Le Nigeria a sollicité, officiellement, l'appui du Ghana pour le projet de gazoduc atlantique africain, également désigné sous le nom de gazoduc Nigeria-Maroc, destiné à resserrer les liens énergétiques entre les Etats d'Afrique de l'Ouest et à garantir une sécurité accrue des approvisionnements régionaux. Les pourparlers se sont tenus en marge d'une réunion ministérielle du Comité du gazoduc ouest-africain (WAGPCo) dans la capitale ghanéenne, au moment où Abuja réclame à Accra le règlement d'un arriéré de 75 millions de dollars (environ 748 millions de dirhams marocains) au titre de livraisons de gaz effectuées dans le cadre du Gazoduc ouest-africain (WAGP). Un différend financier persistant entre partenaires énergétiques Le ministre d'Etat nigérian en charge des ressources pétrolières, Ekpo Ekperipe, a confirmé avoir abordé cette question délicate avec le président ghanéen John Dramani Mahama. Il a insisté sur la nécessité pour les autorités compétentes du Ghana de prendre toutes les dispositions requises afin d'honorer leurs engagements contractuels envers le Nigeria, dans le cadre du WAGP. Ce gazoduc long de 678 kilomètres permet l'acheminement de gaz naturel depuis le delta du Niger, au sud du Nigeria, vers le Bénin, le Togo et le Ghana. Il est exploité par la société West African Gas Pipeline Company Limited (WAGPCo), un consortium réunissant notamment Chevron, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), ainsi que les compagnies publiques gazières des pays concernés. Selon M. Ekperipe, les négociations en cours ne visent pas uniquement à apurer les dettes accumulées, mais également à préserver la stabilité énergétique de la région. «Il est crucial que le Ghana remplisse ses engagements contractuels afin de garantir la pérennité du corridor gazier ouest-africain», a-t-il fait valoir. Le projet Nigeria–Maroc au cœur des échanges Au-delà du différend bilatéral, le ministre nigérian a également sollicité l'adhésion d'Accra au projet de gazoduc atlantique africain, infrastructure stratégique qui traverserait au moins treize pays africains, avant une éventuelle extension vers le continent européen. Ce projet, dont le coût est estimé à 25 milliards de dollars, fait l'objet d'un soutien politique accru depuis son annonce, plusieurs chefs d'Etat ayant renouvelé leur attachement à son aboutissement lors de réunions techniques tenues en mai dernier. Le projet est conduit par le Nigeria et le Maroc, avec l'ambition déclarée d'établir un réseau structurant de transport du gaz naturel le long de la façade atlantique, en complément du WAGP, et d'ouvrir de nouveaux débouchés commerciaux pour les pays traversés. En février, Accra avait indiqué son intention de négocier un paiement de 37,5 millions de dollars à la société nigériane N-Gas Limited, en règlement partiel de la dette contractée pour l'approvisionnement des centrales électriques ghanéennes. Toutefois, le directeur général de N-Gas n'a pas confirmé si ce versement avait effectivement été effectué à ce jour. Le Nigeria, qui demeure le principal pourvoyeur de gaz naturel dans la région, a de son côté réaffirmé sa disposition à maintenir la fourniture de gaz dans le respect des termes contractuels, tout en cherchant à résoudre les différends en suspens avec ses partenaires. «Notre engagement à œuvrer de concert avec les pays frères demeure intact», a assuré M. Ekperipe.