Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président américain bouleverse les acquis de l'ordre économique mondial en mettant à exécution ses promesses électorales. Des bouleversements qui ne manqueront pas d'influencer le comportement des marchés cette année. Le point avec Omar Fassal, responsable de l'investissement à l'international chez CDG Capital, professeur universitaire et auteur de plusieurs ouvrages sur la finance. Finances News Hebdo : Peut-on parler d'une période historique pour l'économie mondiale ? Omar Fassal : Tout à fait. La période actuelle nous rappelle un certain alignement des planètes qu'on a déjà vu auparavant. Rappelez-vous, le Royaume-Uni s'industrialise durant la première partie du 19ème siècle et les Etats-Unis durant sa deuxième partie. Démarre alors une période d'ouverture du commerce international qui s'intensifie jusqu'à la première guerre mondiale. Mais le commerce international ne va réellement s'ouvrir qu'à partir des années 80 avec l'arrivée de Donald Reagan à la Maison Blanche, et Margaret Thatcher au Royaume-Uni. Cet alignement des planètes se matérialise par un changement d'Exécutif similaire aujourd'hui, avec l'arrivée de Trump aux Etats-Unis et Theresa May au Royaume-Uni. J'ajoute que les changements annoncés par Trump sont très profonds et marquent un tournant historique. Il prône le protectionnisme dans un contexte où l'économie américaine se porte plutôt bien, ce qui est inhabituel. La même chose est constatée au Royaume-Uni avec le Brexit. F.N.H. : Les Trumponomics sont un vocable qui devient de plus en plus à la mode dans le milieu économique. Que signifie-t-il ? O. F. : Effectivement, c'est un terme à la mode qui définit les trois piliers de la stratégie de Trump. Le premier repose sur la baisse de la fiscalité. C'est d'ailleurs pour cette raison que le Dow Jones dépasse les 20.000 points, un niveau historique, que les investisseurs justifient par une hausse des bénéfices des entreprises grâce à la baisse de la pression fiscale. Mais cette réforme est dangereuse car les inégalités persistent aux Etats-Unis, surtout que Trump souhaite supprimer le peu de filets sociaux mis en place par l'Exécutif précédent. Le second axe est le programme d'investissement dans les infrastructures qui représente près de 10% du PIB. La taille de ce programme, de plus de 1,5 trillion de dollars, est en fait susceptible de relancer l'inflation et forcer la Réserve fédérale à resserrer sa politique monétaire plus vite que prévu. Il est intéressant encore une fois de constater que ce programme de relance intervient à une période où l'économie se porte bien. Le troisième axe des Trumponomics est relatif au protectionnisme. L'idée est de relocaliser les usines sur le territoire américain. Sur le papier, cette relocalisation est créatrice d'emplois, mais réduit les marges des entreprises à cause du coût du travail. En réalité, la relocalisation ne créera pas autant d'emplois qu'espérés car la robotisation va de plus en plus remplacer la main-d'oeuvre. F.N.H. : Dans ce contexte, quelles sont les classes d'actifs à privilégier en 2017 ? O. F. : Après une année 2016 où les marchés actions américains ont surperformé, particulièrement les petites capitalisations, l'année 2017 sera marquée par une thématique majeure qu'est la «reflation». Il y a quelques années, tout le monde avait peur de la déflation. Or, en Europe et aux Etats-Unis, les prix remontent. Dans cet univers, il faut se positionner sur des actifs qui protègent de l'inflation : Les actions et les commodities, comme l'or, sont à privilégier, alors que les obligations sont à éviter. Concernant les actions, il faut adopter une approche de Value Investing plutôt que de Growth Investing, car les niveaux de P/E sont élevés sur les marchés occidentaux. L'autre recommandation est de réaliser les gains engrangés sur les marchés émergents, en attendant de voir l'impact des orientations de Trump sur la politique monétaire américaine.