Deux rapports successifs dressant un bilan détaillé du partenariat entre l'Etat et les associations pour les années 2022 et 2023 ont été rendus publics mercredi à Rabat, lors d'une présentation organisée par le ministère délégué chargé des relations avec le Parlement (MCRP), en coordination avec 33 départements gouvernementaux et 143 établissements publics. 13 milliards de dirhams mobilisés au profit des associations Selon ces documents, la valeur totale des subventions octroyées aux associations de la société civile durant les deux exercices considérés atteint 13 milliards de dirhams, contre 12 milliards de dirhams pour la période triennale 2019-2021. Cette évolution, chiffrée à +10 % en glissement triennal, témoigne d'un regain d'engagement des pouvoirs publics à associer durablement les organisations civiles à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques de développement. Le ministère observe en outre une progression cumulative de 23 % entre les triennales 2016-2018 et 2019-2021, traduisant, selon les rédacteurs des rapports, une implication croissante de l'ensemble des institutions publiques dans la structuration du tissu associatif à travers le territoire. Vers une diversification des ressources Dans une déclaration prononcée à cette occasion, le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a salué la «grande expérience accumulée» par les associations, dont les contributions ont accompagné les «différents chantiers de développement» du pays. Il a souligné que les analyses menées par les institutions, tant publiques qu'indépendantes, convergent vers un constat : «le financement reste un enjeu fondamental pour permettre aux associations d'exercer pleinement leurs missions telles que consacrées par la Constitution.» À cet égard, le ministère a lancé en 2025 une étude en partenariat avec l'Union européenne (UE) portant sur les mécanismes de financements alternatifs, dans l'objectif explicite de diversifier les sources de revenus des programmes associatifs. «Les conclusions attendues devraient apporter une contribution significative à la refonte des modalités de soutien public», a-t-il précisé. Numérisation de la collecte des données Le ministre a également évoqué l'adoption prochaine d'une application dédiée à la collecte numérique des informations relatives aux conventions de partenariat, qui servira de base pour les rapports à venir. Cette avancée s'inscrit dans une démarche de rationalisation du travail administratif et «reflète la compétence élevée de l'administration publique marocaine dans le domaine du traitement de l'information», a-t-il estimé. Un engagement irréversible en faveur des droits humains Présent à la cérémonie, le délégué interministériel aux droits de l'Homme (DIDH), Mohammed El Habib Belkouch, a rappelé que «le choix stratégique irréversible du Royaume dans le domaine des droits humains» ne saurait être disjoint de la place accordée aux associations. Selon lui, les progrès observés résultent autant d'un accompagnement institutionnel accru que de l'engagement soutenu des acteurs associatifs sur le terrain. Il a insisté sur la nécessité de «poursuivre les chantiers de réforme en cours» pour permettre à ces structures de remplir pleinement leurs fonctions de médiation, de plaidoyer et de participation citoyenne, «aux côtés des organes institutionnels, dans l'édification d'un Etat de droit social». Un nouveau paradigme pour la gestion des services publics De son côté, le président de l'Observatoire national du développement humain (ONDH), Othman Gayer, a plaidé pour «l'instauration d'un cadre juridique clair» régissant la gestion déléguée des services publics par les associations. Il a mis en avant la nécessité de garantir la qualité de ces prestations, en s'appuyant sur une contractualisation rigoureuse et des financements pérennes. Selon lui, «un partenariat effectif doit permettre non seulement l'exécution efficiente des programmes sociaux, mais aussi la mise en œuvre des grandes réformes liées à l'Etat social, tout en ouvrant la voie à une nouvelle génération d'approches participatives pour l'évaluation des politiques publiques.» Levier pour une nouvelle cohésion sociale Enfin, le directeur de l'Agence nationale de lutte contre l'analphabétisme (ANLCA), Abdelouadoud Kharbouch, a souligné que le partenariat avec les associations ne saurait se réduire à un dispositif technique ou exécutif. «Il s'agit d'un levier structurant pour faire émerger un modèle de développement reposant sur la participation, l'équité territoriale et l'ancrage des valeurs de solidarité.» Les rapports présentés affirment que ce partenariat, en constante évolution, s'inscrit désormais dans une perspective de long terme où les associations sont appelées à devenir des actrices à part entière du contrat social.