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Brexit : «Le résultat du futur accord avec le Maroc dépendra des négociations»
Publié dans Finances news le 04 - 07 - 2016

Jeudi dernier, Londres a appuyé sur le bouton «Out». Quasiment une première dans l'histoire de l'Union européenne. C'est dire que la santé financière du Royaume-Uni est solide, que les Britanniques ont confiance en eux-mêmes et osent s'aventurer en dehors de l'UE. Le choix est-il rationnel ? Les avis sont pour autant partagés. Omar Fassal, responsable du développement de l'investissement à l'inter­national à CDG Capital, revient en détail sur les tenants et aboutissants du Brexit, tout en admettant que pour le Maroc, plus qu'un marché, le Royaume-Uni est un partenaire diplomatique de premier plan sur le dossier de l'intégrité territoriale.
Finances News Hebdo : Globalement, quelle appréciation faites-vous de la sortie du Royaume-Uni (seconde puissance euro­péenne et cinquième puissance mondiale) de l'Union européenne ? Est-ce que vous vous y attendiez au moins ?
Omar Fassal : J'ai été surpris de ce vote, tout comme les marchés financiers. Durant la semaine précédente, les marchés financiers avaient intégré un scénario où le Royaume-Uni se maintenait dans l'Union. Cela se ressentait à travers la hausse des marchés actions et de la Livre sterling. Plusieurs instituts de sondage, indépendants les uns des autres, avaient annoncé une victoire du pour de quelques pour-cents, mais une victoire quand même.
Les marchés financiers sont généralement de bons indicateurs de l'avenir lorsqu'ils sont efficients. Par exemple, les marchés avaient bien anticipé la démission de la présidente du Brésil, Dilma Roussef, en progressant de près de 20%, mais il arrive qu'ils se trompent. Il ne faut pas toujours leur faire confiance les yeux fermés. De même, les instituts de sondage n'ont pas un historique complètement parfait, leurs méthodologies ne sont pas infaillibles.
Lorsque je dis que j'ai été surpris, ce n'est pas parce que les prévisionnistes des marchés et des instituts se sont trompés, mais c'est parce que les électeurs ont voté contre leurs propres intérêts; leur choix n'est pas rationnel. C'est surtout cela qui m'a étonné. Vous savez, même les Grecs qui ont souffert des plans de réforme de la Troïka, et qui étaient vraiment désespérés, n'ont pas osé franchir le pas. Mais en fin de compte, c'est aussi parce que la santé financière du Royaume-Uni est solide, que les Britanniques ont confiance en eux-mêmes et osent s'aventurer en dehors de l'Union.

F.N.H. : A votre avis, comment va se tra­duire cette sortie sur le plan législatif ? La représentativité du Royaume-Uni dans les instances juridiques de l'UE peut-elle prendre fin aussitôt dans les jours qui suivent ?
O. F. : Toute la difficulté du Brexit repose sur le fait qu'il s'agit d'une première. Les statuts de l'Union prévoient en détail l'intégration de nou­veaux membres, mais ils ne prévoient pas la sortie. La sortie se fera à travers l'article 50, qui ouvre aux pays qui l'activent, une période de renégociation de ses conditions d'appartenance à l'Union. Cette période peut se clôturer rapidement si un accord est trouvé, mais elle peut durer jusqu'à 2 ans selon les textes, et même plus si les pays membres auto­risent une exception.
Depuis l'annonce, des marathons de consultations ont lieu à Londres, Paris, Bruxelles et Berlin. Il faut d'abord clarifier les interlocuteurs du côté britan­nique. David Cameron souhaitait rester en fonction jusqu'au mois d'octobre, mais les Européens ont été intransigeants, ils exigent de négocier avec un nouveau Premier ministre. Les candidatures s'organisent du côté des conservateurs, avec l'an­cien maire de Londres, Boris Johnson, qui semble prendre les devants.
Les députés pro-brexit ont avoué, ce qui est tout de même dramatique, qu'il n'y avait pas de plan de sortie déjà prévu. En clair, même eux ont été surpris ! Le gouvernement a créé une cellule pour suivre ce dossier. Il faudra au Royaume-Uni un nouveau Premier ministre, avant d'entamer les négociations pour aboutir à un nouveau sta­tut. Les Européens seront intransigeants et très fermes durant ces négociations. Ils ont prévenu avant le vote : «Dehors c'est dehors», a dit Jean Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

F.N.H. : Depuis l'officialisation du Brexit, les organismes s'adonnent à des prévisions trop alarmistes. Ne pensez-vous pas qu'en l'absence d'un cas précédent, il est difficile de mesurer l'impact de ce choc politique sur l'économie britannique et, du coup, ces évaluations risquent d'être hasardeuses ?
O. F. : En fait, à l'issue de la période de négo­ ciation, il y a plusieurs issues possibles. Le statut du Royaume-Uni se rapprochera-t-il du partena­riat développé avec la Norvège qui fait partie de l'espace économique européen, et dispose du coup d'un accès au marché unique des biens, des services, et des personnes ? Vont-ils opter pour le modèle de la Suisse, en adhérant à l'Association européenne de libre-échange et en négociant des accords commerciaux pour certains secteurs? Vont-ils opter pour le modèle de la Turquie en négociant une Union douanière ? Ou un modèle canadien avec un accord de libre-échange ? Vont-ils opter dans un élan souverainiste, pour négocier des accords individuels avec chacun des pays ? Les issues sont multiples, et les pro-brexit n'ont eux-mêmes pas encore tranché.
C'est cet éventail de possibilités qui explique les incertitudes sur les prévisions dont vous parlez. Les études montrent que le PIB britannique devrait reculer de 3% à 9% d'ici 2020; vous remarquerez que la plage est très large car, justement, il y a énormément de portes de sortie possibles.

