Zhor El Hor, à lépoque membre de la Commission royale consultative de la révision de la Moudawana, est actuellement présidente du tribunal de première instance d'El Fida Derb Soltane à Casablanca. Du haut de son poste, cette militante reste très attentive aux problèmes de la femme et de la famille et est très soucieuse de la bonne application du nouveau code de la famille. Portrait de cette pionnière dans le domaine judiciaire. Ce nest pas à tous les coins de rue quon rencontre des femmes présidentes de tribunal. Pourtant, pour la seule que nous connaissons, Zhor El Hor reste très accessible vu la sensibilité de son poste et les soins quelle accorde au bon fonctionnement de sa Cour. Avant dintégrer le corps judiciaire en 1977, Zhor El Hor a enseigné la langue arabe pendant dix années. Une période durant laquelle elle sest découvert une vocation pour le travail associatif et a même rédigé des articles pour la presse sur les phénomènes sociaux, les problèmes de la femme Un back ground qui lui a été très utile dans son nouveau métier de juge. Sa première affectation a été pour la ville dEl Jadida. «Il y a 27 ans, les choses étaient différentes daujourdhui. El Jadida était une ville où à lépoque la femme nétait pas perçue comme un être indépendant à même de prendre des décisions. Alors, imaginez la réaction des gens qui découvraient un juge femme. Certains préféraient laisser tomber leurs affaires au lieu quune femme se prononce là-dessus. Dautres parlaient à mon greffier au lieu de sadresser à moi directement », se souvient Zhor El Hor. Il fallait dès lors faire ses preuves, redoubler defforts pour saffirmer et changer les mentalités. Zhor navait pas droit à lerreur. Un pari gagné pour notre magistrat qui, au bout de trois ans de service, sest vu sollicitée pour statuer sur plusieurs affaires. Elle a par la suite bien roulé sa bosse entre la Chambre sociale du Tribunal de Casablanca et celle de la Cour Suprême où elle a travaillé sur les dossiers des accidents de travail et des conflits entre employés et employeurs. Cest à cette époque précise quelle entre en contact avec des affaires sur le statut personnel. En 1995, uvrant dans une association de soutien à lenfant et à la famille présidée par SAR la Princesse Lalla Hasna, Zhor El Hor va travailler avec ses collègues sur lorganisation dune conférence à propos des droits des enfants issus dun divorce. « À lépoque, il était délicat de parler des droits de la femme, alors nous avons essayé de toucher les problèmes de la femme par le biais des enfants issus des divorces ». Les recommandations à lissue de cette rencontre représenteront les premiers jalons du nouveau code de la famille, dans lequel Zhor El Hor sest beaucoup impliquée. Un après lentrée en vigueur de ce code, quel bilan fait-elle ? «Le nouveau code est perfectible, il y aura toujours des choses à améliorer. Le plus important est de veiller à sa bonne application conformément au but initial du respect de léquité, de la justice et de la dignité du citoyen, quil soit homme ou femme pour aboutir à une famille stable. Globalement, le bilan est très positif ». Mais, comme le note Zhor El Hor, la loi à elle-seule ne suffit pas. Léducation, les médias et lenseignement ont un rôle important dans linstauration des valeurs de respect de la dignité de la femme.