à engager des discussions, mais ne précisent pas dans quel cadre. Ils ne font pas de référence aux résolutions ni au processus onusien. Est-ce à dire qu'ils veulent contourner ou «court-circuiter» l'ONU ? Peut-être ne croient-ils simplement pas en l'efficacité de la machine onusienne et de ses envoyés personnels.
Le 8 avril, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a réitéré la position des Etats-Unis et réaffirmé l'appel du président Trump pour que les parties s'engagent dans des discussions en utilisant la proposition d'autonomie du Maroc comme seul cadre, mais il n'a pas mentionné l'ONU ni exprimé un soutien au travail de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura.
Deux jours plus tard, le même De Mistura a précisément été reçu par la Sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques Lisa Kenna, qui lui a rappelé les déclarations de Rubio. Le tweet de Kenna ne contient pas un mot de soutien ou d'encouragement.
En revanche, la France maintient une ambivalence stratégique, certes favorable au Maroc mais respectueuse du cadre onusien. La formulation française garde un ancrage diplomatique multilatéral : Le plan d'autonomie constitue la seule base pour une solution mais celle-ci doit être «conforme aux résolutions du Conseil de sécurité.»
La France ne ferme pas totalement la porte à d'autres processus, tant qu'ils s'inscrivent dans le cadre onusien. Elle privilégie un dialogue, mais cadré. La France laisse une place au compromis et à la médiation internationale, ce qui suppose que la solution soit entérinée non seulement par les parties, mais multilatéralement.
Les Etats-Unis ont voulu activer une solution rapide. Pour eux, le Sahara doit rester marocain, le processus est secondaire.
Pour la France, le processus est aussi important que la finalité : le Sahara doit rester marocain, mais il faut respecter le cadre multilatéral et le canal onusien.
Pour le Maroc, l'essentiel est le résultat.
D'aucuns, au Maroc, voient dans la position de la France et des Etats-Unis, et d'autres pays, un double langage : d'un côté, ces pays reconnaissent la souveraineté du Maroc sur son Sahara, ou appuient le plan d'autonomie marocain mais de l'autre, ils appellent à des négociations entre les parties, soit bilatéralement soit à l'ONU.
Il n'y a pas de contradiction. C'est un peu comme quelqu'un qui, dans une querelle, donne raison à son ami et le soutient, mais qui, en même temps, insiste sur la nécessité de respecter la procédure et recommande de négocier. Il exprime son point de vue et affirme son soutien, mais renvoie à une procédure pour aboutir à une solution formelle, validée définitivement. Il ne faut pas perdre de vue que la France et les Etats-Unis sont tous deux des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et du Groupe des amis du Secrétaire général pour le Sahara et ont, à ce titre, des responsabilités particulières. Ils figurent, en outre, dans la proposition d'autonomie comme garants de l'application de l'accord par les parties.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.