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Une retraite à 70 ans au Maroc imposée par le FMI ? retour sur une rumeur qui déforme les mégatendances, reprise par une partie de la presse
Publié dans Barlamane le 17 - 09 - 2025

Une rumeur persistante a prétendu que le Fonds monétaire international (FMI) imposerait au Maroc un relèvement brutal de l'âge légal de départ à la retraite jusqu'à 70 ans. Or, cette affirmation est dépourvue de fondement. Le document cité n'émane pas du FMI mais de la Banque mondiale qui, dans son rapport publié en mai, ne fixe aucun âge impératif. L'institution se borne à souligner que le vieillissement rapide des populations au Moyen-Orient et en Afrique du Nord fragilisera les régimes de pension et qu'il conviendrait, pour en préserver la viabilité, d'allonger progressivement la durée des carrières, de favoriser des formes de travail flexibles pour les seniors et de développer les services de soins de longue durée. La Banque mondiale insiste sur la nécessité d'accompagner ces évolutions par une politique active de formation continue et de santé préventive, de manière à maintenir en activité une main-d'œuvre plus âgée tout en allégeant la charge croissante des systèmes sociaux.
Dans certains médias marocains, arabophones spécialement, à l'image de Lakome et autres, a circulé une affirmation trompeuse selon laquelle le Fonds monétaire international (FMI) imposerait au Maroc un âge de départ à la retraite fixé à 70 ans. Or cette assertion est infondée et ne figure dans aucun document rendu public en septembre, ni notes de travail ni rapports sectoriels. Le document que Barlamane.com invoque n'émane pas du FMI mais de la Banque mondiale. Il ne s'agit pas d'une directive contraignante mais d'un rapport prospectif publié en mai, qui propose des pistes d'action face aux grands bouleversements démographiques, climatiques et technologiques. Les auteurs y précisent qu'ils ne prescrivent aucune réforme particulière, mais examinent les dynamiques à l'œuvre. Le FMI, rappelle le rapport, n'a jamais évoqué un tel seuil : en 2014, il s'était contenté de suggérer de porter progressivement l'âge légal de 62 à 65 ans. La Banque mondiale insiste donc sur le caractère analytique de son texte, qui n'a pas vocation à dicter des politiques nationales.
Les métadonnées du document se présentent comme suit. Le titre en est Preparing for Demographic, Climate and Technological Change – Global Megatrends and Human Development in the MENA Region. Ses auteurs sont Johannes Koettl, Sofia Gomez Tamayo, Matteo Morgandi et Ramy Zeid. La date de publication est mai 2025. L'organisme éditeur est la Banque mondiale. Le numéro de tâche est P502135.
Transformations démographiques et pressions sociales
La Banque mondiale observe que la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) connaît une transition démographique rapide. Selon le rapport, «le taux de fécondité chutera de 2,6 enfants par femme aujourd'hui à 2,1 en 2050». Les projections soulignent aussi que «l'indice de dépendance des personnes âgées passera de 7,8 % en 2020 à 18 % en 2050», ce qui reflète un vieillissement accéléré.
Pour le Maroc, les auteurs précisent que «le pays achèvera sa transition démographique dans un avenir proche». La proportion de personnes nécessitant des soins de longue durée y atteint déjà 18,8 % de la population, la plus élevée de la région, et devrait continuer à progresser. Le document note que «plus la population vieillit, plus la proportion de retraités augmente, ce qui place sous contrainte les systèmes de pensions et de santé». Le rapport insiste sur la nécessité d'allonger les carrières professionnelles : «Une plus petite cohorte d'actifs soutiendra un nombre croissant de retraités, tant financièrement que dans les activités quotidiennes». Les auteurs ne proposent aucun âge fixe mais soulignent que «l'extension des carrières et des formes flexibles de travail doit accompagner le vieillissement».
Les auteurs rappellent que la fécondité a connu une baisse fulgurante : «en 1970, de nombreux pays MENA dépassaient six enfants par femme ; aujourd'hui, plusieurs sont tombés en dessous de trois». La Banque mondiale y voit «un changement culturel accéléré vers des familles plus petites».
