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OCP Green Water et trois villes marocaines dévoilent à Stockholm leurs programmes de recours aux eaux non conventionnelles et leurs dispositifs de circularité
Confronté à une sécheresse ininterrompue depuis sept ans, le Maroc déploie une panoplie de dispositifs pour pérenniser ses ressources hydriques. Présentés à la Semaine mondiale de l'eau, ces programmes vont de la réutilisation des eaux usées urbaines aux projets de dessalement et de transfert interrégional, tout en intégrant des pratiques ancestrales comme les khattarates de Marrakech. e Maroc a présenté, à l'occasion de la Semaine mondiale de l'eau à Stockholm, plusieurs expériences locales mettant en œuvre une gestion circulaire des ressources hydriques, à travers le programme Morocco Urban Circular Water Resilience conduite par le Conseil international pour les initiatives écologiques locales (ICLEI), avec l'appui du ministère fédéral allemand et de la GIZ. Selon le compte rendu publié par The Water Diplomat en septembre 2025, ICLEI et ses partenaires institutionnels ont détaillé des cas concrets issus de trois villes marocaines – Marrakech, Safi et Kénitra – afin d'illustrer la faisabilité de politiques circulaires dans la gestion de l'eau en milieu urbain. Les intervenants ont souligné que «le Maroc traverse sa septième année de sécheresse et qu'une action immédiate est indispensable pour éviter des pénuries d'approvisionnement, en recourant à des approches intégrées de gestion circulaire incluant la réduction de la demande et le recyclage des eaux usées traitées.» La stratégie nationale face à la pénurie Selon Badria Benjelloun, directrice de l'urbanisme au MATN, «le stress hydrique s'aggrave au Maroc : le taux d'urbanisation atteint 72,8 %, concentré sur les zones littorales, ce qui exerce une pression considérable sur les ressources naturelles.» Elle a précisé que «la disponibilité annuelle par habitant n'est que de 606 m3, aggravée par la surexploitation des nappes, des sources multiples de pollution et la fréquence des inondations comme des vagues de chaleur.» Face à ces tensions, Rabat a engagé d'importants investissements : «Dix-sept grands barrages et 146 ouvrages de taille plus modeste sont en chantier, seize projets de dessalement produisent 270 millions de m3 par an, et 197 stations d'épuration offrent un potentiel de réutilisation.» Le pays s'est fixé pour objectif «d'atteindre, d'ici 2027, 5 millions de m3 d'eaux usées traitées et 1,7 million de m3 d'eau dessalée chaque année.» Parmi les projets emblématiques figure une infrastructure baptisée «autoroute de l'eau», destinée à transférer les ressources hydriques du nord vers les régions arides du sud. Expériences locales : Marrakech, Safi et Kénitra À Stockholm, la représentante de Marrakech, Khadija Bouhrachi, adjointe au maire, a rappelé que la ville impériale, fondée en 1071 et soumise à une forte croissance démographique et touristique, «déploie un plan de six ans (2022-2028) structuré en quatre axes, dont l'un concerne la maîtrise de l'empreinte environnementale, qu'il s'agisse des transports, de l'énergie, des déchets ou des ressources en eau.» Elle a évoqué la redécouverte des khattarates, ces galeries souterraines gravitaires qui acheminaient jadis l'eau vers les zones de demande et qui, selon ses termes, «offrent une solution à faible empreinte écologique, intégrée aujourd'hui au patrimoine culturel et à la politique environnementale de la ville.» Marrakech exploite également une station d'épuration construite en 2010, dont les eaux traitées irriguent golfs, palmeraies, parcs et jardins. La municipalité explore désormais des usages industriels et a engagé un audit en 2022 pour réduire de 45 % la consommation en remplaçant les réseaux obsolètes et en généralisant le goutte-à-goutte. À Safi, Imane Naddi, chargée de projet au sein de l'Office chérifien des phosphates (OCP), a présenté les actions de la filiale OCP Green Water, créée pour répondre aux défis hydriques. Elle a affirmé que «l'entreprise applique depuis 2008 une politique fondée sur trois piliers : réduire la consommation dans les activités minières et chimiques, recourir à des sources non conventionnelles grâce à des unités de dessalement et de traitement des eaux usées, et développer la recherche pour accroître l'efficacité de l'usage de l'eau.» Un programme lancé en 2022 prévoit «40 milliards de dirhams d'investissements (4,4 milliards de dollars) pour générer 560 millions de m3 d'eau issue de sources non conventionnelles, et 50 millions de m3 supplémentaires par la réutilisation des eaux traitées.» L'objectif est de couvrir l'ensemble des besoins du groupe, d'alimenter des clients industriels et agricoles et de porter, à terme, l'approvisionnement annuel total à 750 millions de m3. À Kénitra enfin, Sakina Belhamidi, professeur à l'université Ibn Tofaïl, a détaillé une expérience pionnière menée sur le campus, équipé d'un système de traitement membranaire capable de filtrer 400 m3 par jour. Ce dispositif, combinant bioréacteur et membranes, «élimine 100 % des polluants en suspension et permet une réutilisation immédiate pour l'arrosage, via des 'mepotubes' enterrés qui diffusent l'eau directement aux racines avec une efficience supérieure au goutte-à-goutte.» L'université suit les progressions de ce dispositif, déjà reproduit dans des espaces verts à Rabat et Marrakech ainsi que dans un village-pilote. Mme Belhamidi a résumé la démarche en ces termes : «Rien ne se perd, rien ne se gaspille, tout se transforme.»