Adoptée en décembre dernier par l'Assemblée générale des Nations Unies, cette convention entrera en vigueur 90 jours après sa ratification par les Etats membres. Elle marque une étape décisive dans la lutte contre les nouvelles formes de criminalité. Suivez La Vie éco sur Telegram Le Maroc a signé, samedi à Hanoï, le Traité des Nations Unies contre la cybercriminalité, lors d'une conférence internationale organisée dans la capitale vietnamienne en présence d'une soixantaine de pays. Le Royaume était représenté à cet événement, marqué par la présence du Secrétaire général de l'ONU António Guterres, par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Adoptée en décembre dernier par l'Assemblée générale des Nations Unies, cette convention entrera en vigueur 90 jours après sa ratification par les Etats membres. Dans une allocution prononcée à cette occasion, M. Ouahbi a qualifié cette rencontre de « moment historique » et d' »événement symbolique majeur dans l'action onusienne au cours de la décennie », soulignant qu'elle marque une étape décisive dans la lutte contre les nouvelles formes de criminalité et illustre un modèle de coopération internationale pour les contenir. Le ministre a rappelé que l'essor du numérique a fait d'Internet un acteur central de la vie contemporaine, mais également un vecteur d'expansion rapide des activités criminelles. Les infractions visant les données et systèmes informatiques ne se limitent plus à des atteintes individuelles, mais menacent désormais la stabilité politique et économique des Etats, a-t-il observé. Face à cette évolution, la communauté internationale a vu émerger diverses initiatives pour renforcer la sécurité numérique, allant des cadres juridiques nationaux à des accords régionaux tels que la Convention arabe contre la cybercriminalité et la Convention de Budapest, a-t-il poursuivi. Le Maroc, a-t-il rappelé, s'est pleinement impliqué dans le processus d'élaboration du traité depuis la création du comité intergouvernemental chargé de sa rédaction, en vertu de la résolution 75/282 de l'Assemblée générale, ajoutant que le Royaume a participé activement à toutes les phases des négociations, contribuant à l'élaboration de la version finale du texte. Parvenir à un accord international dans le contexte géopolitique actuel n'a pas été aisé, a reconnu M. Ouahbi, évoquant des discussions marquées par d'importants débats politiques et techniques. Cet aboutissement, a-t-il ajouté, témoigne d'une volonté collective fondée sur la flexibilité et l'ouverture, et reflète « une compréhension partagée de la criminalité numérique ainsi qu'un engagement renouvelé en faveur de la coopération judiciaire et technique ». Le ministre a, par ailleurs, alerté sur la montée des menaces cybernétiques à l'échelle mondiale, dont les répercussions affectent le tissu social, économique et psychologique des sociétés. « Dans un environnement régional marqué par la recrudescence des activités de groupes extrémistes véhiculant des discours de violence et parrainant le terrorisme, qui recourent désormais à l'espace numérique pour diffuser leurs idéologies destructrices, inciter à la haine, verser le sang et semer la terreur parmi les innocents, le renforcement de la cybersécurité apparaît plus que jamais comme un enjeu majeur pour la protection des individus et des sociétés, ainsi que pour la préservation de la stabilité », a souligné M. Ouahbi. Le Maroc, a-t-il rappelé, s'inscrit depuis plusieurs années dans cette dynamique mondiale, en adoptant des lois et des stratégies nationales visant à développer l'économie numérique tout en protégeant les citoyens. Le pays s'est ainsi doté d'un cadre juridique spécifique à la cybersécurité et a actualisé ses codes pénal et de procédure pénale. M. Ouahbi a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale pour faciliter l'accès aux preuves numériques, devenu un défi majeur pour l'ensemble des Etats. Il a, dans ce sens, réaffirmé la disponibilité du Maroc à collaborer pleinement avec ses partenaires pour la mise en œuvre effective de la convention et l'amélioration de ses mécanismes procéduraux. Proposée initialement par la Russie en 2017 et approuvée par consensus l'année dernière après de longues négociations, cette convention représente le premier cadre juridique international spécifiquement consacré à la lutte contre la cybercriminalité. Elle couvre divers types de cybercriminalité, allant du hameçonnage (phishing) et des rançongiciels (ransomwares) à la pédopornographie et au blanchiment d'argent, des activités qui coûtent des milliards de dollars à l'économie mondiale.