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Médias et société : «Le sermon de la démocratie du Maroc se vérifie sur la scène des médias»
Publié dans Finances news le 05 - 03 - 2012

Le Livre blanc renferme 303 mesures, dont celles qui cherchent à viabiliser économiquement les journaux comme de vraies entreprises.
La restructuration des médias est un chantier vaste, mais le Pr. Jamal Eddine Naji, coordonnateur général du Dialogue national «Média et société», estime qu'aujourd'hui il n'y a pas de choix que d'aller de l'avant.
* Finances News Hebdo : Sur les 303 recommandations contenues dans le Livre blanc, fruit du dialogue national «Média et société», dans le chapitre relatif à la presse écrite, il est question de refonder toutes les aides publiques sur une approche d' «aide investissement», octroyée sur la base d'engagements partagés entre l'Etat et les journaux. Qu'est-ce que vous reprochez au système actuel de subvention ?
* Jamal Eddine Naji : Le système actuel est un système qui est inspiré du système de subvention français d'avant 2009. Les Français, avec le Livre vert qui a été présenté au président Sarkozy, sont passés désormais d'un système d'aide-subvention à un système d'aide-investissement. Dans le sens où l'Etat qui fournit cette aide va convenir avec la presse de certains objectifs à atteindre, des objectifs qui intéressent la société, les médias et le développement des médias comme le problème du nombre réduit du lectorat ou encore la rencontre avec les jeunes pour que ces derniers lisent davantage. On peut penser à des systèmes d'abonnement gratuit pendant une période donnée aux jeunes de moins de 25 ans pour les habituer à lire la presse, à titre d'exemple, ou d'autres mécanismes qui peuvent être compensés par l'Etat. D'une façon globale, l'idée est de passer d'une aide sous forme de subvention à une aide circonstanciée. Si l'on prend l'exemple du Maroc, on va dire que si la presse écrite dite «généraliste et politique» mutualise ses moyens au niveau de l'impression pour créer un pôle d'impression à Oujda ou à Agadir, l'Etat va aider ces plans d'investissement sur la base de l'intérêt à ce que les régions de l'Est et du Sud accèdent à la presse et aux médias. C'est ce genre d'initiatives auxquelles le Livre blanc fait référence. On peut faire des actions beaucoup plus fines concernant des objectifs de valeurs universelles, de crédo démocratique… c'est-à-dire, à titre d'exemple, si la presse partisane veut améliorer sa version électronique, c'est intéressant pour se rapprocher des jeunes puisque les partis politiques ont un rôle reconnu important dans la société … Il y a nombre d'idées du genre mais l'essentiel est que l'Etat doit soutenir les entreprises non pas dans un objectif purement économique mais qui se croise avec le politique et le sociétal.
Concrètement, ce que le Livre blanc propose est qu'il y ait création d'un fonds d'investissement qui couvre tous les médias. Le fonds d'aide actuel est doté d'une somme ridicule à savoir 50 millions de DH.
* F. N. H. : Justement, est-il possible d'appeler à une solidarité intersectorielle, par des mécanismes de taxation de secteurs florissants au profit de secteurs en difficulté, dans un contexte dit de crise ?
* J. E. N. : Les Français y sont arrivés. D'ailleurs, Sarkozy, quand il avait interdit la publicité sur les chaînes publiques, c'est pour aller chercher de l'argent ailleurs.
Comme la téléphonie, secteur florissant et qui peut contribuer avec une surtaxe de 0,1 % ou de 1%, ça dépend, bien sûr de ce qui est décidé, dans le fonds dédié au développement des médias. C'est la même chose entre la télévision et le cinéma. Donc, il s'agit de reprendre cette idée et de l'adapter au secteur des médias au Maroc, qu'il s'agisse de média classique ou électronique,… L'idée est de pouvoir fonctionner ensemble dans le champ médiatique marocain avec agences, journaux, distributeurs…
Le financement ne passe pas uniquement pas ces mesures proposées mais également par le secteur bancaire. Ainsi, l'Etat peut mettre sur pied des mesures qui encourageraient le secteur bancaire à accompagner les jeunes promoteurs qui veulent investir dans les médias. Bien évidemment, ces efforts sont consentis afin que les médias accompagnent les choix de la société et de promotion de certaines valeurs et de services. La deuxième motivation de cette aide est purement économique dans le sens où les médias sont une vraie mine d'emplois. Il est cependant essentiel de concilier entre deux choses : la première étant la liberté d'expression, en donnant la possibilité aux jeunes de créer et d'innover. La deuxième est l'animation la vie démocratique de la société marocaine en portant ces valeurs. Il s'agira d'un réel contrat avec la société et il faut qu'il reflète les ambitions de la société en terme de gouvernance.