Le texte mentionne aussi la migration : «le Maroc, comme la Tunisie et la Libye, connaît une part de population vivant à l'étranger inférieure à 10 %». La Banque mondiale suggère que «la mobilité des jeunes, tant interne qu'externe, doit être encouragée pour atténuer le chômage et redistribuer la main-d'œuvre».
L'institution souligne enfin l'existence d'un dividende démographique à exploiter : «la jeunesse nombreuse peut stimuler la croissance si elle trouve des débouchés sur le marché du travail». Le rapport ajoute que «la participation accrue des femmes pourrait à elle seule accroître de près de 20 % le produit intérieur brut (PIB)».
Défis climatiques et mutations technologiques
Au plan climatique, le rapport avertit que «60 % de la population de la région MENA vit déjà dans des zones de forte pénurie d'eau». Pour le Maroc, pays semi-aride, cette vulnérabilité est cruciale. Les auteurs indiquent que «un réchauffement global de 2 °C pourrait réduire la disponibilité en eau douce de 15 à 45 %», tandis que «une hausse de 4 °C entraînerait une baisse allant jusqu'à 75 %». Les conséquences agricoles seraient sévères : «une hausse de température de 1,5 à 4 °C provoquerait une chute de rendement de 30 à 60 %».
La Banque mondiale souligne aussi la fragilité des littoraux : «L'Egypte et les Emirats arabes unis sont les plus exposés à l'élévation du niveau de la mer, suivis par la Libye, l'Arabie saoudite et la Tunisie». Le Maroc, en revanche, figure parmi les pays moins affectés. Les auteurs mettent en garde contre «des phénomènes extrêmes plus fréquents – vagues de chaleur, inondations – qui menacent infrastructures et populations».
Le rapport observe que «les catastrophes climatiques provoquent déjà des déplacements massifs, les inondations étant la cause principale». Si le Maroc n'est pas cité comme foyer majeur de migrations climatiques, les auteurs invitent à anticiper ces flux. Ils écrivent que «les gouvernements doivent protéger les migrants et renforcer l'adaptation des campagnes». Concernant la technologie, la Banque mondiale note que «près de 45 % des emplois actuels pourraient être automatisés par les technologies existantes». Elle ajoute que «les pays MENA sont moins exposés que les économies avancées mais souffrent de faibles niveaux de préparation». La fracture numérique y est nette, sauf dans les monarchies du Golfe.
Le rapport, par la même occasion, insiste sur la formation : «Les systèmes d'éducation doivent fournir les compétences nécessaires dans les domaines numérique, vert et du soin». Il mentionne que «le déficit de préparation prive la région des gains de productivité que l'intelligence artificielle (IA) pourrait apporter». L'institution internationale relève aussi que «la transition énergétique pourrait créer dix millions d'emplois dans la région MENA d'ici 2050 et augmenter le PIB de 7,2 %». Elle précise que «le Maroc, l'Egypte et la Tunisie possèdent parmi les sites les plus favorables au monde pour l'éolien», ce qui pourrait permettre au Maroc «de créer jusqu'à 28 000 emplois nets par an dans les énergies renouvelables d'ici 2030».
Enfin, les auteurs détaillent dix axes de politique publique. Ils recommandent «d'étendre les services de soins de longue durée pour les personnes âgées et handicapées» ; «de développer la formation continue afin que la main-d'œuvre plus âgée acquière les compétences nécessaires» ; «de renforcer la petite enfance et les modes de garde pour équilibrer vie familiale et travail» ; «de favoriser la mobilité professionnelle et géographique» ; «de prévenir les maladies chroniques non transmissibles» ; «d'allonger les carrières par des modalités de travail flexibles» ; «de promouvoir la santé reproductive et maternelle» ; «de remplacer les subventions énergétiques par des transferts sociaux ciblés» ; «de développer la recherche universitaire en faveur de l'innovation créatrice d'emplois» ; «d'instaurer un dialogue social sur la technologie et l'emploi».