F.N.H. : Dans la même foulée, suite à ces prévisions alarmistes et surtout à la baisse des marchés actions européens, asia­tiques... le risque d'une crise financière ne plane-t-il pas sur l'économie mondiale ?
O. F. : Les marchés financiers ont été pris à revers, ce qui a amplifié la volatilité attendue. Les marchés actions ont reculé partout. Ce qui est intéressant à noter, c'est que les marchés italiens et espagnols ont plus perdu par exemple que le marché bri­tannique. Le marché des changes fut également très volatil avec un repli de la Livre sterling et de l'Euro, ainsi qu'une progression du Dollar et du Yen japonais considérés comme une valeur refuge. Les taux ont baissé sur la dette britannique, ce qui semble confirmer que les marchés ne remettent pas en cause les finances publiques britanniques. Mais ils devraient augmenter les jours qui viennent, lorsqu'à mon avis la note britannique sera dégradée de quelques crans par les agences de notation. Les spreads des Etats européens se sont accentués par rapport aux pays du coeur tels que l'Allemagne. Ce sont surtout les actions bancaires qui ont été attaquées; leurs pertes sont en moyenne 2 à 3 fois plus importantes que celles des marchés actions hors secteurs bancaires. Certaines banques enre­gistrent des replis de -20%.
Pour l'instant, le risque d'une crise financière est contenu car les acteurs s'étaient préparés. Les banques de la City ont organisé une nuit blanche pour traiter les flux transactionnels, Euronext a renforcé son infrastructure pour faire face à une hausse de la volumétrie, les principales banques centrales (Etats-Unis, Royaume-Uni, Eurozone, et Japon) s'étaient rencontrées précédemment pour coordonner leurs actions en cas de crise de liqui­dité. Tant que les marchés sont liquides et qu'il n'y a pas de gel, tant qu'il n'y a pas de hausse majeure des défauts de paiement pour fragiliser la solvabilité des organismes financiers, je ne pense pas qu'il y ait un risque majeur à l'horizon.
Ce qui m'inquiète plutôt en termes de crise financière majeure, c'est la persistance des taux d'intérêt à un niveau trop bas, voire négatif dans certains cas. Les marchés des capitaux ne peuvent pas fonctionner normalement dans ces conditions. Plusieurs organismes financiers peuvent faire défaut sur leur engagement et initier la panique: des difficultés sur des produits financiers gérés par des assureurs, des banques, ou des sociétés de gestion dont le rendement est garanti; des diffi­cultés sur des fonds monétaires à capital garanti...

F.N.H. : Au cas où Londres serait fragilisée économiquement, elle pourrait redéfinir les priorités de sa politique étrangère. Cela ne risque-t-il pas de se traduire par un retour­nement de tendance des partenaires moins riches, y compris le Maroc, vers d'autres plus riches (pays du Golfe) ?
O. F. : Non, cette idée a été formulée par un thinktank britannique, dont certains membres avaient même prédit que le Brexit ne passerait pas; c'est vous dire qu'il s'agit là simplement d'une opinion. Cette logique s'appliquerait à un pays en voie de développement qui a besoin de capitaux : il se détournerait d'un partenaire importateur de capital tel que le Maroc, pour aller en chercher ailleurs chez les pays du Golfe. Ce n'est pas le cas du Royaume-Uni, premier pays industrialisé de l'histoire qui exporte du capital. Les entreprises britanniques sont intéressées par le développe­ment en Afrique, et le Maroc représente une porte d'entrée idéale. La Bourse de Londres a accueilli, il y a moins de deux mois, la première édition de la conférence «Morocco, Your Footprint in Africa» avec la participation des plus hautes instances diplomatiques marocaines et d'acteurs financiers majeurs. Il y a des opportunités réelles à dévelop­per ensemble sur le long terme.

F.N.H. : A votre avis, un pays comme le Maroc peut-il voir dans la Grande Bretagne un nouveau marché indépendant de toutes les restrictions et lobbies européens mis en place ou, au contraire, être victime d'une redéfinition des accords par le Royaume-Uni (se traduisant par une hausse des tarifs douaniers) ?
O. F. : Vous savez, lorsque Marco Polo, un mar­chand italien du XIIIème siècle effectuait son épo­pée pour se rendre en Chine, il était porteur de messages pour le Pape. Depuis des siècles, les marchands sont des ambassadeurs itinérants de leurs pays. Ils n'échangent pas simplement des marchandises mais des idées et des messages. Le Royaume-Uni est un membre de droit dans le Conseil de sécurité de l'ONU qui dispose du droit de véto. Je ne vois pas simplement dans le Royaume-Uni un marché, mais un partenaire diplomatique de premier plan sur le dossier de notre intégrité territoriale qui concerne tous les Marocains.
Il y aura une négociation d'un contrat de libre-échange avec le Royaume-Uni, mais il est encore trop tôt pour évoquer ses modalités, car tout dépendra de la nouvelle nature du lien qui sera établi entre Londres et Bruxelles à l'issue du Brexit. Le résultat de notre futur accord avec le Royaume-Uni dépendra des négociations. Avec des Anglais réputés pour leur pragmatisme, nous devrons être au rendez-vous.


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