* F. N. H. : D'ailleurs, dans le Livre blanc, l'éligibilité aux aides publiques est liée à l'obligation pour l'entreprise d'instituer au moins trois critères de bonne gouvernance, notamment un contrat de travail individuel conforme aux dispositions de la convention collective …
* J. E. N. : Bien évidemment. Quand on dit qu'on choisit la démocratie, il faut qu'elle se reflète sur la vie de tous les jours. Un journaliste qui est conforme à la loi, qui respecte la déontologie, qui défend les valeurs de la démocratie et de droit, qui appelle au respect de la loi… il faut que lui-même puisse vivre ce qu'il revendique pour la société et qu'il jouisse de ses droits.
En effet, si une entreprise de presse s'adresse à l'Etat pour l'aider, ce dernier a le droit d'exiger de cette entreprise de respecter la règle du jeu qui fonctionnera pour tout le monde. C'est pourquoi je pense qu'il faut commencer un travail de sensibilisation et d'éducation, aussi bien auprès des décideurs politiques que des décideurs médiatiques. L'Etat peut proposer une amnistie et mettre les compteurs à zéro et effacer certains arriérées du secteur, pourquoi pas le 1er juillet date d'un nouveau contrat sociétal au Maroc, qu'il s'agisse de CNSS ou d'impôts à condition qu'à partir de cette date-là, tout le monde se conforme et que si une entreprise ne s'acquitte pas de ses charges sociales elle tombe immédiatement sous le coup de la loi.
Il est important de signaler que tout cela doit s'inscrire dans une approche de concertation, de débat et surtout d'expertise.
* F. N. H. : Le Livre blanc est le fruit de plusieurs années de dialogue, débats et consultations… Et après ? Qu'adviendra-t-il des recommandations contenues dans cet ouvrage ?
* J. E. N. : Nous avons choisi de passer par la voie de la représentativité donc par le Parlement qui représente la société. Nous sommes passés également par les organisations professionnelles qui sont reconnues par l'Etat comme représentant leur secteur, notamment la FMEJ et le SNPM (la Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux et le Syndicat National de la Presse Marocaine)… Il faut donc qu'on continue sur la même lancée. C'est pour cela d'ailleurs que le 24 janvier nous avons présenté le Livre blanc devant le Parlement représenté par les présidents des deux Chambres, en plus des membres de la commission également. Le gouvernement était aussi présent puisqu'il a pris part au dialogue via le ministère de la Communication et le ministère en charge des relations avec le Parlement.
Et dans les déclarations des uns et des autres il est clair qu'il y a consensus pour passer à une étape supérieure. Il s'agir de ressasser les 303 recommandations pour voir celles qui relèvent de l'exécutif et qui nécessiteraient des décrets à adopter, puis celles qui relèvent du législatif … et puis comme troisième acteur à plein statut que sont les organisations représentatives des médias, il faut voir quelles sont les mesures qui peuvent être appliquées. Et à partir de là, il est possible d'établir une liste de mesures à inscrire dans un plan d'urgence puisqu'elles ne nécessitent que des décisions minimes.
Et puis, il y a évidemment des mesures qui demanderont un énorme chantier comme le droit d'accès à l'information, puisqu'il faut prévoir toute une logique régionale, des mécanismes de recours en cas d'insatisfaction d'une demande d'information… Cette loi nécessitera un grand travail avec des juristes pour qu'elle abroge certaines lois et pour ne pas être en opposition avec d'autres. Et bien évidemment, il y a également un rôle important à jouer par la Justice. Donc, il y a un débat sur des questions techniques mais le plus important est qu'il y ait une acceptation car il s'agit d'un secteur à part que la Justice doit traiter de façon particulière.
Aujourd'hui, la balle est certes dans le camp des institutions constitutionnelles mais il est tout aussi important que la société civile s'approprie ce débat également. C'est là un chantier ambitieux c'est vrai, mais nous n'avons plus le choix parce que tout sermon de foi concernant le choix de la démocratie, et les événements de la région en témoignent, c'est sur la scène des médias que cette intention se vérifie.
Propos recueillis par Imane Bouhrara


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