Ces recommandations, traduites dans un langage sobre, expriment la volonté de l'institution d'anticiper les transformations démographiques, climatiques et technologiques, sans jamais édicter de normes contraignantes pour les Etats souverains. Le Maroc, mentionné à plusieurs reprises, se trouve ainsi au centre d'une réflexion plus large sur la manière dont les pays du Maghreb et du Moyen-Orient peuvent affronter les bouleversements du siècle.
Un rapport du FMI ne contient aucun âge de départ
Par ailleurs, dans son rapport d'avril 2025 intitulé Perspectives de l'économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) consacre un chapitre entier à l'essor de la «silver economy», c'est-à-dire l'économie façonnée par le vieillissement de la population. Ce document, rédigé par une équipe d'économistes dirigée par Bertrand Gruss et Diaa Noureldin, met en exergue les bouleversements qui touchent toutes les régions, y compris l'Afrique du Nord, et qui concernent directement le Maroc.
Dès l'introduction, les auteurs relèvent que «le vieillissement démographique n'est plus limité aux pays riches, mais se généralise à l'ensemble des continents». Ils ajoutent que «les sociétés jusqu'ici jeunes, comme celles du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, connaîtront une progression rapide de la part des personnes âgées». Pour le Maroc, ce constat signifie que la période favorable liée à une population active nombreuse tendra à disparaître, ce que le rapport décrit comme «la fermeture progressive de la période propice au dividende démographique».
La transformation démographique accroît les pressions économiques
Les économistes du FMI expliquent que «la baisse de la fécondité conjuguée à l'allongement de la vie entraîne une modification durable des structures d'âge». Ils observent que «l'élévation du taux de dépendance, mesurant le poids des retraités par rapport aux actifs, alourdit mécaniquement les dépenses publiques, en particulier les retraites, la santé et le soin de longue durée».
Le document souligne que «ces changements pèseront sur la croissance économique mondiale et sur les finances publiques». Il indique que, pour l'ensemble des pays étudiés, «la progression du produit intérieur brut ralentira d'environ 1,1 point de pourcentage en moyenne entre 2025 et 2050, et près des trois quarts de ce ralentissement proviendront de la démographie».
Pour l'Afrique du Nord, y compris le Maroc, cette évolution annonce une ère de contraintes accrues. Le rapport insiste sur le fait que «les pays à revenu intermédiaire devront dégager des soldes budgétaires primaires supérieurs à ceux observés dans la période 2016-2018 pour stabiliser leur dette publique au-delà de 2030».
Des réformes pour prolonger l'activité et réduire les écarts
Le FMI insiste toutefois sur la possibilité d'atténuer ces pressions en améliorant la participation au marché du travail. Il écrit que «des politiques de santé préventive, de formation tout au long de la vie et un relèvement progressif de l'âge effectif de départ à la retraite peuvent accroître la contribution des travailleurs âgés». Le rapport observe que «les personnes de 70 ans en 2022 ont, en moyenne, les mêmes capacités cognitives qu'un individu de 53 ans en 2000», ce qui permet de prolonger la vie professionnelle.
De même, le document recommande de «réduire les écarts de participation entre les hommes et les femmes». Selon ses calculs, «un ensemble de mesures bien conçu pourrait augmenter la croissance mondiale de 0,6 point par an au cours des vingt-cinq prochaines années, compensant près des trois quarts du frein lié à la démographie».
Le FMI précise enfin que «les dividendes économiques et budgétaires de ces politiques offriraient aux pays comme le Maroc la possibilité de reconstituer des marges financières tout en soutenant la croissance». L'accès élargi aux marchés financiers internationaux, l'amélioration de la gouvernance et la montée en qualité des institutions sont mentionnés comme des conditions permettant aux pays d'Afrique du Nord de tirer profit de leur dernier avantage démographique avant l'arrivée à maturité du vieillissement.


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