Le secrétaire d'Etat adjoint pour le Moyen-Orient, David Schenker, estimant l'arbitraire arrestation de la journaliste et blogueuse, Esraa Abdel-Fattah, de « scandaleuse » a déclaré mardi avoir demandé à l'Egypte de la libérer. Esraa Abdel-Fattah, 41 ans, est connue pour avoir été l'une des fondatrices du « Mouvement du 6 avril » en 2008, à l'origine de la mobilisation de millions d'Egyptiens lors de la révolte de 2011, ayant provoqué la chute d'Hosni Moubarak. Elle a été arrêtée en octobre dans le cadre d'une vaste opération lancée le 26 septembre par le parquet égyptien contre 1000 personnes (dont des étrangers) « soupçonnées » d'avoir participé à « des manifestations illégales ». Son avocat, Mohammed al-Baqir, et le blogueur Alaa Abdel Fattah font partie des éminents militants arrêtés. La porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, avait déclaré à l'issue du lancement de ladite opération, dans un communiqué de presse, que le gouvernement égyptien avait procédé à l'arrestation massive de journalistes, d'avocats et d'hommes politiques lors des manifestations les 20 et 27 septembre, contre le président Abdel Fattah al-Sissi. En outre les arrestations ont touché un nombre de personnalités connues pour leurs activités au sein de la société civile. L'avocat Mohammed al-Baqir et Alaa Abdel Fattah, ainsi que la journaliste Esraa Abdel-Fattah sont accusés, après coup et avoir goûté à la « paille » des geôles égyptiennes, de « collaborer avec une organisation terroriste », de « diffuser de fausses nouvelles » et de faire un « mauvais usage des réseaux sociaux ». Ils risquent une peine de vingt de prison, au moins. Le haut responsable américain, David Schenker, a expliqué lors d'une audition parlementaire avoir évoqué le cas de la militante la semaine dernière avec l'ambassadeur égyptien à Washington. « Je l'ai rencontrée à plusieurs reprises. Je pense que c'est scandaleux », a-t-il dit au sujet de l'arrestation de la militante mi-octobre. « C'est quelque chose de très important pour l'administration » de Donald Trump, a-t-il ajouté. « Nous en avons parlé. » David Schenker a également réitéré que Washington appelait Le Caire à autoriser les manifestations pacifiques interdites en vertu d'une loi adoptée en 2013. Selon plusieurs organisations de défense des droits de la personne, environ 3000 personnes ont depuis, été arrêtées en Egypte. C'est le coup de filet le plus vaste jamais enregistré depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2014.